Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne pour 4 ans depuis 2005, a “écarté” tous ses successeurs potentiels

Mahmoud Abbas

Ghaith al-Omari a longtemps été un acteur clé du processus de paix israélo-palestinien, agissant en tant que négociateur arabe lors du sommet de Camp David en 2000, convoqué par le président américain de l’époque, Bill Clinton, puis lors du sommet de Taba en 2001 en Égypte. Il a été conseiller du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, jusqu’en 2006. Le processus de paix étant au point mort depuis 2014, il est aujourd’hui chargé de mission au programme Irwin Levy Family du Washington Institute sur les relations stratégiques entre les États-Unis et Israël.

Al-Omari était à Paris la semaine dernière pour dévoiler à l’Assemblée nationale française le projet ” Whispered in Gaza”, une série de courts métrages d’animation basés sur les témoignages d’Arabes vivant à Gaza. On peut imaginer de quelle sorte de propagande pallywoodienne il s’agit.

Quelle est votre évaluation de la situation en Judée Samarie, alors qu’Abbas s’accroche au pouvoir ?

Il existe un vide politique et sécuritaire en Judée Samarie qui incite les habitants à abandonner leur gouvernement et leurs institutions et à se tourner vers d’autres acteurs. Par exemple, les tribunaux de l’Autorité palestinienne manquent tellement de ressources qu’il leur faut des années pour rendre un verdict. Et lorsqu’un verdict est enfin rendu, il faut des années pour le faire appliquer. Les gens ne se tournent donc plus vers les autorités pour résoudre leurs problèmes, ce qui ne fait qu’aggraver le manque de légitimité du gouvernement aux yeux de nombreux habitants.

Dans toutes les villes, tous les quartiers, les gens se prennent en main parce que les autorités ne sont pas en mesure d’assurer leur sécurité. Cela explique en partie l’émergence de petits groupes armés. Dans la ville de Jénine, c’est le Jihad islamique qui domine, avec d’autres petits groupes. A Hébron, plus au sud, ce sont les tribus et les clans qui maintiennent la paix.

La perte de contrôle et de légitimité de l’Autorité palestinienne illustre et alimente sa faiblesse. Lorsque les institutions gouvernementales sont faibles, n’importe quel choc peut faire s’effondrer le système. Et nous craignons que lorsque Abbas quittera la scène – soit pour des raisons de vieillesse, soit pour des raisons politiques – il laissera derrière lui un vide de pouvoir qu’il aura contribué à créer.

Dans une telle situation, la possibilité d’un effondrement de l’Autorité palestinienne deviendrait encore plus sérieuse.

N’y a-t-il pas de candidats prometteurs qui pourraient remplacer Abbas ?

La vie politique palestinienne n’a jamais été démocratique, mais elle était autrefois dynamique et active.

Mahmoud Abbas a systématiquement veillé à ce que chaque fois qu’un nouveau dirigeant commence à devenir populaire, il le supprime. À la mort d’Arafat, son prédécesseur de longue date, et tout au long de la présidence d’Arafat, il y avait toujours deux ou trois personnes qui étaient des candidats potentiels. Aujourd’hui, il est impossible d’identifier des leaders spécifiques parce qu’Abbas les affaiblit. Mohammed Dahlan [l’ancien chef de la sécurité à Gaza, qui vit aujourd’hui en exil], par exemple, a été évincé. Nasser al-Qidwa [le neveu d’Arafat] a également été écarté il y a dix ans. Ainsi, tous ceux avec lesquels Abbas n’est pas d’accord sont repoussés.

Aujourd’hui, je peux citer dix personnes qui pensent qu’elles seront le prochain président. Aucune d’entre elles n’est assez forte. Aucun d’entre eux n’est assez populaire, aucun n’a assez de soutien. Nous pourrions donc très bien nous retrouver dans une situation où, si Abbas s’en va, nous aurons un concours pour savoir qui prendra la relève. Ce concours pourrait devenir violent. Nous savons aujourd’hui qu’il y a beaucoup d’armes. Nous savons aujourd’hui que de nombreux successeurs potentiels achètent des armes, achètent du soutien. En l’absence de clarté, de mécanisme juridique et de candidats solides, la possibilité d’un processus long et violent de succession est devenue crédible […] Il ne s’agit plus d’un scénario farfelu.

© Equipe de rédaction Israel247.org.

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