83% des Israéliens arabes et 64% des Israéliens juifs ne se sentent pas en sécurité, selon un sondage de l’Institut israélien pour la démocratie (IDI). Et le chef de l’opposition Benjamin Netanyahou mène maintenant une campagne alléguant que le gouvernement Bennett ne parvient pas à faire face à la menace terroriste.
La grande majorité des Israéliens juifs et arabes sont plus pessimistes sur la situation sécuritaire d’Israël qu’ils ne l’ont été depuis des années, selon un nouveau sondage réalisé à la suite de la série d’attaques terroristes meurtrières à la fin du mois dernier.
Le sondage*, publié lundi par l’Institut israélien pour la démocratie, révèle les faits suivants :
- 66 % des Israéliens juifs et 70 % des Israéliens arabes se disent pessimistes quant à la situation sécuritaire d’Israël dans un avenir prévisible.
- 83% des Israéliens arabes et 64% des Israéliens juifs ne se sentent pas ou peu en sécurité.
- Seuls 16% des Israéliens arabes et 33% des Israéliens juifs ont déclaré se sentir en très grande ou assez grande sécurité personnelle.
A la question de savoir s’ils pensaient que les Arabes israéliens soutenaient le terrorisme :
- 40% des Israéliens juifs ont répondu que seule une minorité d’Arabes israéliens soutenait les attaques terroristes et
- 31% ont répondu que la plupart des Arabes israéliens soutenaient le terrorisme.
- Environ 78% de ceux qui se sont identifiés comme politiquement de gauche ont dit qu’ils pensaient que seule une minorité d’Arabes israéliens soutenait le terrorisme, tandis que
- seulement 28% de ceux qui se sont identifiés comme de droite ont dit que c’était le cas.
- La grande majorité des Arabes israéliens (77%) ont déclaré qu’ils pensaient que seule une minorité de leur communauté soutenait le terrorisme.
À la question de savoir s’ils pensent que leur propre communauté est favorable à la perpétration d’attentats contre des Arabes par vengeance :
- la plupart des Israéliens juifs (58,5 %) ont répondu que seule une minorité de leur communauté soutiendrait de tels attentats.
Interrogés sur le rôle que joue le leadership arabe dans la prévention du terrorisme :
- seuls 12% des Israéliens juifs ont répondu qu’ils pensaient que le leadership arabe israélien travaillait activement à prévenir la violence arabe contre les Juifs.
- La majorité des Arabes israéliens (60,5%) ont déclaré qu’ils pensaient que leurs dirigeants prenaient activement position contre le terrorisme arabe.
- La plupart des Arabes israéliens (63%) ont également déclaré qu’ils pensaient qu’il était possible pour les citoyens arabes d’Israël qui se sentent membres du peuple palestinien, d’être également loyaux envers Israël.
- Seuls 28,5 % des Israéliens juifs sont d’accord avec cette notion.
- La plupart des Israéliens juifs (85%) ont déclaré qu’ils pensaient que les peines imposées par les tribunaux pour avoir commis des attaques terroristes étaient trop légères,
- contre seulement 22% des Israéliens arabes.
- La majorité des Israéliens juifs (78%) sont d’accord pour dire que dans la lutte contre le terrorisme, il n’y a pas de place pour les considérations morales et que tous les moyens peuvent être utilisés pour prévenir les attaques terroristes.
- Seuls 19% ont déclaré ne pas être d’accord avec cette affirmation.
Si l’on divise les participants en fonction de leur appartenance politique :
- 85% de ceux qui se considèrent de droite ont dit être d’accord avec l’affirmation qu’il n’y a pas de place pour les considérations morales et que tous les moyens peuvent être utilisés,
- tandis qu’un peu plus de la moitié de ceux qui se considèrent de gauche (51,5%) ont dit être d’accord avec cette affirmation.
- (Une question similaire posée dans le cadre d’une enquête IDI en 2018 a révélé que seuls 38,5 % des Israéliens juifs étaient d’accord pour dire que les considérations morales étaient un facteur non pertinent dans la lutte contre le terrorisme.)
En ce qui concerne l’intégration dans la société israélienne :
- 73% des Arabes israéliens ont déclaré que la plupart des Arabes israéliens veulent s’intégrer dans la société israélienne et en faire partie.
- 21% ne sont pas d’accord.
- Parmi les Israéliens juifs, 53% ont dit être d’accord avec l’affirmation que les Arabes israéliens veulent s’intégrer,
- et 43% ne sont pas d’accord.
En ce qui concerne la possibilité de se séparer du peuple palestinien dans un futur accord qui verrait la création d’un État palestinien :
- 67% des Israéliens arabes
- et 35% des Israéliens juifs ont déclaré qu’il serait préférable que les Juifs et les Arabes en Israël vivent séparément.
- Respectivement, 22% et 59% ont déclaré ne pas être d’accord.
Selon IDI, le niveau de pessimisme concernant la sécurité est le plus élevé depuis deux ans.
Netanyahou, monsieur anti-terrorisme
En conséquence, l’ancien premier ministre mène une campagne dans laquelle il affirme que le gouvernement de changement n’est pas capable de faire face à la nouvelle vague de terreur.
Personne en Israël ne peut surpasser Netanyahou en ce qui concerne l’utilisation du thème de la terreur pour récolter des voix.
D’un autre côté, il y a une chance que la vague actuelle de terreur s’estompe. Le gouvernement Bennett, qui dépend des votes du parti arabe pour la majorité à la Knesset, pourrait traverser le mois de Ramadan sans problème. Dans ce cas, Netanyahou pourrait se voir reprocher par le public d’avoir utilisé des tactiques démagogiques, pour faire peur – chose que la gauche pratique constamment sans que cela ne lui soit jamais reproché, parce que la plupart des médias sont de son bord.
Il est très difficile de prédire quelle sera la dynamique politique au cours des prochains mois. Mais Netanyahou n’a pas l’intention de faire de pause. Il sait que les attaques terroristes fragilisent politiquement Bennett, le parti de droite Yamina, et la coalition. D’un autre coté, c’est un homme rejeté par une majorité d’Israël (il n’a décroché que 6 sièges) qui siège au poste de Premier ministre.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
* L’enquête a été menée par le Viterbi Family Center for Public Opinion and Policy Research de l’IDI entre le 29 mars et le 1er avril, quelques jours après que cinq personnes aient été abattues par un terroriste à Bnei Brak. Cette attaque a suivi une autre attaque à Hadera dans laquelle deux officiers de police ont été tués. Quelques jours auparavant, quatre personnes avaient été tuées dans une attaque combinée à l’arme blanche et à la voiture piégée à Beersheba, ramenant la question de la terreur sur le devant de la scène après presque une année de calme relatif.
L’enquête a été menée en ligne et par téléphone. Il a porté sur 605 hommes et femmes qui ont été interrogés en hébreu et 156 en arabe, constituant un échantillon national représentatif de l’ensemble de la population adulte d’Israël âgée de 18 ans et plus. L’erreur d’échantillonnage maximale pour l’ensemble de l’échantillon était de 3,59%± à un niveau de confiance de 95%.