Admirable titre du Figaro, censé déclencher émotion et outrage.
« Une pelleteuse contre la maison d’un fleuriste : la police israélienne a évacué dans la nuit de mardi à mercredi une famille palestinienne et détruit leur résidence dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, où les habitants s’opposent à des projets d’implantations juives.»
A contraster avec la sobriété inhabituelle du Monde.
« Le cas des Salhiya [la famille en question] est pourtant distinct, isolé, plus ambigu… Ils s’y sont installés après 1948. Chassés de leur quartier d’Ein Karem, dans la partie israélienne de Jérusalem, ils affirment avoir obtenu l’accord des Husseini, puis avoir racheté la maison. Ils demeurent cependant incapables de le prouver.” La justice israélienne, bonne fille, les a laissés épuiser tous les recours avant que la Cour Suprême n’autorise la mairie à raser le bâtiment.
Il est intéressant de noter qu’en 1851 soit une centaine d’années avant l’arrivée des Salhiya, la communauté séfarade de Jérusalem avait choisi l’endroit pour y construire des habitations à l’usage de quelques pauvres familles juives.
Le nom donné à ce modeste faubourg avait été Shimon Hatsadik – Shimon le Juste – la tombe de ce sage talmudique vénérée étant réputée se trouver à proximité. Après la publication du plan de partition voté par l’ONU en 1947, prévoyait la création d’un état arabe –personne ne parlait alors d’Etat palestinien – à côté de l’Etat juif, les habitants du quartier sont harcelés par des bandes venant de Sheikh Jarrah, un village voisin.
Les anglais, qui sont toujours en place, leur conseillent de prendre la fuite, mais ils refusèrent dans un premier temps de quitter ce quartier où ils vivaient depuis un siècle.
C’est un effroyable massacre qui leur a fait changer d’avis.
- Le 13 avril 1948, avant même la déclaration de l’indépendance d’Israël les « forces arabes de Jérusalem» embusqués dans le village arabe s’en prennent au convoi humanitaire conduisant médecins, infirmières et autres personnels médicaux ainsi que de l’approvisionnement à l’hôpital Hadassah du Mont Scopus.
- Des douzaines de corps non identifiés, brûlés au-delà de toute possibilité d’identification furent enterrés dans une tombe commune au cimetière Sanhedria.
- L’attaque entraina la fermeture de l’hôpital, dont le personnel fut évacué sous bonne escorte britannique.
Dès la proclamation de l’Etat d’Israël, les armées de cinq pays arabes lancèrent une attaque concertée pour l’annihiler.
- La légion arabe de l’Emir Abdallah de Transjordanie occupa les territoires destinés à l’Etat arabe, y compris une partie de Jérusalem, ville qui aurait dû être internationalisée.
- Abdallah se proclama roi, annexa les territoires qu’il venait d’occuper et la Transjordanie devint la Jordanie.
- Des arabes prirent possession des maisons juives de Shimon Hatsadik et ce quartier fut incorporé à Sheikh Jarrah.
On en serait encore là si le roi Hussein, petit-fils d’Abdallah, n’avait pas attaqué Jérusalem le 5 juin 1967.
- L’armée israélienne a repoussé ses troupes au-delà du Jourdain et le quartier disputé s’est retrouvé sous l’autorité d’Israël.
C’est de la vieille histoire, direz-vous. Rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui. Les squatters arabes sont aujourd’hui devenus les victimes, et les ayant-droits dépossédés, traités de colons.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.