Les complicités du tueur Raad Hazem et l’appel à l’Etat d’Urgence 

Les cris de joie dans les territoires, au sein du clan familial et jusqu’au Liban doivent nous alerter sur le soutien et les complicités directes et indirectes dont Raad Hazem a bénéficié :

Les groupes terroristes auxquels on a affaire, depuis le début de cette vague, sont à la remorque de cellules de petite taille, à peine quelques individus ultra-déterminés, qui parviennent à passer à l’action, sans éveiller les soupçons ni alerter autour d’eux. Il s’agit de clans qui empruntent les procédés de toute la gamme existante qui va de Daesh, au Djihad Islamique, en passant par l’approbation d’anciens officiers de la sécurité palestinienne, comme le père du dernier tueur. Avec le retour de Jénine dans le collimateur des services de sécurité, on retourne aussi au point de départ et à l’objectif de l’Opération «Rempart» de 2002, menée par Ariel Sharon, sans que les comptes ne soient vraiment réglés, à cause de cette configuration en micro- ou sous-filiales d’anciennes organisations, type les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, sûrement en complète dissidence vis-à-vis des anciens apparatchiks.

D’autre part, une fois que l’infiltré a franchi la symbolique «barrière de sécurité», il trouve facilement des relais pour le convoyer vers son ou ses objectifs, ainsi que des armes de guerre meurtrières pour accomplir son forfait. Ce qui signifie qu’il faut remonter le peu de traces laissées par des «individus» (ou groupuscules) très peu repérables, habiles à se glisser sous les radars.

Des failles sont repérées dans le dispositif physique qui encadre la Judée-Samarie, mais, au-delà, on doit se poser la question de la mise à disposition de toute une infrastructure, allant de la voiture ou du chauffeur au stock d’armement qui n’attendrait que d’être activé au besoin, dans des planques, de préférence situées en Israël même ou des villages près de la barrière pleine de béances.

On ne peut compter sur aucun appui du côté palestinien et on doit en déduire que les territoires doivent être fermés, le plus hermétiquement possible, durant toute la période qui vient. S’il est juste de redouter toutes les formes mobilisables d’incitation durant le ramadan -comme la façon dont le père même du tueur s’est exprimé pour glorifier les meurtres de son fils, en exhortant tous les autres à suivre son exemple – , et d’identifier cette période actuelle comme rythmant la cadence des attentats, 4 jusqu’à présent faisant 13 morts, alors il faut poser la question de la fermeture des robinets : interdire le territoire israélien aux profils menaçants passe par le filtrage sécuritaire intensif des passages pour permis de travail en Israël, du retrait du droit de pèleriner à «Al Aqsa» (selon des tranches d’âges réputées dangereuses) jusqu’à «nouvel ordre», le fait de cerner, au sein de la population arabe israélienne les segments «à risques» de la simple accointance à un mode plus actif de complicité au cours de ces vagues de terreur.

Empêcher autant que possible d’entrer en Israël est une chose. Dans l’autre sens, les forces spéciales et le Shin Bet doivent avoir une totale liberté d’action pour aller arracher les têtes au sein même du vivier de serpents qui nous menace, comme à Jénine et démanteler toute forme de réseautage à l’état même d’embryon. Le point de passage de Gilboa (Jalama) est fermé à ce stade, afin d’isoler les options de circulation depuis et vers la ville de Jénine.

Mais voulant rassurer en disant qu’il n’y avait plus de limite à l’action débridée de Tsahal et des forces de sécurité, Bennett ne fait qu’indiquer qu’il est proche d’un indice de rupture en ne parvenant pas à dissiper le sentiment général de crise politique et de faiblesse caractérisant sa coalition. Ce sont ses propres rangs qui tempêtent, d’Idit Silman à Nir Orbach et peut-être Ayelet Shaked. Les motifs tiennent à l’identité sioniste-religieuse de ces députés de Yamina, évoquant tour à tour le Hametz et l’autorisation gauchiste donnée par Horowitz aux hôpitaux de mélanger pain et matza à Pessah, au refus catégorique d’évoquer le sort des constructions en Judée-Samarie, alors que cela tient au projet politique même de ce parti minoritaire de droite.

Cette identité s’appuie également sur un volet sécuritaire qui devrait être inflexible, incarné par Ayelet Shaked, mais qui ne peut trop se permettre de convoler avec des profils plus «souples», voire élastiques, comme Lapid, Gantz, Bar-Lev, et que dire du discret Mansour Abbas comme représentant des Bédouins par lesquels le loup est entré dans la bergerie, à Beer-Sheva, il y a à peine quelques semaines ?

D’une minute à l’autre, ce gouvernement peut flancher et se disperser, lançant les dés pour un nouveau round électoral, à l’opposé d’une image de stabilité et d’unité résolue, dont Israël aurait le plus grand besoin pour faire face à la seule vraie crise qui compte à cet instant : celle du terrorisme qui s’infiltre dans les villes centrales du pays…

Une solution provisoire pourrait résider dans la décision de plusieurs groupes parlementaires partageant ce souci d’ériger un principe d’Etat d’urgence anti-terroriste, le temps nécessaire qu’il faudrait pour ressouder les failles de la barrière de sécurité et restaurer une dissuasion imparable qui renvoie les nids de frelons palestiniens à l’âge de pierre pour leur passer l’envie de tuer, seul et unique loisir national définissant cette «culture» par effet de contraste avec la société juive tournée vers la vie, comme ces deux jeunes de Kfar Saba, sortis boire une bière :

Tous deux étudiants à l’Université de Tel-Aviv.

© Marc Brzustowski pour Israël 24/7

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