En janvier dernier, lorsque le président Trump a proposé ce que tout le monde a considéré comme un très mauvais accord sur les otages, j’ai rappelé qu’Israël n’a pas obtenu les succès promis par Benjamin Netanyahou tout au long de l’année 2024, lorsqu’il s’opposait aux ultimatums de l’administration Biden.
- Il n’y a pas eu de récupération des otages,
- il n’y a pas eu de démantèlement du Hamas,
- il n’y a pas eu d’empêchement du Hamas de se reformer,
- il n’y a pas eu de rétablissement de la sécurité pour les habitants de la région frontalière,
J’ai expliqué pourquoi le président Trump, le plus grand et plus puissant ami d’Israël que le monde a jamais eu, a imposé un mauvais accord au Premier ministre Netanyahou. J’ai écrit :
« Donald Trump a compris que Netanyahou n’est pas plus capable aujourd’hui qu’hier de vaincre l’Etat profond israélien, donc que la guerre ne pourra que s’éterniser. Le Hamas recrute, et ne subit pas assez de pression pour libérer les otages. A ce point, Trump a sans doute conclu que continuer sur cette voie ne produira que les mêmes résultats, et a donc poussé le Premier ministre israélien à accepter sa défaite. »
- Nous sommes le 28 septembre 2025. Pas une ligne de ce que j’écrivais en janvier n’est à retirer. Je n’ai pas de boule de cristal. Trump non plus. Mais du bon sens, il en a. Moi aussi.
Aujourd’hui :
- Il n’y a pas eu de récupération des otages,
- il n’y a pas eu de démantèlement du Hamas,
- il n’y a pas eu d’empêchement du Hamas de se reformer,
- il n’y a pas eu de rétablissement de la sécurité pour les habitants de la région frontalière,
Les raisons d’être furieux du plan de Trump en 21 points ne manquent pas. Les raisons de lui en vouloir pour avoir dit qu’il n’autoriserait pas Israël à annexer la Judée Samarie non plus.
Tout le monde est furieux, moi aussi. Mais furieux contre qui ? C’est si facile d’accuser l’autre, d’accuser Trump : trahison, agent du Qatar, mépris d’Israël, etc. C’est le réflexe naturel de tout homme, que d’oublier de se regarder dans la glace : « je ne suis responsable de rien, c’est tout la faute à Trump. »
- La faute à Trump si après avoir libéré les armes bloquées par Biden, Tsahal n’a quand même pas écrasé le Hamas ?
- La faute à Trump si le remplacement du chef d’Etat-major Herzi Halevi et du ministre de la Défense Yoav Gallant n’ont apporté aucun changement sur le terrain à Gaza ?
Les commentateurs de droite disent tous en cœur que le plan de Trump en 21 points est une capitulation totale. C’est vrai !
Mais qui a capitulé ? Je sais, c’est dur à admettre, surtout pour les analystes de droite et les pro-Bibi… mais la vérité difficile est que c’est Netanyahou qui a capitulé. Devant l’Etat profond israélien.
Le plan de Trump existe parce que Netanyahou a échoué. Regardez les choses comme vous voulez, la réalité est là, dure : l’échec des objectifs du Premier ministre n’est pas sujet à interprétation.
Pendant près de deux ans, Netanyahou a laissé Tsahal traîner les pieds
- Au lieu de faire pression maximum sur le Hamas pour faire libérer les otages, ils ont apporté une aide humanitaire.
- Au lieu de les écraser, ils ont jeté des tracts pour prévenir des bombardements.
- Au lieu d’installer la population dans un endroit préparé pour ça, et de lui interdire de bouger, ils les ont déplacés d’un coin à l’autre, par humanité, pour leur permettre de rentrer chez eux, facilitant à chaque fois les déplacements des combattants du Hamas infiltrés parmi eux.
- Au lieu d’exhiber les prisonniers du Hamas en petite culotte, et de diffuser largement les images sur les réseaux sociaux, comme les soldats ont eu la bonne idée de le faire au début, ils ont sanctionné les soldats et interdit d’humilier l’ennemi.
- Au lieu d’exiger des preuves sur l’état de santé des otages, la preuve que les médicaments leur parvenaient, ils ont libéré des Gazaouis qu’ils avaient probablement arrêtés par erreur sans rien exiger en échange.
- Au lieu d’empêcher les agents du Hamas de s’emparer de l’aide humanitaire et la détourner, ce qui leur a permis à la fois de s’enrichir en la revendant, et de conserver leur emprise sur les habitants de Gaza, ils les ont laissé faire pour ne pas les offenser.
Donald Trump a exhorté Netanyahou à régler rapidement le problème de Gaza
De l’investiture de Trump le 20 janvier 2025 à la mi-septembre 2025, Trump a exprimé à plusieurs reprises sa frustration face à la guerre en cours entre Israël et le Hamas, pressant le Premier ministre Benjamin Netanyahu de conclure plus rapidement les opérations.
Trump a critiqué la lenteur et a laissé entendre que sous sa direction directe, le conflit aurait pris fin beaucoup plus tôt. Netanyahou n’a pas été en mesure de réagir, bloqué qu’il l’est pas les refus de Tsahal d’exterminer les monstres du Hamas, comme il fallait le faire.
- 30 octobre 2024
A Mar-a-Lago, pendant une réunion avec Netanyahou, Trump a souhaité qu’Israël mette fin à la guerre à Gaza avant son retour au pouvoir s’il remporte les élections.
Trump a publiquement confirmé avoir demandé à Netanyahu de « gagner rapidement la guerre », en fixant un délai à cette demande.
- 10 février 2025
« Si tous les otages ne sont pas libérés samedi à midi, je pense que ce sera le moment opportun. Je dirais : annulez tout, et que l’enfer se déchaîne [sur le Hamas]. »
Mais l’enfer ne s’est pas déchaîné contre le Hamas.
- 7 mars 2025
J’envoie à Israël tout ce dont il a besoin pour mener à bien sa mission, aucun membre du Hamas ne sera en sécurité.
- 7 avril 2025
Lors d’une réunion avec le Premier ministre israélien, Trump déclare : « Je voudrais qu’il en finisse avec Gaza cesse et je pense que cela arrivera relativement bientôt. »
- 20 mai 2025
« [Trump] veut qu’il [Netanyahu] boucle toute cette affaire. »
- 25 juillet 2025
« Finissez le travail : Israël doit se débarrasser du Hamas. On en est arrivé à un point où il faut finir le travail. Ils vont devoir se battre, et ils vont devoir faire le ménage — vous allez devoir vous débarrasser [du Hamas]. »
…/…
« Le Hamas ne veut pas vraiment conclure un accord. Je pense qu’ils veulent mourir, et c’est très grave. … On en est arrivé à un point où il faut finir le travail. »
- 27 juin 2025
« Trump a poussé Netanyahu à finir la guerre à Gaza. » Les conseillers ont insisté sur la nécessité de capitaliser sur les récentes victoires militaires [il parle de la guerre de 12 jours contre l’Iran] pour conclure rapidement le conflit à Gaza et étendre les accords d’Abraham.
- 8 juillet 2025 – Deuxième réunion à la Maison-Blanche avec Netanyahou en 24 heures, axée sur les négociations de cessez-le-feu
« La campagne d’Israël dans l’enclave palestinienne n’est pas terminée… Ils doivent encore achever le travail à Gaza. »
Et ne voyant rien venir, le 23 septembre, Trump déclarait à la tribune de l’ONU :
« Nous devons immédiatement mettre fin à la guerre à Gaza. Nous devons y arriver. Nous devons négocier la paix. Nous devons récupérer les otages. Nous voulons que les 20 [otages vivants] soient libérés. »
C’est dur à entendre, mais si le Premier ministre Netanyahou avait atteint ses objectifs, ou une partie sigificative d’entre-eux, le plan de Trump n’aurait pas lieu d’être.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org
