Si la communauté internationale et Joe Biden sont satisfaits du cessez-le-feu, c’est qu’il ne vaut pas le papier sur lequel il a été écrit, c’est aussi dramatique que ça.
L’histoire humaine a montré que la paix n’est certes pas chose facile à atteindre, mais ce n’est jamais en offrant un cessez-le-feu au perdant qu’on la gagne ! Remporter la victoire, ça s’obtient en écrasant la tête de l’ennemi sous sa botte lorsqu’il est à terre et vaincu, jusqu’à ce qu’il supplie pour sa vie, accepte sa défaite, dépose les armes et se soumette. Et en obligeant l’ennemi à céder des territoires pour bien signifier, au-delà de toute déclaration, qui a gagné et qui a perdu.
L’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban constitue une avancée indiscutable à court terme : depuis mercredi 4 heures du matin, les alertes rouges ont cessé, les roquettes et les drones sont restés dans les hangars, bien cachés pour la prochaine fois. Ce n’est pas la paix, ce n’est pas la sécurité à long terme, et le Hezbollah a bien raison de célébrer sa victoire, et ce pour plusieurs raisons :
- Le cessez-le-feu est prévu pour une période initiale de 60 jours, au cours de laquelle les deux parties sont censées retirer leurs forces et mettre en œuvre des mesures de sécurité. J’ai peu de doute que le Hezbollah rompe son accord, ce n’est pas son intérêt, contrairement aux cessez-le-feu précédents, qui ont été violés, mais dans un contexte où l’organisation terroriste n’avait pas perdu 80 % de ses capacités.
- L’accord repose sur le déploiement par l’armée libanaise de 10 000 soldats dans la zone tampon. Toutefois, aucun doute n’existe sur cette armée : ils sont totalement incapables de faire respecter quoi que ce soit – sans quoi elle l’aurait fait depuis longtemps. L’armée libanaise est une armée fantoche d’un pays de cocagne dirigé par des politiciens idéologiquement corrompus – sans quoi ils se lèveraient et déclareraient la paix avec Israël : l’état de guerre n’a aucun sens.
- Le paysage politique libanais est si complexe – ils ne parviennent même pas à se trouver un président – qu’on se demande bien qui aura assez de légitimité pour diriger cette armée de manchots impuissants.
- Israël n’a pas exigé du Hezbollah qu’il reconnaisse la simple réalité qu’il a été l’agresseur, le 8 octobre 2023, lorsqu’il a déclenché son attaque contre Israël, et l’Etat juif fait l’erreur de lui permettre de continuer à vivre sur le fantasme d’une « entité sioniste » agresseur, et de surfer sur les mensonges et le narratif délirant qu’il se raconte à lui-même. Israël a encore raté ce moment historique, qui lui aurait permis d’engranger une légitimité méritée auprès de la population libanaise, pour le cas où il doive répondre « de manière décisive » comme disent les accords, à toute violation de la part du Hezbollah.
- Le Hezbollah est toujours là : Bien que l’accord exige que le Hezbollah se retire au nord du fleuve Litani, qui va vérifier ? Qui va faire appliquer ? Le groupe terroriste reste la première force du Liban, tant sur le plan militaire que politique, son désarmement complet ne fait pas partie de l’accord, et quand bien même, je suis certain – vous aussi – que la logistique de l’Iran pour lui livrer des armes est déjà à l’œuvre.
Bien que le cessez-le-feu soit une étape positive vers la désescalade, ces facteurs mettent en évidence les erreurs et les lacunes du gouvernement Netanyahou, qui s’est montré bien plus efficace sur le chemin de la guerre que celui de la paix.
Si quelqu’un espère qu’il sortira de ce cessez-le-feu une paix et une sécurité durables pour Israël, il se met le doigt dans l’œil.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org