N’ayant pu être présent à cette conférence, je viens de la visionner sur Facebook.
Plusieurs impressions à chaud.
Cette conférence a été organisée par l’institut français à Tel-Aviv. La directrice entrante de cet institut est Ilana Cicurel, ex-députée européenne du parti renaissance (de Macron). Elle a été également animatrice sur Radio RCJ et autre chose à l’AIU, une apparatchik, quoi.
Il y a deux ans, en mars 2023, en qualité de députée européenne, Ilana Cicurel avait appelé Netanyahou à abandonner la réforme judiciaire justifiant cette ingérence pour « sauver la démocratie en Israël ». C’est vrai que pour les choux de Bruxelles, le peuple d’Israël et la démocratie, ça ne va pas ensemble.
Interviewée alors par Paul Ouzi Meyerson de Jcall, on peut écouter ses élucubrations en bas de cette page dans le lien audio.
Après la bérézina du parti Renaissance de Macron aux dernières élections européennes, Ilana Cicurel a été éjectée. Probablement que de cette position, elle s’est faite pistonnée pour diriger l’institut français à TA comme c’est la coutume dans ces milieux.
Cette conférence hier soir (on peut la visionner ici) ainsi que l’identité des intervenants étaient tout à fait dans le sillage de ce que Cicurel avait initié sur Israël au parlement européen, une mise en tutelle de la majorité israélienne pour « préserver la démocratie ». C’est beau le paternalisme !
Cette conférence n’était rien d’autre qu’un d’entre-soi tartuffien pour la « démocratie et le dialogue », ceci alors qu’aucun intervenant israélien n’y a été sollicité à ce dialogue, ni même aucun membre représentatif de l’Alyah de France. Aucun député francophone de la Knesset n’a été invité à y participer. Par exemple, Amihay Chikli, le ministre pour la Diaspora qui est, faut-il le rappeler un fils de l’Alyah de France, son père, Jean-Jacques Chikly est bien connu dans notre milieu. Ou le député Boaz Bismuth du Likoud, ou notre ami Yossi Taieb de Shas, de notre Alyah de France, qui est président de la commission parlementaire pour l’éducation à la Knesset, ne pouvaient-ils pas être sollicités ? Alors moi, représentant francophone du parti Otzma Yehoudit, ils m’auraient enchainé comme King Kong.
La tarte à la crème de cet échange qui n’en était pas réellement un.
En outre, l’aspect négligé des intervenants. Certes on n’est pas tenu de venir en costume trois-pièces et cravate. Ils étaient mal fagotés, mal rasés, hagards comme des taulards, aucun respect pour le public ayant fait le déplacement pour les écouter.
On a la nette impression que l’objectif de cette rencontre était de disqualifier la conférence de la lutte contre l’antisémitisme organisée par le susmentionné ministre Amihay Chikli à Binyanei Haouma. Avoir invité des membres du RN condamnant sans équivoque le Hamas et l’antisémitisme en France, c’est un crime impardonnable et il fallait que la France avec cette conférence d’hier répare cela. La France par ses représentations diplomatiques en Israël vient nous apprendre en quoi consiste la lutte contre l’antisémitisme.
Lorsque le Gouvernement d’Israël a été mentionné, c’était pour lier son évolution vers la droite avec la montée de l’antisémitisme en Europe, une dérive israélienne anti-démocratique selon eux. L’antisémitisme en France et les éléments de droite du Gouvernement d’Israël comme mon ami Itamar Ben Gvir, ce serait la même chose. Aucune voix discordante n’a été entendue, aucun point de controverse. L’unanimité des discours prononcés était sidérante.
Grosso modo, ils ont tous tenu le même discours. Enthoven a confirmé que le prénom de Brutus lui allait à ravir. Le thème de l’antisémitisme a été pour lui une occasion de réitérer sa diffamation sur le Gouvernement d’Israël, par exemple, « Israël mérite mieux qu’un Premier ministre corrupteur ». La majorité des Juifs en Israël n’ont jamais été attirés par le rite païen de s’agiter fébrilement à casser du sucre sur le dos du dirigeant élu par eux. Brutus Enthoven a également implicitement laissé entendre le dédain qu’il a pour les ressortissants français résidant en Israël qui ont majoritairement voté Zemmour aux dernières présidentielles de 2022.
Lors de leurs discours, les intervenants sont restés assis. Dans un accès de narcissisme aigu, de shoufouni yanas comme on dit, Delphine Horsvaleur s’est mise debout pour nous faire un numéro grotesque de linguistique niveau zéro, comme on dit en judéo-arabe, du tkhalwed.
Seulement trois questions ont été posées par le public, la première par un hurluberlu (que je connais) pleurnichant sur le sort de Gaza et le « fascisme » en Israël, et les deux dernières sans intérêt.
Transparentes et inexistantes dans ce panel, la société israélienne et l’Alyah de France, caricaturées et dénigrées, notamment par Joann Sfar avec des chiffres fantaisistes sur l’opinion publique dans le pays. Je voudrais le rencontrer et dialoguer avec lui, qu’on prenne un pot, lui exposer les diverses études et sondages d’opinions, mais il se défile. Il a l’air sympa et concerné, mais autant courir après une chèvre pour lui expliquer la physique quantique. Il ne parle pas hébreu, mais il sait mieux que ceux qui vivent ici depuis des décennies ce que pensent les hébraïsants non francophones. C’est ce qu’il a affirmé sans cligner des yeux dans son intervention.
Si on compare aux précédents événements de ce type organisés par l’ambassade de France et l’institut français, on remarque la dégringolade. Au moins, dans le passé il y avait alors un semblant de dialogue de vouloir s’adresser à un éventail plus représentatif de la société israélienne. Comme nous l’avons évoqué hier, le grand colloque sur la démocratie du 31/05 et 01/06/2010 organisé par l’ambassade de France au même endroit, au théâtre Suzanne Dellal, c’était certes également une manipulation pour nous glisser l’idée d’un Etat Palos. Or, ils avaient au demeurant pris soin d’inviter des représentants de la vie culturelle et politique d’Israël et même quelques personnalités de droite en sous-représentation pour un semblant d’équilibre. Par exemple, le journaliste israélien Ben Dror Yemini y était. Lorsque BHL est apparu et qu’il a été chahuté par nous, c’était dans le cadre d’un débat entre lui et la ministre de la Culture, Limor Livnat du Likoud. Elle avait du répondant et il s’était retrouvé dans l’embarras, pour ceux qui s’en souviennent. A tel point qu’il était énervé et a boudé le public en sortant par la porte de derrière alors que Limor Livnat est sortie du théâtre avec nous tous, sans façon, sans se la jouer.
Hier soir à Suzanne Dellal, ni débat, ni rien. Des gens ont protesté quand l’hurluberlu à qui on a tendu le micro pour la première question a fait sa sortie ahurissante. Tous les intervenants les ont morigénés depuis le haut de l’estrade pour dispenser leur petite leçon de bonne conduite au public.
Si j’avais été présent, j’aurais grimpé sur l’estrade dans la plus pure tradition des militants juifs pour leur faire un petit topo sioniste. J’aurais interpellé la Delphine Horsvaleur:
« Qu’est-ce que tu faisais à France 2 quand Enderlin à diffusé son reportage bidonné, l’Affaire A Dura ? Tu veux parler d’antisémitisme ? Tu es la personne pour le faire ! Tu te trouvais au pôle le plus névralgique pour voir ça de près. Raconte-nous comment c’était de collaborer avec le gars qui a diffusé l’affaire qui est à l’antisémitisme moderne ce que le crime rituel était à l’antisémitisme d’antan: le mythe des Juifs qui exécutent des enfants palestiniens. Raconte-nous Delphine ! Tu peux garder le silence, c’est ton droit, mais dans ce cas, épargne-nous de te la raconter sur l’antisémitisme ».
Ce qui ressort d’un tel évènement, c’est la sensation amère que les Juifs d’ici sont confinés au rôle de toutous, de cerfs, d’imperméables à la démocratie. Leur gouvernement est un ramassis de primates. Seuls les Israéliens opposés à ce gouvernement ont le droit de citer, les « hébraïsants » comme les a qualifiés Joann Sfar pour mieux dénigrer les francophones d’Israël, des « excités » comme il le suggère. Dans ce panel, l’image de l’Alyah de France est la pire. C’est la France qui devrait prendre en charge ces arriérés en faisant venir ces lumières.
Aucune mention au sacrifice énorme en vies humaines que notre communauté a payé dans cette guerre, des héros dans toute l’acception du terme, de gens issus de notre milieu, nos enfants comme Réouven Chicheportiche, Nadav Farhi, Valentin Ghnassia, Ruben Marc Assouline, Yohay Doukhan, Itay Moreno, Eliav Abitbol, Binyamin Eliyahou Elmkayes, Rony Guanizat le fils du cousin de Jean-Pierre Lledo, et tant d’autres que j’oublie. Quand on écrit ces noms, que Dieu venge leur sang selon la formule consacrée par notre Tradition, on a du mal à retenir ses larmes.
La lutte, le combat contre l’antisémitisme ? Voilà ce combat-ci réalisé par ces jeunes là où le sang coule, dans l’œil du cyclone de l’antisémitisme là où il est le plus concentré de la terre, l’antisémitisme abominable exterminateur des djihadistes, des nazislamistes. Ce combat-ci, l’intervenant Denis Olivenne l’a même critiqué dénonçant les « souffrances » à Gaza comme ce qui s’est passé le 07/10. Et les autres intervenants acquiesçant à cette réflexion de Olivenne. Peut-on faire la guerre à l’antisémitisme sans faire souffrir les antisémites ainsi que l’environnement où il pullulent ?! C’est une question trop cornélienne pour la zone de confort dans laquelle sont confinés les intervenants de cette conférence.
© Meir Ben Hayoun


תודה רבה Monsieur Meir Ben Hayoun, je ne sais comment vous remercier pour votre brillant article sur lequel je suis complètement en accord, concernant la conférence organisée par l`Institut français à Tel Aviv et sur laquelle d ailleurs et dés le 17 avril, sur la Tribune Juive, Maitre Johann Habib, Avocat franco-israélien s’en étonnait : Une brochette d’intervenants qui ne représentent qu’eux-memes !
Super article. Merci ! (Signé : un Parisien non-juif hyper-sioniste).