Une équipe juridique israélienne chargée par le gouvernement israélien d’aider l’Agence juive à faire face à une audience devant un tribunal de Moscou ce jeudi, destiné à faire interdire l’agence à la demande du gouvernement russe, n’a pas pu quitter Israël, car la Russie a refusé les visas nécessaires à l’entrée de la délégation.
Le ministère russe de la Justice n’a pas répondu à la demande israélienne de les rencontrer, et en l’absence d’une approbation officielle de la réunion, l’ambassade de Russie est incapable de délivrer des visas, a déclaré une source de Jérusalem à JewishPress.com.
La délégation, dirigée par Tamar Kaplan, avait pour mission de convaincre le gouvernement russe de revenir sur sa décision de fermer les bureaux de l’Agence juive dans le pays lors de négociations avec de hauts responsables à Moscou.
Mais le voyage a été bloqué, et pourrait même être annulé : la Russie boycotte les Israéliens et ne veut pas les rencontrer et leur parler.
Même si Moscou change d’avis et délivre les visas, il n’est pas certain, à ce stade, que la délégation arrive à temps pour aider l’Agence juive à lutter pour sa survie.
L’Agence juive est responsable de nombreuses activités communautaires juives dans le pays, en plus de servir de canal par lequel les Juifs russes immigrent en Israël.
La décision de la Russie de fermer l’Agence est considérée comme un mauvais présage.
Le rabbin Pinchas Goldschmidt, jusqu’à récemment grand rabbin de Moscou, a déclaré lundi au site d’information en hébreu Ynet :
« Dans l’ensemble, nous sommes aujourd’hui dans une situation où le rideau de fer est à nouveau partiellement tombé entre la Russie et le monde occidental.
L’un des signes de la chute du rideau de fer est la mise hors la loi des activités de l’Agence juive », a déclaré le rabbin, qui a occupé son poste pendant 33 ans.
Goldschmidt a été contraint de quitter Moscou après avoir refusé d’exprimer son soutien à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Aujourd’hui, prévient-il, les Juifs russes sont confrontés à un nouveau défi inquiétant.
« Quiconque a l’esprit ouvert voit dans cette situation le début d’une nouvelle ère pour les Juifs de Russie et pour la Russie », a déclaré Goldschmidt, qui continue de présider la Conférence des rabbins européens.
« La communauté juive craint que la fermeture des bureaux de l’agence ne soit pas la dernière étape. En général, ils y voient une détérioration des relations avec Israël et une crainte sérieuse de détérioration des relations entre le gouvernement et la communauté », a-t-il ajouté.
« Je m’inquiète du sort de la communauté juive [en Russie], absolument. Nous ne vivons pas dans un vide », a déclaré le rabbin.
On craint, en fait, que la Russie aille jusqu’à empêcher les Juifs d’immigrer en Israël, comme cela s’est produit à l’époque de l’Union soviétique.
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un résident juif de 33 ans de Saint-Pétersbourg a déclaré à la chaîne israélienne N12 :
« Parlons de sentiments, pas de faits. Les sentiments concernant la possibilité d’un retour du rideau de fer et la crainte de ne pas pouvoir se rendre en Israël ne sont pas seulement liés à Israël mais au fait que la frontière sera fermée.
Si les frontières restent ouvertes, alors nous pourrons nous rendre en Israël, peut-être avec un peu plus de difficultés, peut-être en passant par un autre pays. Peut-être qu’ils n’appelleront pas cela ‘aliya’ mais plutôt ‘évacuation’ et peut-être que nous voyagerons sans plans et sans soutien – nous arriverons juste en Israël et ils nous enverront à l’hôtel.
Quoi qu’il en soit, la plupart des inquiétudes augmentent, non pas à cause de la peur que l’agence soit fermée, mais parce que le gouvernement fermera les frontières en général et ne laissera pas la possibilité de partir. »
Selon des sources politiques citées par Ynet, la fermeture des bureaux de l’Agence juive en Russie portera gravement atteinte au tissu de la vie sociale de la communauté juive du pays.
On craint également que la Russie ne prenne des mesures supplémentaires contre d’autres organisations juives et ne bloque les activités du bureau de liaison Nativ rattaché au bureau du Premier ministre israélien.
La principale crainte reste cependant que la Russie empêche ses Juifs de s’installer en Israël.
Hier, un ancien ambassadeur d’Israël en Russie a déclaré que l’interdiction de l’Agence juive n’est que la pointe visible de l’iceberg, qu’il faut faire le lien avec les récentes déclarations hostiles du ministre des Affaires étrangères russe, qu’une hostilité de longue date couvait dans l’entourage de Poutine, et que les propos déplacés de Yair Lapid ne sont pas la cause, tout juste le prétexte du durcissement, puisque lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, Israël a eu une politique favorable à la Russie.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
Source : https://www.jewishpress.com