Des jets militaires syriens et russes ont patrouillé ensemble lundi près de la frontière syrienne avec Israël.
Ce rapport intervient alors que les tensions en Ukraine sont à leur paroxysme, les puissances occidentales accusant la Russie de préparer une invasion. Les patrouilles conjointes entre la Russie et la Syrie pourraient devenir un événement régulier, a indiqué la Russie. Les rapports proviennent du ministère russe de la Défense et de l’agence de presse Interfax. Cela a des ramifications pour Israël et pourrait avoir un impact sur les opérations israéliennes visant les transferts d’armes iraniennes vers le Hezbollah.
Israël mène une « campagne d’entre-deux-guerres » afin d’empêcher l’Iran de s’implanter en Syrie et de transférer des armes au Hezbollah. Selon les Forces de défense israéliennes, il s’agit de « l’approche de prévention et d’influence des FDI pour l’emploi de la force en dehors de la guerre ». Une grande partie de cette campagne est menée dans l’ombre, mais l’ancien chef d’état-major Gadi Eisenkot a déclaré au New York Times en 2019 qu’Israël avait frappé des milliers de cibles en Syrie. En 2017, Amir Eshel, alors chef de l’armée de l’air, a déclaré que « lorsqu’Israël a un intérêt direct, il agit sans tenir compte des risques. » Eshel est maintenant directeur général du ministère de la Défense.
La grande question qui se pose maintenant est de savoir si les patrouilles aériennes dans lesquelles la Russie se lance sont simplement symboliques, comme une démonstration de force, ou si elles sont conçues pour envoyer réellement un message et potentiellement interférer avec les actions d’Israël.
Bien entendu, les dirigeants israéliens le savent, le public directement concerné l’ignore, et les médias spéculent.
- L’ancienne administration américaine Trump soutenait les actions d’Israël en Syrie.
Cependant, les responsables américains craignaient que l’Iran et ses mandataires en Irak et en Syrie n’attaquent les forces américaines en représailles aux actions d’Israël. - Dès 2018, les factions iraniennes en Irak ont commencé à accuser les États-Unis de travailler avec Israël, et ont également commencé à laisser entendre que les milices basées en Irak pourraient cibler Israël.
- En 2021, les Iraniens ont attaqué la garnison américaine de Tanf en Syrie, et les médias américains ont rapporté que les Iraniens avaient agi en représailles aux frappes israéliennes.
- En 2019, des milices irakiennes ont accusé Israël d’une série de frappes aériennes.
- En mai 2021, l’Iran a fait voler un drone depuis l’Irak dans l’espace aérien israélien.
- Pendant ce temps, l’Iran a construit une base appelée Imam Ali près d’Albukamal en Syrie, et a déplacé des drones vers la base T-4, également en Syrie.
- L’Iran a également cherché à amener le 3e système de défense aérienne Khordad sur la base T-4 en avril 2018.
C’est le contexte de la « campagne de l’entre-deux-guerres ».
- L’autre contexte est que pendant l’été 2018, le régime syrien a repris aux rebelles syriens des zones du sud de la Syrie et s’est établi à la frontière du Golan.
- Les forces de maintien de la paix russes sont également arrivées.
- Le Hezbollah a commencé à se retrancher près du Golan.
Cela a abouti à ce que le Hezbollah déplace des drones vers une zone du Golan en 2019. - Pendant ce temps, la Russie était plus concentrée sur la réconciliation avec les rebelles syriens et leur recrutement pour l’armée syrienne.
La Russie a commencé à exprimer davantage d’inquiétudes concernant les frappes aériennes israéliennes, allant jusqu’à affirmer en novembre 2019 qu’Israël avait survolé la Jordanie pour mener des frappes aériennes en Syrie.
La Russie a également déclaré qu’elle allait améliorer les défenses aériennes syriennes après un incident survenu en 2018 près de Lattaquié, au cours duquel la défense aérienne syrienne a abattu un avion russe alors qu’elle tentait d’arrêter les frappes aériennes israéliennes.
La Russie a également publié davantage de déclarations critiquant les frappes israéliennes. - Cependant, la Russie a été discrète ces derniers mois, même après les frappes aériennes à Lattaquié en décembre.
- Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a rencontré le président russe Vladimir Poutine en octobre 2021.
Que se passe-t-il donc ?
Le ministère russe de la Défense a clairement indiqué que la récente patrouille de jour comprenait une zone proche des hauteurs du Golan. Le ministère a déclaré que les vols de patrouille « continueront à fonctionner sur une base régulière », a rapporté Reuters.
« L’itinéraire de la mission comprenait le plateau du Golan, la frontière sud de la Syrie, l’Euphrate et le nord de la Syrie », précise le communiqué. « Les pilotes russes ont décollé de la base aérienne de Khmeimim, tandis que les Syriens ont décollé des bases de Sayqal et d’Al-Dumayur, près de Damas. »
- Les patrouilles comprennent l’avion d’attaque Sukhoi Su-34 ;
- l’avion de combat multi-mission Sukhoi Su-35S ;
- l’avion de commandement et de contrôle A-50 ; et
- les avions MiG-23 et MiG-29 de l’armée syrienne, selon Reuters.
Bien qu’Israël n’ait pas été impliqué dans des combats aériens en Syrie, la plupart de ces avions ne font pas le poids face aux F-35 et aux munitions avancées d’Israël.
- Israël a abattu un avion de combat syrien Sukhoi près du Golan en 2018.
- La Syrie n’a pas (pas pu, pas osé ?) riposter à cet incident.
- Israël a souvent coordonné avec la Russie dans une sorte de désescalade du conflit en Syrie depuis 2015, lorsque la Russie a commencé des opérations majeures en Syrie.
- Israël ne veut pas de conflit avec la Syrie, ni avec le Liban.
- Le Liban aimerait bien faire la paix avec Israël et transformer son pays, plombé par les islamistes chiites du Hezbollah.
- La Syrie n’a que la pression de l’Iran qui l’empêche de normaliser ses relations avec Israël.
La nouvelle des patrouilles russes semble donc être un message visant à montrer que les Syriens et les Russes vont travailler en étroite collaboration pour projeter leur puissance et faire comprendre au monde que la Syrie a la souveraineté sur certaines parties du pays.
Et ce, en dépit du fait que les États-Unis disposent de bases en Syrie, car l’Amérique de Joe Biden, depuis sa façon de se retirer d’Afghanistan, a été classée comme « pays passif », et que la Turquie, que la Russie ne craint pas, occupe une partie du nord de la Syrie. La Russie et la Syrie veulent envoyer un message de force aux anciens rebelles syriens du sud de la Syrie qui travaillent avec la Russie.
Il se pourrait donc que le message ne soit pas dirigé contre Israël, ou pas uniquement contre Israël.
- La plupart des rapports sur les frappes aériennes israéliennes en Syrie ont lieu la nuit. Rien ne prouve que les avions de guerre russes et syriens patrouilleront la nuit.
- Quatre autres facteurs entrent en ligne de compte :
- Les États-Unis ont soutenu les actions d’Israël en Syrie, mais les Démocrates, qui dirigent le pays, ne sont pas de grands soutiens d’Israël ;
- la Russie ne partage pas toujours des intérêts avec l’Iran ;
- Israël a été signalé par les Russes lors de son survol de la Jordanie afin de mener des frappes ; et
- Israël peut utiliser des munitions à longue portée, ce qui signifie que les patrouilles conjointes russo-syriennes peuvent ne pas poser de problème majeur à Israël.
- La tentative de désescalade du conflit signifie également que l’on peut supposer que les patrouilles conjointes ont lieu avec la connaissance d’Israël. Et le système de radar avancé d’Israël n’a aucun mal à les détecter et les surveiller.
Le principal point d’interrogation est de savoir si ces patrouilles vont enhardir le régime syrien et les éléments soutenus par l’Iran en Syrie.
L’Iran pourrait en profiter. Les utiliser comme couverture pour attaquer Israël, ou utiliser ses mandataires pour frapper les États-Unis et Israël. Et s’il s’agit d’une partie russe en plusieurs étapes, visant à affirmer la souveraineté du régime syrien, cela ne surprendra pas les observateurs, habitués à ce que la Russie jour plusieurs coups à l’avance.
Si les dirigeants israéliens ne sont pas déjà informés, ils devront peser ces questions et analyser les prochaines étapes : ils ont la supériorité géographique sur la Russie, militaire sur la Syrie, et stratégique sur toute la région.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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Source : https://www.jpost.com
Les Syriens ne sont pas pro-Iraniens de nature… et leur alliance à l’Iran est opportuniste!!!
Ce que je HAIS c’est la Diplomatie secrète qui conchie les peuples.: « Bien entendu, les dirigeants israéliens le savent, le public directement concerné l’ignore, et les médias spéculent. »
Vous avez raison, mais vous aurez certainement remarqué l’indifférence générale des citoyens pour la politique étrangère de leur pays.