La rafle oubliée : au Vieux-Port de Marseille

Entre les 22 et 24 janvier 1943, une série de rafles ont été conduites dans les vieux quartiers de Marseille sur ordre des nazis, avec la complicité enthousiaste de la police française.

Hitler avait décidé « d’épurer » avec la participation de la police française dirigée par l’ami de François Mitterrand, René Bousquet. Cette opération Sultan a conduit à la déportation d’environ 30.000 juifs, et au transfert forcé de 12.000 juifs dans un camp de rétention à Fréjus.

Cette opération marque la première rafle massive de familles juives françaises à Marseille ainsi que l’évacuation et la destruction du quartier nord du Vieux-Port, qui symbolisait pour les nazis la « gangrène » de Marseille, avec son crime, son vice, sa saleté et son cosmopolitisme.

La police contrôla les documents d’identité de 40 000 personnes, et l’opération permis d’envoyer 2 000 Juifs d’abord à Fréjus, puis au camp de Royallieu près de Compiègne, dans le Nord de la France, et enfin au camp d’internement de Drancy, dernière étape avant les camps d’extermination.

Près de 2 000 juifs de Marseille ont été envoyés à la mort dans les camps d’exterminations nazis, et tout un quartier populaire baptisé « la petite Naples », le 1er arrondissement de Marseille derrière le Vieux-Port, a été vidé de force de ses habitants.

« Comme 90 % des déportés, mon père était un taiseux »

Parmi ces immigrés italiens se trouvait la famille d’Antoine de Gennaro. Ses grands-parents tiennent un café près de la rue du Panier. Le 24 janvier 1943, sa grand-mère Augusta, son arrière-grand-père Alfonso et son père Alphonse, alors âgé de 17 ans, sont arrêtés. Ils sont d’abord envoyés au camp de Fréjus. « Mon arrière-grand-père était un vieillard de 70 ans, raconte Antoine de Gennaro. Il est décédé le 27 janvier 1943 au camp de Fréjus à cause d’une bronchite. Il n’y avait pas assez de place dans le camp, donc il dormait sur la paille, en plein hiver.»

Sa grand-mère et son père sont déportés dans deux camps différents, et ont tous deux survécu. A son retour à Marseille, son père pèse 31 kg. Et pendant des années, Antoine de Gennaro n’en saura guère plus. «Mon père est décédé quand j’avais 26 ans, explique-t-il. A cette époque-là, on n’avait pas le même relationnel avec ses parents. Il parlait très peu de ce qu’il a vécu. Comme 90 % des déportés, c’était un taiseux. Je savais juste l’enfer de la déportation. J’ai demandé plusieurs fois à mon père ce qui s’était passé. Il répondait qu’il me dirait le moment venu. Et ce moment n’est jamais venu. Je le regrette profondément.»

© Equipe de rédaction Israel247.org.

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