Le ministère israélien des Affaires étrangères a publié samedi soir une explication inhabituelle dans laquelle il attaque sévèrement le gouvernement norvégien pour son rôle négatif au Moyen-Orient – et explique ce qui a motivé la décision prise par le ministre Israel Katz jeudi dernier. Cela vient en réponse à la « campagne de diffamation » menée par la Norvège et aux critiques internationales qui en ont résulté contre Israël.
Rappelons que la Cour suprême a confirmé l’annulation du statut de huit diplomates norvégiens qui siègent à l’ambassade de Norvège à Tel-Aviv, mais qui traitent avec l’Autorité palestinienne. Il s’agissait d’une mesure de sanction pour la reconnaissance unilatérale par la Norvège d’un État palestinien, avis qu’Oslo a porté devant la Cour pénale internationale de La Haye.
La Norvège a averti que la révocation du statut était une « mesure extrême » qui aurait des conséquences sur sa « relation » avec le gouvernement Netanyahu. En coulisses, la Norvège a travaillé pour que les pays du monde entier publient ses condamnations de la décision israélienne – et c’est pourquoi une annonce inhabituelle a été publiée samedi soir par le ministère israélien.
Le ministère des Affaires étrangères a notamment précisé :
« Israël agit conformément aux accords intérimaires concernant les modalités de représentation avec l’Autorité palestinienne », a déclaré le ministère israélien des Affaires étrangères. « La politique du gouvernement norvégien à l’égard d’Israël, depuis les attaques brutales du Hamas, du Hezbollah, de l’Iran, des Houthis et d’autres, est extrême, unilatérale et anti-israélienne. Le gouvernement norvégien – qui a choisi la semaine dernière encore de soutenir les procédures contre Israël à La Haye, a reconnu un État palestinien. Aujourd’hui encore, exactement dix mois après le plus grand massacre de Juifs depuis l’Holocauste, il refuse de déclarer le Hamas organisation terroriste – il a perdu la confiance d’Israël et son rôle particulier depuis l’Accord d’Oslo. »
Le ministère ajoute :
« Cette politique extrême du gouvernement norvégien l’empêche de continuer à être un partenaire dans les négociations ou les activités avec Israël sur la question palestinienne. »
Le ministère a conclu sa déclaration en précisant que
« L’unilatéralisme n’est pas le moyen d’influencer ce qui se passe dans notre région, et ce n’est certainement pas le moyen de promouvoir une chance de négociations pour une paix réelle. Israël continuera de respecter le droit international et ses lois, obligations, mais il continuera à se défendre et continuera à œuvrer pour un avenir dans lequel les enfants de tous pourront vivre en paix. »
J’avoue être très surpris par les propos du ministère, et avoir du mal à les comprendre, s’agissant précisément d’Oslo, qui porte le nom des accords qu’il a supervisé.
La Norvège a joué un rôle clé de facilitateur et de médiateur dans les accords d’Oslo, même si elle n’était pas signataire ou garante au même titre que les parties principales, elle les a approuvés, et le ministère aurait dû la rappeler à l’ordre à ce sujet.
La décision de la Norvège de reconnaître un Etat palestinien est en opposition frontale avec ces accords d’Oslo, qui stipulent précisément qu’aucune des parties n’apportera de modification au statut des territoires contestés ou aux droits des parties, sans le consentement préalable de l’autre partie.
L’un des principaux paragraphes traitant de la question des changements unilatéraux se trouve à l’article XXXI de l’accord d’Oslo I (également connu sous le nom de Déclaration de principes sur les arrangements intérimaires d’autonomie), signé en 1993.
Voici le texte de l’article XXXI de l’accord d’Oslo I :
Article XXXI – Clauses finales
- Les accords entre les parties ne peuvent être modifiés ou amendés que d’un commun accord entre les parties.
- Les dispositions des accords ne peuvent être modifiées que d’un commun accord entre les parties.
- Les parties n’apporteront aucune modification au statut des territoires contestés ou aux droits des parties, sans le consentement préalable de l’autre partie.
La reconnaissance d’un Etat palestinien modifie le statut des territoires puisqu’elle les attribue aux Arabes. La décision a été prise sans le consentement préalable d’Israël.
Conclusion
Si vous êtes propriétaire de votre appartement, qu’un squatteur en prend possession et affirme qu’il en est le propriétaire, et si vous ne présentez pas votre titre de propriété au juge pour prouver votre droit, ne venez pas pleurer si vous perdez votre appartement.
C’est exactement ce que fait Israël depuis des années, chaque fois qu’un pays reconnaît un Etat palestinien.
Lorsqu’un des pays qui a approuvé et soutenu les accords d’Oslo – je parle des Etats européens, des Etats-Unis, de l’UE et de l’ONU, et bien entendu de la Norvège – prend des mesures qui sont en contradiction avec les principes ou les résultats de cet accord qu’il a approuvés, Israël a le devoir de le lui dire.
Par exemple, quand la Norvège reconnaît la Palestine tout en soutenant les accords d’Oslo, sa décision est incompatible avec l’intention des accords et les accords eux-mêmes, et sa reconnaissance affecte non seulement le processus de paix ou les négociations inscrits dans les accords, mais la légitimité de cette reconnaissance.
Et si Israël ne dit rien, qu’il ne vienne pas pleurer que la Norvège est « est extrême, unilatérale et anti-israélienne ».
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
Merci pour ce long reportage qui comporte des passages très interessants et éclairants.
Ainsi en est il de la rencontre du Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken avec le Pdt israelien Isaac Herzog dont vous nous avez fourni la totalité de l’entretien.
Ainsi également en est il de la déclaration des Affaires étrangères d’Israel à l’intention des diplomates norvégiens : bravo pour la fermeté des propos et pour la pertinence du commentaire signé JPG.