Le journaliste israélien Ronen Bergman a publié dans le New York Times les résultats d’une enquête interne du Mossad qu’il a obtenue de première main, basée sur des déclarations d’agents, des interrogatoires de suspects, des écoutes téléphoniques et des images de surveillance.
L’information a été confirmée à M. Bergman par cinq hauts responsables du Mossad au début de ce mois de juillet 2022, selon le journaliste.
L’enquête fournit une description détaillée de la façon dont les attentats ont été planifiés, y compris la façon dont le matériel pour les explosifs a été introduit clandestinement en Argentine dans des bouteilles de shampoing et des boîtes de chocolat.
Si le Mossad souligne que les services de renseignement israéliens sont toujours convaincus que l’Iran, qui soutient le Hezbollah, a approuvé et financé les attentats et a fourni l’entraînement et le matériel nécessaires, ses conclusions contredisent les affirmations israéliennes, argentines et américaines de longue date selon lesquelles Téhéran a joué un rôle opérationnel sur le terrain.
L’enquête contrecarre également les soupçons en Argentine selon lesquels des fonctionnaires locaux et des citoyens argentins ont été complices.
- Le premier attentat, qui a tué 29 personnes en 1992, visait l’ambassade d’Israël.
- Le second, en 1994, a visé le centre communautaire juif AMIA, tuant 86 personnes, dont le terroriste.
- Les mêmes agents du Hezbollah responsables de l’attentat à la bombe de l’AMIA étaient à l’origine de l’attentat contre un avion de ligne panaméen le lendemain, qui a tué 21 passagers, dont 12 dirigeants de la communauté juive de Panama.
Les attaques ont été menées par le Hezbollah pour se venger des opérations israéliennes contre le groupe au Liban, selon l’enquête du Mossad. Il a déclaré que le Hezbollah avait utilisé une infrastructure secrète construite au fil des ans à Buenos Aires et ailleurs en Amérique du Sud pour planifier les attaques. Notons que depuis, ces infrastructures ont été très fortement renforcées, jusqu’au sommet des gouvernements.
- L’enquête a révélé que les explosifs utilisés dans les deux attentats ont été introduits clandestinement en Argentine par des agents du Hezbollah dans des bouteilles de shampoing et des boîtes de chocolat sur des vols commerciaux en provenance de plusieurs pays européens.
- Ils ont ensuite été cachés dans un parc de Buenos Aires.
- Les produits chimiques utilisés pour fabriquer les bombes ont été achetés par une société commerciale servant de couverture aux opérations sud-américaines du Hezbollah, selon l’enquête.
Les terroristes n’ont pas été traduits en justice ni été tués lors des représailles israéliennes contre le Hezbollah au fil des ans. Ils vivent au Liban, selon l’enquête.
- Des « notices rouges » Interpol ont été publiées à l’encontre de deux personnes accusées d’être des assaillants, toutes deux identifiées dans l’enquête du Mossad comme des agents du Hezbollah libanais.
- Une troisième personne est recherchée par les Etats-Unis.
- Imad Mughniyeh, qui a été désigné dans l’enquête du Mossad comme le chef de l’unité qui a mené les attaques, a été tué lors d’une opération conjointe israélo-américaine en 2008.
- Plusieurs responsables iraniens sont recherchés en Argentine pour leur rôle dans l’attentat de l’AMIA, qui a été perpétré par le Hezbollah.
- L’Iran, qui nie toute implication dans l’attentat, a rejeté à plusieurs reprises les demandes argentines visant à faire témoigner les accusés.
L’Argentine, Israël et les États-Unis accusent depuis longtemps les responsables de l’ambassade d’Iran à Buenos Aires d’avoir soutenu les attentats par une aide matérielle et organisationnelle. Téhéran a démenti à plusieurs reprises ces allégations. Le Mossad vient de confirmer les dires de l’Iran.
En 2012, la présidente argentine de l’époque, Cristina Kirchner, a signé un protocole d’accord avec l’Iran qui aurait établi une « commission de vérité » pour enquêter sur l’attentat de l’AMIA. Lorsqu’on parle de corruption aujourd’hui, on imagine mal un tel degré : une commission de vérité signée avec le principal suspect.
Les dirigeants de la communauté juive d’Argentine avaient critiqué cet accord hallucinant. En 2014, un tribunal argentin a déclaré l’accord anticonstitutionnel.
Ce qu’on retient, c’est que l’enquête du Mossad citée par le New York Times a révélé que l’Iran n’avait pas été impliqué dans l’exécution des attaques ni fourni d’assistance localement. Le Hezbollah a agi seul. Et la France refuse de le désigner comme organisation terroriste : voilà un autre exemple de corruption.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org