Dimanche prochain, les Français sont appelés à choisir le nouveau locataire du palais de l’Elysée, ou à renouveler pour cinq ans le bail du locataire actuel.
A l’approche du premier tour, le consulat général près l’ambassade de France en Israël a publié une affichette intitulée «où et comment voter à l’élection présidentielle.»
On y trouve l’adresse des bureaux de vote à Tel-Aviv, Ashkelon, Ashdod, Haïfa, Beer-Sheva et Eilat. Ce qu’on n’y trouve pas, c’est l’adresse du ou des bureaux de vote à Jérusalem, la plus grande ville du pays, qui rassemble par ailleurs le plus grand nombre de détenteurs de la nationalité française. Il ne s’agit pas seulement des binationaux ; il y a aussi les religieux et les religieuses si nombreux dans cette ville sainte.
Pourquoi alors, l’ambassade n’éprouve-t-elle pas le besoin de donner ces importantes précisions à leur égard ? C’est que pour la France, la capitale d’Israël, l’endroit où se trouvent la Knesset, la résidence du président et celle du Premier ministre, ne se trouve pas, elle, en Israël. Non qu’elle se trouve dans un autre pays, non ! Simplement, elle figure à part, en compagnie des territoires palestiniens et de Gaza. D’ailleurs le consulat général de France à Jérusalem ne dépend pas de l’ambassade, et jouit d’une parfaite autonomie ; le consul fait office de représentant de la France auprès de l’Autorité palestinienne et de la Bande de Gaza – mais aussi des communautés religieuses de Jérusalem et de ces régions. Par contre il n’est pas censé avoir de contact avec des officiels Israéliens, cette prérogative revenant à l’ambassade.
Pour en revenir aux élections, selon les informations figurant sur le site du consulat de Jérusalem, le scrutin la semaine prochaine se déroulera dans trois bureaux de vote.
- Le premier, au siège du consulat rue Paul Emile Botta, accueillera les électeurs résidant dans les localités (juives) du pourtour de Jérusalem.
- C’est dans les locaux du lycée français de Jérusalem, rue Haneviim, que voteront les habitants de la ville – juifs et Arabes de la partie orientale comme Occidentale.
- Enfin c’est au Centre culturel franco-allemand – Institut Français de Ramallah – que les Palestiniens de Judée Samarie et de la Bande de Gaza pourront exercer leur devoir de citoyen. Bref, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Bien sûr, dans le texte fort, rédigé par Emmanuel Macron pour le dîner du Crif le 24 février dernier, texte lu par le Premier ministre, le président de la République étant retenu à Bruxelles par une réunion de crise sur l’Ukraine, une phrase avait retenu l’attention :
«Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif. Je n’ai jamais cessé de le dire. »
L’Autorité palestinienne s’en était offusquée, et le consul de France à Jérusalem avait été convoqué à Ramallah pour donner des explications. C’était pourtant assez simple, apparemment. Avec une logique qui aurait sans doute échappé à Descartes, pour la France, si Jérusalem est bien la capitale éternelle du peuple juif, cela ne veut pas dire qu’elle est la capitale de l’Etat juif, ou même qu’elle fasse partie dudit état.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.