La gauche israélienne a perdu plus qu’une élection – première partie

Manifestation de gauche à Tel Aviv

La gauche israélienne mobilise la rue pour « sauver la démocratie » dit-elle, mais personne de sérieusement honnête ne la croît. Ce qu’elle veut, c’est sauver le peu de pouvoir qui lui reste. La « véritable menace pour la démocratie israélienne », explique le Wall Street Journal, « c’est la révolution judiciaire [que la gauche a engagé], et non la tentative de réforme, car elle avait usurpé le pouvoir et bouleversé l’équilibre ».

C’est dans ce contexte que je veux revenir sur les raisons pour lesquelles la gauche israélienne, alors qu’une partie significative des juifs occidentaux ont épousé depuis un siècle les thèses socialistes et maintenant progressistes, s’est heurtée à un mur et s’y est fracassée.

Problème numéro un : Au lieu de s’occuper des problèmes sociaux et matériels, la gauche israélienne a préféré résoudre le conflit au Proche-Orient, ce en quoi elle a échoué parce qu’elle a prêté aux Arabes des intentions qu’ils n’ont pas. Pourquoi ? Parce que l’idéologie de gauche autorise à prendre autant de distances que besoin avec la réalité pour faire avancer un programme. Mais les Arabes eux, ne se sont pas écartés de la réalité, et ils l’ont rappelé dans le sang aux Israéliens.

Pendant que la gauche appelait à compatir au sort misérable des pauvres Palestiniens, les terroristes massacraient les enfants israéliens dans les cafés, les pubs et les boîtes de nuit. Les Israéliens ont dit stop.

Les Israéliens ont dit stop, mais la gauche avait beaucoup de pouvoir.

En 1995, le parti socialiste Havoda, une sœur des social-démocrates allemands, avait 44 députés à la Knesset, soit plus d’un tiers des sièges, et le parti Meretz, à l’extrême gauche, en avait 12. Le puissant bloc de gauche, avec 56 sièges au total, et les médias à son service, a fait les accords d’Oslo, avec l’aide des députés arabes et des anciens communistes.

L’échec dans le sang de cet accord a marqué le début du déclin des partis de gauche, qui se sont obstinés dans le déni de la réalité – leur discours d’aujourd’hui est le même que celui des années 90.

Après le début de l’Intifada en 2000, la plupart des Israéliens ont compris que le slogan « la terre pour la paix » repris par la gauche israélienne était un leurre : ça revenait à donner quelque chose qu’on ne pouvait pas reprendre en cas d’échec, contre quelque chose de fragile et de fluctuant (Morsi, en Egypte, voulait déchirer le traité de paix – sans rendre le Sinaï ; l’OLP veut toute la terre -sans résoudre les points des accords d’Oslo). Cela revenait à donner du solide, du dur : des territoires, contre des mots, des promesses, qu’aucun document ne pouvait garantir. Surtout, les terroristes islamistes n’obéissent qu’à leur Dieu, et ne reconnaissent que le coran. Qui oblige à convertir toute la planète, pas seulement Israël, à l’islam. Et le coran ne reconnaît aux traités que la valeur d’une pause dans son projet suprémaciste et mondialiste.

Moralité, aujourd’hui, Havoda ne compte plus que quatre députés, le Meretz a perdu toute représentation à la Knesset, et l’alliance d’extrême-gauche Hadash-Ta’al a également été rejetée par les électeurs.

La chute de la gauche israélienne

Lorsqu’on parle de la chute de la gauche israélienne, on devrait en fait dire que ce sont leurs électeurs qui se sont détournés des idées que défendent les partis de gauche. Pourquoi, je l’ai abordé en préambule : c’est eux qui se sont les premiers détournés des idées de gauche. L’inflation, avez-vous entendu les dirigeants de gauche la dénoncer ? Sur le bout des lèvres. Le coût de la vie ? Presque pas. Leur agenda politique, en revanche, prévoit surtout la création d’un Etat palestinien, la reddition de la Judée Samarie, une généreuse aide économique aux Arabes, et la lutte contre la discrimination contre les Arabes.

La vie politique dans les nuages

La gauche vit sur un petit nuage.

  1. La plupart des Israéliens savent que l’idée d’un État palestinien est mort-née.
  2. Le peuple palestinien est une construction politique, une invention des années 60.
  3. Ni la majorité des Arabes, ni la majorité des Israéliens ne veulent de cet État palestinien.
  4. La « solution à deux Etats » est une imposture, car s’il fallait absolument créer d’autres Etats islamiques, il faudrait déjà en créer deux et pas un : un à Gaza pour le Hamas, et un autre en Judée Samarie pour le Fatah.
  5. Ce deux nouveaux Etats arabes sont ennemis, irrémédiablement ennemis. Les imaginer comme entité commune, seuls les gauchistes, qui ne voient pas pourquoi la réalité devrait s’imposer à eux, peuvent le croire. Si l’on veut parler de deux Etats, il faut parler de trois Etats.
  6. Gaza, enfer islamiste, devrait être créé en tant qu’Etat ? C’est un gag !
  7. Enfin, toutes les aides économiques, toutes les mains tendues aux Arabes sont comprises par eux comme une faiblesse. S’ils le voulaient, avec les millions qu’ils reçoivent du Qatar, de l’UE et des autres donateurs arabes, ils pourraient créer un Hong Kong du Moyen-Orient à Gaza. Ils n’ont pas besoin de l’aide israélienne pour cela.
  8. Seuls des personnes extérieures, comme les dirigeants politiques de l’UE et les Démocrates américains sont intéressés par la création de tels Etats. Avec une obstination sans faille, ils investissent des milliards de l’argent des contribuables dans une chimère, et s’obstinent à espérer que les mêmes causes produiront des résultats différents.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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