Critiques américaines : pourquoi ne pas attendre la formation du nouveau gouvernement pour juger ?

Joe Biden - Isaac Herzog

Les Démocrates aux Etats-Unis n’ont pas apprécié la victoire de la droite en Israël.

Certes, cette victoire a été acquise démocratiquement ; certes, le verdict populaire a été sans appel, mais cela ne fait pas taire les critiques outre-Atlantique. Et qu’on ne vienne pas leur rappeler qu’il y a six ans, ils protestaient avec véhémence contre ceux, parmi les Républicains – et ils étaient nombreux – qui contestaient le résultat des élections américaines. Inutile également de souligner qu’une large frange du parti démocrate n’approuvait pas le gouvernement d’union dirigé par Naftali Bennett, puis Yair Lapid, et que le Département d’Etat en condamnait régulièrement les actions. Surtout, inutile de leur demander de patienter.

Le nouveau gouvernement n’est pas encore en place, Netanyahu poursuit ses négociations avec ses alliés, et on ignore encore quels ministères leur seront en fin de compte attribués et quelle sera la politique adoptée. Le bon sens serait donc de laisser la nouvelle équipe se mettre en place et de la juger sur ce qu’elle fait et non sur les déclarations auparavant faites par les uns et les autres. Et on s’attendrait à fortiori à ce que des diplomates et des experts chevronnés fassent preuve de la même circonspection. Cela n’a malheureusement pas été le cas.

Ces deux personnalités appellent à agir sans délai pour sanctionner une politique qui n’existe pas encore

Mercredi 30 novembre, le Washington Post a en effet publié une tribune où l’on peut lire notamment que « Les États-Unis ne devraient plus fournir d’armes offensives ou d’assistance militaire au nouveau gouvernement israélien pour des actions à Jérusalem et sur la Rive Ouest ». Les signataires ? Dan Kurtzer, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Egypte et en Israël, et Aaron David Miller, spécialiste du Moyen-Orient, qui a été par le passé chargé des négociations au sein du Département d’Etat, tant sous l’administration Républicaine que sous l’administration Démocrate. Bref, excipant de leur connaissance des dossiers, ces deux personnalités appellent à agir sans délai pour sanctionner une politique qui n’existe pas encore – en d’autres termes punir par avance le délit d’intention de certains politiciens, alors que rien n’a encore été fait et que rien ne dit que cette intention sera un jour suivie d’effet. Dans un podcast en langue anglaise, le futur Premier ministre Netanyahu a affirmé avec force que lui seul dirigerait la politique du nouveau gouvernement avec son parti Likoud, qui resterait titulaire du ministère de la Défense.

Vous me direz que les deux hommes n’appellent pas à l’arrêt complet de la fourniture d’armes offensives et d’assistance militaire, seulement à cet arrêt pour des actions à Jérusalem et en Judée Samarie. Jérusalem, comme l’a reconnu l’administration Trump, actant une résolution du congrès datant de plus de vingt ans, est la capitale d’Israël, et depuis 2017, l’ambassade américaine y a été transférée. Trois jours avant la publication de la tribune, la ville avait été frappée par deux sanglants attentats ; une jeune Américaine a été blessée.

Une vague d’attentats partis de Judée Samarie a fait de nombreuses victimes en novembre. Est-ce bien le moment de chercher à entraver la capacité de réponse d’Israël ?

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

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