L’ancien terroriste de la RAF (Faction Armée rouge) et néonazi Horst Mahler doit répondre devant la justice de Potsdam, en banlieue de Berlin, d’incitation à la haine et de négation de l’Holocauste. Il utilise ce procès comme dernière tribune pour diffuser sa dangereuse vision du monde.
Vendredi dernier, lors de la quatrième date du procès, le tribunal régional de Potsdam a rejeté la demande de Mahler de mettre fin à la procédure. Mahler, avocat de profession, s’était plaint de ce qu’il considérait comme des violations flagrantes de la loi. Au total, six accusations ont été portées contre lui pour la période 2013-2017. Il s’agit d’écrits antisémites qu’il aurait en partie rédigés en prison.
Mahler fonde sa défense entre autres sur la dignité humaine garantie par la Loi fondamentale, ainsi que sur la liberté d’opinion et de religion. Des droits qui auraient été violés dans le cadre de la procédure. Mahler a souligné à plusieurs reprises qu’il dénie toute dignité judiciaire à la juge présidente ainsi qu’à la Cour constitutionnelle fédérale. Selon lui, les organes de l’État allemand sont contrôlés par des « délégués à l’antisémitisme ». Mahler a insinué que la juge était « de connivence avec Satan ».
L’accusé utilise la salle d’audience comme tribune
En fait, il ne s’agit pas vraiment pour lui d’obtenir un non-lieu. Il souhaite manifestement utiliser la salle d’audience comme une tribune. Certains des écrits qui lui sont reprochés ont été envoyés par e-mail de manière ciblée à des organisations gouvernementales et non gouvernementales. L’accusé cherche également à franchir les limites de manière ciblée devant le tribunal. Il a déjà été menacé de perdre le droit à la parole. Le parquet voulait ainsi éviter qu’il ne tienne d’autres propos incitant à la haine et ne commette ainsi d’autres délits. Mahler a, selon toute apparence, pris cela en compte.
Il semble s’agir d’une dernière grande danse du retraité de la terreur sur la scène publique. Certes, il est désormais en fauteuil roulant et après une heure d’intenses monologues, sa voix s’essouffle. Pourtant, on se souvient de la mise en scène de la RAF devant les tribunaux : Andreas Baader fumant le cigare lors du procès de l’incendie du grand magasin de Francfort, et l’épreuve de force dans la prison de Stammheim. A l’époque, Mahler n’avait pas pu participer directement à tout cela. Depuis 1970, il était incarcéré pour dix ans pour braquage de banque et évasion de prisonniers. En 1974, il a été expulsé de la RAF.
C’est seulement l’attitude de l’accusé face au tribunal qui rappelle les procès contre la RAF. Le contenu de ses délires s’est fondamentalement déplacé depuis les années 1970. Mahler souhaite informer le public sur les « versets sataniques du mosaïsme ». Il réclame la « fin de la domination étrangère de la judéité ». Il profite de son droit à être entendu pour faire des digressions excessives sur la philosophie idéaliste allemande. Georg Wilhelm Friedrich Hegel, en particulier, est l’objet central de la procédure. Après de vastes aperçus du concept hégélien de Dieu, Mahler tente de faire comprendre aux auditeurs qu’ils ne peuvent pas comprendre tout cela, puisqu’ils sont prisonniers de l’esprit juif. C’est pourquoi il avait demandé l’intervention d’un expert en philosophie de Hegel. Cette demande fut également rejetée.
Lors d’une pause, l’infirmier urgentiste responsable déclare que « ses yeux se ferment souvent ». Le juge et ses adjoints s’efforcent de paraître attentifs. Ils parviennent à mieux dissimuler leur énervement que le procureur. Mahler écoute et guette chaque perte de compréhension, chaque soupir des organes de l’Etat – surtout du procureur – et les commente de manière ciblée. L’avocat de la défense de Mahler souligne à plusieurs reprises qu’il ne peut pas suivre les explications de son client, soulignant ainsi l’exigence d’une assistance d’experts.
Antisémitisme et théorie quantique
Pour ceux qui ne sont pas encore sortis de Hegel, des formulations du physicien Max Planck leur sont assénées à la figure. En quelques phrases, Mahler s’efforce de déduire le concept hégélien de Dieu de la théorie quantique. Les « versets sataniques du mosaïsme », le dieu juif « Yahvé » comme « Satan », le judaïsme comme adversaire de l’esprit idéaliste allemand. On voit ici les éléments clés de la vision antisémite du monde de Mahler. Hegel et des experts doivent défendre le contenu philosophique des écrits incriminés de Mahler. Des versets du Talmud et des déclarations transmises par des rabbins médiévaux sont cités pour illustrer le contenu prétendument « satanique » et « inhumain » du judaïsme.
Horst Mahler, âgé de 86 ans, cherche frénétiquement tous les témoins tangibles d’une constante dans son parcours politique extrémiste. Il cite des antisionistes juifs comme le musicien de jazz Gilad Atzmon et le chimiste polonais Israel Shahak. C’est la croyance en une conspiration mondiale juive qui relie les phases de la vie de Mahler.
Ses parents étaient des nazis convaincus. Son père s’est suicidé peu après la promulgation de la Loi fondamentale. Mahler a rejoint une fraternité combattante avant de devenir membre de l’association d’étudiants socialistes SDS. A partir de 1970, il a créé le lien entre la RAF et la lutte antisioniste au Proche-Orient. Enfin, changeant de bord, il a été promu au rang de prétendu ésotériste du Talmud dans les milieux néo-nazis de droite.
Mahler souhaite manifestement trouver la paix de l’esprit et ne se laisse pas aller. Pourtant, la justice lui avait déjà accordé entre-temps une dispense de détention en raison de son état de santé.
© Equipe de rédaction Israel247.org.
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