Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré au président américain Joe Biden que les partis d’opposition n’étaient pas en mesure de négocier un accord sur la réforme judiciaire. La différence de ton des leaders de l’opposition et des organisateurs des manifestations montrent que ces derniers sont beaucoup plus radicaux et motivés par un objectif qui va bien au delà de la réforme. L’opposition est l’otage du mouvement de protestation, bien plus extrêmiste qu’eux.
Selon le site d’information Walla, M. Netanyahou a affirmé, lors de son appel téléphonique de lundi avec M. Biden, que l’opposition craignait un retour de bâton de la part du mouvement national de protestation, qui rejette l’ensemble du paquet législatif, si elle faisait des compromis sur certaines questions.
En fait, la déclaration du Premier ministre est sensiblement en dessous de la réalité, puisque dès que la notion des négociations à la résidence du Président a été envisagée, les organisateurs du mouvement de protestation ont rejeté toute négociation – de quelque sorte que ce soit : ils exigent l’annulation totale et complète, et exigent bien plus encore, puisqu’ils ont également mobilisé le pays quand ils n’aimaient pas les décisions du gouvernement, notamment pour le vote d’une loi sur la conscription des haredim, sur le limogeage du ministre Gallant, et celui d’un chef de la police.
Selon un communiqué israélien, au cours de leur conversation, M. Netanyahou a informé M. Biden de l’état d’avancement de la législation. M. Netanyahou a déclaré à M. Biden qu’il avait l’intention d’aller de l’avant la semaine prochaine avec ce qui reste du projet de loi.
On comprend maintenant pourquoi l’opposition est opposée à la partie du projet qui supprimera le contrôle de la Haute cour sur la raisonnabilité des décisions gouvernementales et des lois votées alors que le juge Barak s’est déclaré favorable à sa modification, et qu’à de nombreuses reprises dans le passé Yair Lapid l’a dénoncé et a lui aussi demandé son annulation pure et simple.
- Dans une interview de 2017 avec le journal israélien Haaretz, Lapid a déclaré que le principe de raisonnabilité est “trop vague” et qu’il “donne trop de pouvoir au tribunal.” Il a également déclaré que le tribunal ne devrait pas être en mesure d’annuler des lois simplement parce qu’il n’est pas d’accord avec elles.
- Dans un article paru en 2021 sur Ynet, Lapid a écrit que la “cause du raisonnable” est “un principe dangereux” qui “sape l’état de droit”. Il a fait valoir que ce principe permet au tribunal d’”annuler des lois qui ont été adoptées par la Knesset démocratiquement élue.”
- Dans un discours prononcé en 2022 devant l’Association du barreau israélien, Lapid a déclaré que la “cause du raisonnable” est “un cancer qui ronge notre démocratie.” Il a affirmé que ce principe permettait au tribunal de “passer outre la volonté du peuple.”
Et aujourd’hui, Lapid et le reste de l’opposition est otage des jusqu’au-boutistes organisateurs des manifestations, et il doit chanter le la à l’unisson (tout en espérant que Netanyahou sera renversé)
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org