Action…
La Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant. Ils sont accusés de présumés crimes de guerre. Traduction : autodéfense et représailles.
La victime est un pauvre petit Hamas artisanal.
Nulle mention, dans l’accusation, du pogrom qui a fait 1200 morts civils, dont un maximum de femmes et d’enfants, 4500 blessés, 240 otages, le tout précédé ou suivi d’innombrables viols sur les uns et les autres.
Comme la CPI prétend à la justice, qu’elle confond avec symétrie, elle a aussi inculpé un dirigeant du Hamas, Mohammed Deif. Certes, il est mort depuis trois mois. Mais ce qui compte, c’est l’équilibre : j’inculpe à droite, j’inculpe à gauche, cabale au centre.
Reconnue par 60% des pays du monde, la CPI a été formée en 2002 pour juger des crimes de guerre. Sa compétence est limitée aux États qui la reconnaissent et elle obéit au principe de complémentarité : elle n’est déclenchée que si l’État-membre accusé n’a pas déjà pris des mesures. Son procureur en chef, Karim Khan, avocat britannique musulman, est un antisémite notoire, qui plus est accusé de brutalité et de harcèlement sexuel. Oups, pas antisémite, antisioniste : il ne s’attaque pas aux individus juifs, seulement à l’État juif. Pas à Bashar el-Assad, pas à Xi Jinping, pas à Kim Jong-un, pas à Poutine, pas à Khamenei, juste à Netanyahou :
« Lorsque j’ai pris mes fonctions de procureur en juin 2021, j’ai créé pour la première fois une équipe chargée d’enquêter sur la situation en Palestine. Et au cours des deux dernières années, alors que j’ai appelé, demandé, plaidé pour des ressources supplémentaires, j’ai également augmenté régulièrement les ressources et le personnel pour l’enquête sur la Palestine. … l’enquête sur la Palestine a toujours été, et reste, une enquête très importante au sein de la CPI. »
Ni Israël ni les États-Unis ne reconnaissent la compétence de la CPI. De toute façon, la Cour ne dispose d’aucune force contraignante pour faire appliquer ses mandats.
En revanche, les pays qui en sont membres ont signé un traité qui les oblige à donner suite aux mandats d’arrêt si les dirigeants dont la tête est mise à prix se trouvent sur leur territoire.
… Réactions
Le Gnafon de l’UE, Josep Borrell, est tombé de sa chaise quand les mandats d’arrêt, qui ont fait sa joie, ont été qualifiés de « politiques ». Ce n’est pas par antisémitisme ou pour des motifs de basse politique qu’agit cet ennemi déclaré de l’État juif. C’est pour se conformer au droit international. Le Droit international, alias l’ONU, dit qu’il y a un droit commun pour les 120 millions de réfugiés lambda et un droit particulier pour les « réfugiés palestiniens » à qui le droit commun ne s’applique pas. Le « Droit international » dit qu’il y a une loi pour 192 États-membres de l’ONU et un gauche particulier pour le 193ème, l’État juif, à qui le droit commun ne s’applique pas.
- Le ministre des Affaires étrangères du pays d’Edam et Gouda, Caspar Veldkamp, a déclaré : « Les Pays-Bas respectent évidemment l’indépendance de la CPI. » Évidemment, comme ils respectent les équipes de foot étrangères et leurs supporters.
- Son homologue norvégien, Espen Barth Eide, a ronronné : « Il est important que la CPI s’acquitte de son mandat de manière judicieuse. » L’antisémitisme de la Norvège remonte à Luther. L’article II de la constitution de 1814 interdisait la présence des juifs sur son sol. Judicieuse et fallacieuse sont dans le Titanic de la CPI. Réalité tombe à l’eau…
- L’Irlande partage le tropisme antijuif de la Norvège. Son Premier ministre, Simon Harris, a jubilé en apprenant cette « étape extrêmement importante » et s’est porté volontaire pour soutenir quiconque envisagera d’appliquer la décision de la CPI « de toute urgence ». Rien à voir avec la politique, bien sûr. À l’Union européenne, où les votes se font à l’unanimité, l’Irlande a bloqué une déclaration définissant le Hezbollah comme une organisation terroriste. Et rien à voir avec de l’antisémitisme, c’est encore plus sûr.
- Le pays dont Maria Malmer Stenergard est ministre des Affaires étrangères, respectera l’indépendance de la CPI et décidera si la décision d’arrêter Netanyahu et Gallant sera appliquée. L’immigration-chance-de-la-Suède a déjà rendu un certain nombre de villes suédoises Judenrein : si la décision est appliquée, ce statut pourra être élargi à la Terre entière. Ce n’est qu’un dé-but, con-ti-nuons-le com-bat !
- Alexander Schallenberg, son homologue dans un pays qui a collaboré au nazisme après avoir été anschlussé, n’a toujours pas résolu la contradiction entre le faire et le dire : il a déclaré que le mandat est « incompréhensible et ridicule », mais l’Autriche arrêtera les ministres israéliens, pour se conformer au Statut de Rome.
- L’Italien Antonio Tajani consultera ses alliés pour faire comme eux. Ou pas : « Nous soutenons la CPI […] mais la Cour doit jouer un rôle juridique et non un rôle politique. » Il ne prend pas la lanterne Borrell pour sa vessie.
- Le porte-parole du gouvernement britannique a précisé : « Israël a le droit de se défendre en conformité avec le droit international. Il n’existe aucune égalité morale entre Israël, un État démocratique et le Hamas et le Hezbollah qui sont des organisations terroristes. » Pour autant, même après le Brexit, la Grande-Bretagne reste engagée par sa signature à la CPI et Downing Street affirme que les dirigeants israéliens risquent l’arrestation s’ils posent un orteil chez la perfide Albion.
Et contradictions
La Hongrie n’a pas mâché ses mots. Son ministre des Affaires étrangères, Szijjártó Peter, a twitté que la motion était « honteuse et absurde. Cette décision déshonore le système judiciaire international en mettant sur le même plan les dirigeants d’un pays attaqué par un odieux attentat terroriste et les dirigeants de l’organisation terroriste qui en est responsable ».
À l’est encore, du nouveau : le parlement tchèque a joint le geste du CPIxit à la parole de la CPI contre les dirigeants israéliens.
Et puis le Premier ministre hongrois, Viktor Orban a invité Netanyahou à Budapest, lui promettant que le mandat de la CPI « ne serait pas appliqué ».
Le Président argentin, Javier Milei, « exprime son profond désaccord avec la dernière décision de la CPI … {qui} dénie à Israël son droit légitime à se défendre face aux attaques incessantes des organisations terroristes du Hamas et du Hezbollah. Israël fait face à une agressivité cruelle, à une prise d’otages inhumaine et à une agression de toute sa population sans exception. Dénier la légitime défense à une nation tout en ne mentionnant pas ces atrocités est un acte qui déforme l’esprit de la justice internationale.»
Joe Biden, encore théoriquement aux manettes, a condamné… la CPI : le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche a déclaré une « telle décision inacceptable. Les États-Unis rejettent fondamentalement la décision de la Cour de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre de hauts responsables israéliens. » Le sénateur Lindsay Graham, allié du président élu Donald Trump, est allé plus loin : « La Cour est une plaisanterie dangereuse. Il est temps que le Sénat américain agisse et sanctionne cet organe irresponsable ».
Arrogance et mal-comprenance, deux mamelles françaises
Christophe Lemoine, qui porte la parole du ministère français des Affaires étrangères, a eu la lourde tâche de souligner l’importance primordiale de la CPI, mais en même temps, d’en limiter les effets, car l’arrestation en France de Netanyahu ou Gallant serait « un point juridiquement complexe ». Pas besoin d’être un antisémite de base comme ceux à qui s’adresse ce message contradictoire, pour souligner que :
- Soit la réaction de la France, fayotant la CPI, est conforme au Droit. Dans ce cas, il sera encore plus simple d’arrêter Netanyahou et Gallant (s’ils passent par là), que ça l’a été de déporter les enfants juifs en plus des seuls adultes réclamés par les nazis, lors de la rafle du Vel d’Hiv en 1942 ;
- Soit la CPI, émanation d’une ONU de 95 dictatures et 72 démocraties ne représente pas les valeurs de liberté (y compris des Juifs), d’égalité (y compris pour les Juifs) et de fraternité (y compris envers les Juifs). Dans ce cas, la France a encore moins de raison d’obéir à ses diktats qu’elle en avait de promulguer la loi sur le statut des Juifs en 1940.
La France en général et Macron en particulier aiment bien sonner la fin de la récré en délivrant des oracles. Ils expliquent : ces mandats d’arrêt ne constituent « pas un jugement mais la formalisation d’une accusation. La France prend néanmoins acte de cette décision. » (= Un coup à droite). Un petit coup de brosse à reluire : « engagement de longue date en soutien à la justice internationale, son attachement au travail indépendant de la Cour. » (= Un coup à gauche). Puis une botte en touche avec la demande du « strict respect du droit international humanitaire et la protection des civils » (langue de bois), qui s’applique à « toutes les parties » (et bois de langue). Deux figures imposées : l’appel à « l’entrée massive de l’aide humanitaire » et « le caractère inacceptable des pertes civiles ». Pour finir en apothéose sur une demande de grâce pour le Hamas : un « cessez-le-feu permanent pour mettre fin à la catastrophe humanitaire à Gaza ».
Certes, la question l’arrestation éventuelle des dirigeants hébreux, si nos services en avaient l’occasion, n’a pas eu de réponse claire. Mais elle eût été superfétatoire, car si le souhait français d’une régénération du Hamas se réalisait, il deviendrait inutile d’arrêter les Juifs, il suffirait de les regarder se faire exterminer. On pourrait même les plaindre. Après.
Quand on compare l’accusateur et les accusés, on obtient un angle aigu et une vision oblique sur la rectitude du premier et la culpabilité des seconds.
Pendant les travaux de la CPI, les affaires des terroristes islamistes continuent.
© Liliane Messika pour Israël24/7.org