- Depuis trois ans, la violence en Judée Samarie persiste sans aucun signe d’apaisement.
- Elle est alimentée principalement par des groupes terroristes soutenus par l’Iran.
- Les forces israéliennes mènent des raids antiterroristes quasi quotidiens, mais les attaques se poursuivent.
- Les branches du Jihad islamique, des Brigades des martyrs d’Al Aqsa, du Hamas et d’autres groupes armés continuent non seulement d’être opérationnelles, mais elles étendent leur présence.
Le Long War Journal du FDD a décomposé les attaques menées entre le 31 mars 2022 et le 13 juin 2024, comparé aux attaques après le 7 octobre 2023. On est impatient de voir si 8 mois de guerre à Gaza aura intensifié cet enfer1.
Les chiffres les plus marquants révèlent que Katibat Jenin, la branche de Jenin du Djihad islamique, est responsable de la majorité des attaques contre des cibles israéliennes. Le Lions’ Den a également mené un nombre important d’attaques. Toutefois, ce groupe a depuis cessé ses activités à la suite de raids antiterroristes israéliens répétés contre ses dirigeants et ses membres. Le bataillon de Tulkarem des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa a également démontré sa capacité à lancer un nombre substantiel d’attaques, avec un total de 132 incidents enregistrés.
L’infographie identifie 15 groupes, dont beaucoup sont liés à des organisations terroristes connues, mais d’autres factions sont également actives. Les données illustrent une augmentation marquée du nombre de cellules armées, ce qui indique une hausse substantielle de l’activité terroriste par rapport aux années précédentes, lorsque seuls quelques groupes étaient actifs.
L’infographie ne met pas en évidence une évolution importante, à savoir l’augmentation substantielle de l’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI) contre les troupes israéliennes.
- Au départ, les groupes terroristes utilisaient des armes automatiques, des bombes artisanales et des extincteurs grossièrement modifiés.
- Au fur et à mesure de l’évolution de la violence, leurs capacités se sont accrues. Par exemple, des laboratoires de fabrication d’engins explosifs improvisés ont été mis en place, créant des explosifs plus sophistiqués et plus puissants.
Les attentats perpétrés en janvier et en mai de cette année constituent deux exemples notables de cette tendance.
- Le 7 janvier, un officier de la police des frontières israélienne a succombé aux blessures d’une bombe en bord de route, revendiquée par la branche de Jénine du Djihad islamique.
- Le 5 mai, une voiture piégée a explosé contre un bulldozer israélien, l’attentat ayant été revendiqué par la branche de Tubas du Djihad islamique.
Ces incidents témoignent de l’évolution des tactiques des groupes terroristes et de la sophistication croissante de leurs engins explosifs.
L’Iran arme les groupes terroristes de Judée Samarie
Depuis 2014, l’Iran préconise d’armer les groupes terroristes en Judée Samarie.
- En août 2022, le chef de la force Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), Hossein Salami, a déclaré que la Judée Samarie était « armée » contre Israël. Il a réitéré cette affirmation moins d’un an plus tard, laissant entendre que le régime iranien était impliqué dans la flambée de violence.
« Mais des mains invisibles ont armé la Rive gauch, et vous voyez [maintenant] des fusils automatiques modernes et des armes automatiques dans les mains des Palestiniens », a déclaré M. Salami.
Il s’agit d’un indicateur significatif du changement de statu quo en Judée Samarie. Cela permet d’imaginer l’intensité que représenterait un Etat palestinien indépendant, dans lequel l’armement iranien coulerait à flot sans entrave.
Le 25 mars, le Shin Bet a déclaré avoir déjoué un complot iranien visant à introduire clandestinement des armes de pointe en Judée Samarie. Le réseau de contrebande impliquait deux unités du Corps des gardiens de la révolution islamique et un haut responsable du Fatah au Liban.
Le régime iranien a fait preuve d’une capacité astucieuse à identifier les zones de faible gouvernance dans la région et à utiliser ses mandataires pour les exploiter. C’est le cas de l’Autorité palestinienne, dont l’histoire est marquée par la corruption et la baisse de popularité. Reconnaissant une opportunité, l’Iran a lancé une vaste campagne pour armer et soutenir ses mandataires existants, créant ainsi un nouveau front de « résistance » aux portes d’Israël.
Cette évolution a posé un sérieux problème de sécurité, car les groupes armés soutenus par l’Iran continuent de constituer une menace, malgré les efforts constants déployés par Israël depuis trois ans pour l’atténuer.
- Joe Truzman, l’auteur de ce rapport, est rédacteur et analyste principal de recherche au Long War Journal du FDD. Il se concentre principalement sur les groupes armés palestiniens et les acteurs non étatiques au Moyen-Orient. ↩︎