Mardi après-midi, le chef de l’opposition, Yair Lapid, a conclu son témoignage sur l’affaire 1000 du procès de Netanyahou et, après avoir promis des révélations majeures contre Netanyahou qui ne se sont pas concrétisées, il s’est retrouvé au cœur d’un problème « potentiel ». J’écris cela entre guillemets, car nous savons vous et moi que la justice est à deux vitesses, et qu’un homme de gauche ne risque pas grand chose, dans notre monde judiciaire contemporain.
Selon l’acte d’accusation, le Premier ministre Netanyahou a demandé à son ministre des Finances d’alors, M. Lapid, de l’aider à promouvoir les intérêts commerciaux de l’homme d’affaires et millionnaire Arnon Milchin.
Pour être exact : selon l’acte d’accusation,
« à la suite de la demande de Milchin, l’accusé Netanyahou a soulevé avec Lapid la question de l’extension de la période d’exemption accordée aux citoyens de retour au pays, lors de deux réunions professionnelles qu’il a eues avec lui dans le cadre de son travail. Lors de ces réunions, l’accusé Netanyahou a fait comprendre à Lapid que Milchin avait discuté de cette question avec lui. L’accusé Netanyahou a exprimé à Lapid son soutien à l’extension de l’exemption, tandis que Lapid a dit qu’il ne pensait pas qu’il fallait prendre des mesures pour l’étendre ».
Mais le souvenir que Lapid a gardé de ces événements n’est pas cohérent avec la réalité. Lapid affirme avoir dit non à la demande de Netanyahou d’approuver une extension d’exemption fiscale concoctée sur mesure pour Milchan.
- Netanyahou voulait qu’il approuve un projet de loi permettant aux ex-patriotes israéliens de retour au pays de maintenir leurs entreprises à l’étranger sans déclarer leurs revenus annuels à l’administration fiscale israélienne pendant vingt années au lieu de dix.
- M. Lapid a déclaré qu’il n’aimait pas cette idée, que son échange avec le Premier ministre n’avait pas eu lieu au cours d’une réunion, mais plutôt d’une rencontre par hasard dans un couloir.
- Et Netanyahou affirme qu’il n’a rien exigé de lui, et qu’il a simplement informé son ministre des Finances et est passé à autre chose.
Aussi, lors du contre-interrogatoire de mardi, l’avocat de la défense Amit Hadad a mis le témoin devant les faits.
Il a mis Lapid face à une importante contradiction entre sa déclaration selon laquelle il était opposé au projet de loi et son précédent témoignage où il n’a formulé aucun rejet du projet.
Tout le procès, comprenez-le bien, repose sur non pas des actes – la « loi Milchan » n’a pas été votée, mais des intentions de Netanyahou prouvant qu’il est corrompu, puisqu’il voulait faire passer une loi que son ministre des Finances a refusé.
Hadad : « Lisons ensemble si, au cours de la réunion, vous avez dit non à Milchan. »
Hadad a lu un extrait du protocole d’enquête de la police :
Lapid : « Je les ai écoutés poliment et j’ai dit que j’allais consulter l’échelon professionnel et c’est ainsi que s’est terminée la réunion… Arnon m’a également parlé après la réunion. Je lui ai dit que j’étais prêt à l’envisager, si quelqu’un me disait : ‘je suis en train d’installer une usine avec plus de 50 employés en Israël’, ou s’il y avait des millions en jeu, alors nous pourrions parler avec lui d’une exonération fiscale, mais pourquoi donner une exonération fiscale pour vingt ans ? »
- Hadad à Lapid : « Expliquez-moi ce que vous entendez par ‘je suis prêt à envisager' ».
- Lapid : « Je lui ai dit que cela n’arriverait pas. »
- Hadad : « Non, vous avez dit que vous étiez prêt à envisager ».
- Lapid : « Quand quelqu’un dit pourquoi accorder une exonération fiscale, c’est ce que cela signifie ».
Lapid ment. Il n’a jamais dit non, il n’a jamais refusé, et quand on pose la question « pourquoi accorder une exonération fiscale« , cela veut dire qu’on pose une question, ou qu’on doute et qu’on demande à être convaincu.
Lapid a menti devant le tribunal, et il ne fait aucun doute qu’il y aura une enquête de police approfondie sur son mensonge.
Je plaisante. Il n’y aura pas d’enquête contre Lapid.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
Source : https://www.jewishpress.com