Le fils aîné du futur Premier ministre, Yair Netanyahou, a lancé une campagne de crowdfunding sous le slogan « Ne laissons pas la gauche nous faire taire » – il collecte des dons pour payer des avocats et verser des condamnations pour des procès en diffamation. Autrement dit, ce n’est pas la gauche qui l’a fait taire, mais le tribunal.
La campagne est menée au nom des « journalistes de droite qui sont persécutés par la gauche. » Outre Yair, le journaliste de la 14e chaîne de télévision Shai Golden, la députée du Likoud Galit Distal Atbaryan et la blogueuse au surnom expressif de « Bibistka Ronit » y participent.
Yair affirme que les procès contre les bibistes sont intentés par des « gauchistes qui ont beaucoup d’argent » – des subventions européennes et de l’argent de la Fondation Soros seraient consacrés aux procès, et des « Israéliens ordinaires » comme lui sont ainsi « persécutés ». Ceci est sans doute exact, cela ne l’autorise cependant pas à dire n’importe quoi. Jusqu’à présent, les victimes des « bâillonneurs de gauche » ont réussi à collecter 102 000 shekels, Yair affirme avoir lui-même fait don d’une certaine somme à l’objectif.
Cette campagne semble être une réponse à la campagne « pour nettoyer les médias sociaux du poison et des mensonges » lancée la semaine dernière par l’ancien Premier ministre Naftali Bennett.
Bennett a déjà intenté deux procès en diffamation – contre un blogueur qui a répandu des rumeurs sur le détournement de l’argent alloué à l’adaptation de la maison privée de Bennett en résidence du Premier ministre, et contre un rabbin qui a affirmé que Bennett n’était pas du tout juif, puisque sa mère était une convertie réformiste. Et il menace cette semaine de poursuivre un second rabbin.
Un certain nombre de procès en diffamation ont été intentés contre Yair Netanyahou.
Il a déjà perdu l’un d’entre eux, après quoi il est allé devant la Cour suprême, mais a été condamné à payer 250 000 shekels d’indemnité et de frais de justice. Les avocats de Yair ont tenté de contester le montant de la condamnation, arguant que leur client n’avait tout simplement pas cette somme, mais lors du procès, il s’est avéré qu’il y avait beaucoup plus d’argent sur le compte personnel de Yair.
Yair Netanyahou a accusé l’ancienne membre de la Knesset Stav Shaffir d’avoir eu « un petit ami arabe » et d’avoir volé des millions de fonds publics.
Après qu’elle a critiqué son père, il a écrit :
« Es-tu sûre de vouloir parler de moralité, à la lumière du projet raté que tu as essayé de mettre en place avec un amant pédophile et un visiteur régulier de l’île pédophile d’Epstein ? Moche à l’intérieur comme à l’extérieur. Tu trouveras un mari arabe permanent qui ne te rejettera pas. Va dans un village quelconque, convertis-toi à l’Islam et laisse-nous tranquilles. »
Netanyahu a continué :
« Communiste, stupide, amoureuse des pédophiles comme toi. Garde les noms désobligeants dont tu m’as traité pour Epstein, Barak et le reste de tes amis. Je n’ai jamais pris un shekel de l’État dans ma vie. Toi par contre, tu dois au contribuable huit millions de shekels. »
Avec l’ajout de cette affaire, Yair Netanyahu fait maintenant face à six poursuites distinctes pour diffamation et calomnie, pour un total de 3,14 millions de NIS. La plainte, déposée au tribunal de première instance d’Herzliya, fait suite au fait que Yair a qualifié les quelque 500 diplômés de Wexner de « culte de pédophiles » sur Twitter et a exigé une législation qui interdirait à tout diplômé de la bourse de servir dans la fonction publique israélienne.
Le Premier ministre israélien désigné Benjamin Netanyahu a pendant ce temps gagné un procès en diffamation contre Ehud Olmert qui avait prétendu que lui, sa femme et son fils étaient des malades mentaux. Comme quoi les insultes gratuites ne sont pas l’apanage de la droite.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org