Étude : le bronze était produit dans le nord de la Samarie au début de l’âge du Fer

Une nouvelle étude de l’Université de Haïfa fait état de découvertes archéologiques « extraordinaires » à El-Ahwat, une implantation éphémère de l’âge du Fer ancien en Samarie septentrionale, à la lisière des hautes terres centrales d’Israël. Des analyses microscopiques et chimiques des vestiges de production et des résidus de fusion découverts sur le site montrent qu’il ne s’agissait pas de métal recyclé, mais d’un procédé primaire au cours duquel cuivre et étain étaient alliés sur place.

« Il s’agit de la première preuve concluante que du bronze a été effectivement produit dans le pays durant l’âge du Fer ancien — non par recyclage d’objets existants, mais par fusion — et dans une implantation montagnarde périphérique plutôt que dans un grand centre urbain, » a déclaré la Dre Tzilla Eshel de l’Université de Haïfa, qui a dirigé l’étude.

À la charnière de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer, les grands empires de l’est méditerranéen se sont effondrés et leurs réseaux d’échanges se sont disloqués. Ce bouleversement a ouvert des opportunités pour des pouvoirs locaux, dont des groupes contrôlant la production de cuivre dans l’Arabah. L’industrie métallurgique née à cette époque est désormais considérée comme l’un des moteurs de la montée de nouvelles entités politiques, dont les royaumes d’Israël, de Judée et d’Édom. L’étude de la Dre Eshel visait à déterminer si du bronze était produit localement à El-Ahwat et si le site s’intégrait à un réseau commercial régional plus large durant l’âge du Fer ancien.

La recherche s’appuie sur des découvertes mises au jour il y a environ 30 ans lors de fouilles dirigées par feu le Pr Adam Zertal. Le Dr Shay Bar de l’Institut Zinman d’archéologie de l’Université de Haïfa a soumis les objets métalliques à des analyses scientifiques, menées en collaboration avec Yoav Bornstein et Gal Bermatov-Paz de l’École d’archéologie et des cultures maritimes. Des examens détaillés — photographie au microscope, analyses de structure interne et de composition chimique — ont identifié des produits et résidus de fusion en cuivre et en bronze, ainsi que du laitier, sous-produit de la production. Des analyses isotopiques du plomb ont aussi été réalisées pour déterminer l’origine des matières premières.

Selon les résultats, publiés dans PLOS ONE, au moins une partie des gouttelettes métalliques — vestiges solidifiés du processus de fusion — provient d’un alliage cuivre–étain et non d’une refonte de bronze existant. La structure métallique et la composition des inclusions à l’intérieur des objets indiquent une production sous des conditions variables : certaines fusions, peu contrôlées, ont refroidi de façon hétérogène, d’autres lots ont été réalisés avec davantage de précision.

Les tests ont également révélé des traces minérales caractéristiques des minerais de l’Arabah, issus de sources géologiques différentes : certaines correspondent aux minerais cuprifères des mines de Faynan (Jordanie), d’autres à ceux de Timna (Israël). Bien que ces sources partagent une signature isotopique proche, ce qui complique leur distinction, l’analyse métallographique a mis en évidence du manganèse et d’autres éléments propres à Faynan, indiquant que les deux régions approvisionnaient le site en cuivre.

« Les résultats témoignent d’une industrie en développement, non professionnelle » a déclaré la Dre Eshel.

« Les alliages sont de qualité inégale, mais il est clair qu’il y a eu une volonté délibérée de produire du bronze sur place. Cette découverte insolite nous oblige à reconsidérer l’économie et l’organisation sociale de l’âge du Fer. »

Ces résultats révèlent une production métallique organisée dans des régions montagneuses autrefois jugées marginales, ajoutant une dimension nouvelle à notre compréhension des réseaux économiques et sociaux du début de l’âge du Fer. Plutôt qu’un simple recyclage à petite échelle, l’image qui se dégage est celle d’une distribution de matières premières et de capacités technologiques émergentes s’étendant au-delà des grandes villes. Des questions centrales — comme la provenance de l’étain, l’identité des groupes d’El-Ahwat et l’ampleur de leurs réseaux d’échanges — restent ouvertes pour de futures recherches.

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