La question des prisonniers palestiniens est souvent présentée comme la principale cause de tension entre Israël et le Hamas à Gaza, ce qui est parfaitement inexact.
Certes, l’organisation terroriste ne ménage pas ses efforts pour faire libérer les prisonniers, et cherche aujourd’hui à reproduire son plus grand exploit – 1500 terroristes échangés contre le soldat Shalit. Seulement trop de ces terroristes se sont livrés par la suite à de nouveaux attentats, qui ont causé la mort de civils israéliens. Alors ses efforts pour marchander les dépouilles de deux soldats ainsi que deux civils israéliens ayant franchi la frontière par erreur, contre un nombre élevé de détenus restent pour le moment infructueux.
De fait, la principale cause est la volonté mainte fois exprimée par l’organisation terrorise de faire disparaitre l’Etat juif, et de le remplacer par un califat islamique. Mais présentée comme une cause humanitaire, la question des prisonniers est mieux reçue en Occident.
C’est ainsi que le Hamas menace aujourd’hui de déclencher un nouveau conflit pour protester contre les mesures prises par le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. Ce dernier a en effet très mal pris l’explosion de joie dans les prisons à l’annonce du glorieux attentat du vendredi soir 27 janvier, quand un « héroïque palestinien » avait tué cinq juifs et blessé plusieurs autres, alors qu’ils sortaient de leur synagogue avant d’être abattu. Les autorités de Ramallah, elles, s’étaient déjà empressées de venir en aide à la famille du martyr, en butte aux tracasseries de l’Occupant, en lui versant une somme importante.
Ce n’est d’ailleurs que le début. l’Autorité palestinienne, qui assure une rente mensuelle aux prisonniers, fait de même pour les familles de ceux « qui ont donné leur vie pour la patrie. » Les autorités israéliennes ont beau protester contre ce qu’elles qualifient d’incitation à la terreur, selon Le Monde « le président Abbas a souligné à plusieurs reprises que le soutien aux familles des prisonniers et des “martyrs”, “constitue un devoir national, humanitaire et social qui doit toujours être rempli, indépendamment des pressions israéliennes et internationales. »
Ce que n’explique pas le vieux leader dont le mandat présidentiel est achevé depuis des années, et qui se garde de bien de convoquer de nouvelles élections, c’est la façon dont est calculé ce soutien. Ce n’est pas le caractère héroïque des attentats qui compte, mais leur résultat. Plus ils font de victimes, plus la rente augmente.
Un prisonnier ayant retrouvé la liberté après avoir purgé sa longue peine, avouait récemment à un reporter de la chaine israélienne Keshet que sa rente mensuelle s’élevait à un peu plus de deux mille euros par mois. De quoi faire quelques belles économies, lorsqu’on est comme on dit « nourri, logé et blanchi aux frais de la princesse ». L’assassin d’hier va pouvoir vivre confortablement, entouré du respect de tous. Du respect – mais aussi d’une certaine envie, laquelle s’accompagne parfois d’un désir d’émulation. D’autant que nombre de prisonniers mettent leur séjour forcé derrière les barreaux à profit pour entamer des études universitaires qu’ils n’auraient jamais pu se permettre autrement.
Et puis, il y a aussi les jeunes, et même les très jeunes, qui cherchent à venir en aide à leurs parents en mourant en martyrs. Comme le gamin de 13 ans qui a grièvement blessé deux Israéliens avant d’être blessé lui-même. Avant de quitter la maison, il avait écrit : « Maman, tu seras fière de moi. »
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.