Juifs et dommages collatéraux

Au lendemain de l’attentat sanglant contre la synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, Raymond Barre, qui était alors Premier ministre s’était exclamé : «Cet attentat odieux voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic.»

Il s’est par la suite défendu d’avoir voulu dire que les terroristes auraient dû faire attention. Les perpétrateurs d’attentats, c’est bien connu, ne se soucient guère de dégâts collatéraux infligés aux personnes ou aux structures situées à proximité. Ils ne sont hélas pas les seuls. Ainsi, dans le combat que mènent les Etats-Unis contre le terrorisme, il arrive que leurs frappes dites chirurgicales ratissent large et atteignent des «innocents» se trouvant à proximité, et parfois même se trompent de cible. Mais à en croire le chef du Commandement central américain, le général Frank McKenzie, ce qui est permis à la plus grande puissance mondiale serait interdit au commun des nations.

Selon des propos rapportés par le ministère américain de la Défense, le général ultra-décoré qui s’apprête à prendre sa retraite a exprimé sa crainte que ce qu’il appelle pudiquement «les tensions entre Israël et l’Iran» ne mettent en danger les forces américaines en Iraq et en Syrie. Il avait pourtant dit auparavant lors d’un point de presse avec des journalistes qu’il était évident qu’Israël prendrait des mesures pour se défendre lorsqu’il sera confronté aux actions iraniennes, tout en reconnaissant que «l’Iran se voue à la destruction d’Israël.» 

En clair, l’Etat juif a le droit de se protéger contre un pays qui proclame en toute occasion qu’il multipliera ses efforts jusqu’à ce qu’il ait réussi à l’éliminer, et qui s’applique à atteindre ce but par tous les moyens.

L’Iran arme et finance le Hezbollah et forme ses combattants, mais vient aussi en aide au Hamas. Israël, pour sa part, traque les convois chargés d’armes et de munitions transitant par l’Iraq et la Syrie en route vers le Liban. Il lui faut à tout prix empêcher les missiles de haute précision capables d’atteindre n’importe quelle cible du nord au sud du pays, de tomber aux mains de Nasrallah et de son organisation terroriste. 

Pour le général McKenzie, en éliminant ce qui constitue une menace pour sa survie et en provoquant d’éventuelles contre-mesures de la part de l’Iran, Israël mettrait en danger les quelques forces américaines encore stationnées en Syrie et en Iraq – mais pour combien de temps – qui pourraient se trouver atteintes par des tirs ou des explosifs iraniens qui ne leur étaient pas destinés. Victimes de dommages collatéraux pour ainsi dire.

Evidemment, cet ancien marine n’a pas pesé ses mots et n’a pas pensé à un dommage collatéral d’un autre genre. Celui de faire croire à l’opinion publique américaine que ce fidèle allié des Etats-Unis qu’est l’Etat juif, fait peu de cas de la vie des soldats américains, et n’hésite pas à les mettre en danger. 

Un danger, faut-il le répéter, venant de l’Iran.

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

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