Le missile, appelé « Khaybar Shekan » (pourfendeur -ou perceur- de Khaybar), fait référence à une oasis juive appelée Khaybar qui a été envahie par des guerriers musulmans de Mahomet au 7ème siècle (mai 628). Ceux-ci réduisirent les Juifs de Kheybar en dhimmitude, en créant pour la première fois ce statut infamant d’infériorité à l’égard des Musulmans.
On aperçoit de nouveaux missiles iraniens « Kheibarshekan » dans un lieu tenu secret en Iran, sur cette photo (ci-dessus) obtenue le 9 février 2022.
Dévoilement en pleines négociations
L’Iran a dévoilé, mercredi 9 février, un nouveau missile de fabrication maison d’une portée de 1 450 kilomètres, selon la télévision d’État, au lendemain du jour où Téhéran et Washington ont repris les pourparlers indirects pour sauver un accord nucléaire de 2015.
L’Iran, qui possède l’un des plus grands programmes de missiles au Moyen-Orient, affirme que ses missiles balistiques ont une portée allant jusqu’à 2 000 km (1 200 miles) et sont capables d’atteindre ses ennemis jurés israéliens et américains dans la région. Il est important pour l’Iran de montrer ses muscles, en affichant avec sa morgue habituelle son refuser d’étendre les pourparlers à son programme de missiles ou au démantèlement de ses milices chiites dans la région.
Pour les Juifs, la dhimmitude ou la mort ; pour les sunnites, l’humiliation
La télévision d’État a diffusé des images du nouveau missile sol-sol « Khaybar Shekan » (Destructeur ou perceur de Khaybar), qui fait référence à une ancienne oasis juive appelée Khaybar dans la région du Hijaz de la péninsule arabique qui a été envahie par des guerriers musulmans au 7ème siècle.
Khaybar se situait à 150 km de l’actuelle Médine, ancienne ville de Yathrib.
La ville était assez riche, bien fortifiée et majoritairement peuplée de Juifs avant l’expédition. Les Juifs y pratiquaient l’artisanat et le commerce, fournissant du capital financier aux intermédiaires arabes.
Les survivants de la bataille ont été autorisés à demeurer dans la région, à condition de donner la moitié de leurs produits. Ce sont les premiers Dhimmis officiels de l’histoire. Après la mort de Mahomet et du premier Calife Abu Bakr, le Calife Omar les a expulsés en 641.
L’appel du pied de Téhéran à l’ensemble du monde musulman est donc clair, et peut avoir une cible double : Israël et l’Arabie Saoudite, par la proximité de Médine. Ce symbole de Khaybar fait référence aux fondamentaux, avant le schisme entre sunnites et chiites, visant à s’introniser en tant que véritable héritier de l’Islam, aux dépens des monarchies sunnites du Golfe. Ce rappel historiographique tend à classer celles-ci parmi les traîtres à l’histoire musulmane, pour avoir souscrit aux Accords d’Abraham, au lieu de défaire les Juifs et de les exploiter (de les expulser ou de les tuer). L’objectif tracé semble bien être l’asservissement de cette oasis de prospérité qu’est Israël, dont il s’agirait de s’emparer sans en passer par l’humiliation d’une alliance, comme l’ont fait les pays du Golfe et d’autres.
Maîtres d’ouvrage : Les Gardiens de la Révolution
« Ce missile à longue portée est fabriqué dans le pays par les Gardiens de la révolution (CGRI)… Il a une grande précision, est propulsé par du combustible solide et est capable de pénétrer les boucliers antimissiles », ont rapporté les médias officiels iraniens. Cette paternité avouée met en exergue que l’ensemble de l’industrie d’armement est aux mains des Pasdaran et que nul autre ne fixe les objectifs militaires de l’Iran, pas même (ou surtout pas ?), son armée dite « régulière ».
Téhéran considère son programme de missiles comme un moyen de dissuasion important contre les États-Unis, Israël et d’autres adversaires du Golfe. Il a rejeté les demandes occidentales d’arrêter ses travaux sur les missiles balistiques. On comprend donc mieux la « Houtzpah » (terme yiddish pour le culot, la morgue) ressentie à cette sortie d’un nouvel atout balistique de la manche, deux jours après le commencement des discussions, soi-disant « sérieuses » avec Washington.
« L’Iran continuera à faire progresser son programme de missiles balistiques », a déclaré le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le major-général Mohammad Bagheri, lors d’une cérémonie dans une base du CGRI où l’Iran a révélé l’existence de ce nouveau missile, selon les médias iraniens.
Accord nucléaire
L’Arabie saoudite musulmane sunnite, rival régional de l’Iran dirigé par les chiites, a appelé à plusieurs reprises les grandes puissances à répondre aux préoccupations des Arabes du Golfe concernant les missiles de Téhéran.
Israël, que la République islamique ne reconnaît pas, menace depuis longtemps de mener une action militaire contre l’Iran si les pourparlers de Vienne ne parviennent pas à freiner les travaux nucléaires de Téhéran.
En 2018, le président américain de l’époque, Donald Trump, s’est retiré de l’accord nucléaire – conçu pour empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire – et a réimposé des sanctions dans le but de forcer Téhéran à négocier un accord plus large qui aurait également abordé son programme de missiles balistiques et son soutien à des milices chiites comme armée par procuration au Moyen-Orient.
L’Iran a réagi un an plus tard en violant progressivement les limites nucléaires du pacte, en reconstituant des stocks d’uranium enrichi, en le raffinant à une pureté fissile plus élevée et en installant des centrifugeuses avancées pour accélérer la production.
Des pourparlers indirects entre Téhéran et Washington en vue de la relance de l’accord ont commencé après que Joe Biden a remplacé Trump à la Maison-Blanche, mais malgré huit cycles successifs de négociation depuis avril, des divergences subsistent entre l’Iran et les puissances mondiales.
Téhéran et Washington se reprochent l’absence de progrès
« Les voix discordantes au sein du gouvernement américain montrent qu’il n’y a pas de cohérence dans ce pays pour prendre des décisions politiques dans le sens consistant à faire avancer les pourparlers de Vienne », a tweeté mercredi le haut responsable de la sécurité iranien Ali Shamkhani.
© Marc Brzustowski pour Israël 24/7