La chutzpah de l’Ukraine

Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy (Ukrainian Presidential Press Office via AP)

Que doit Israël à l’Ukraine ?

Le journaliste Daniel Greenfield, juif religieux, conservateur Républicain, n’est pas poutiniste. Ses critiques de l’Ukraine et de Zelensky sont d’autant plus intéressantes, dans le contexte – que je n’aime pas – de polarisation totale sur le conflit ukrainien, par des gens qui le mois dernier en savaient autant sur l’Ukraine que moi de Meta Verse, et ont de la Russie une idée tellement éloignée de la réalité, qu’ils ne veulent surtout pas entendre le moindre fait qui pourrait les informer de ce qu’est réellement ce pays – et Poutine.

Dans ce contexte, je vous ai traduit des extraits de cet article de Greenfield, pour qui j’ai de l’estime dans la qualité des analyses, paru sur Frontpage le 15 mars sous le titre : “La routzpah ukrainienne” (routzpah veut dire culot en Yiddish), avec mes commentaires entre crochets (les sous-titres et la mise en page sont de moi).

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L’ambassadeur d’Ukraine en Israël n’est pas content. L’ambassadeur Korniychuk a exigé qu’Israël cesse toute relation commerciale avec la Russie. Pendant ce temps, les transactions commerciales de l’Ukraine avec l’Iran ont augmenté de plus de 30 % et ont atteint près de 2 milliards de dollars. Les exportations iraniennes vers l’Ukraine ont augmenté de 40 %.

Cela signifie littéralement que l’Ukraine finance le terrorisme islamique contre Israël. Et le génocide. [JPG tout comme la France, les Etats-Unis de Biden et d’Obama, mais surtout Poutine, qui est l’allié actif de l’Iran et d’Assad…]

L’Ukraine est-elle prête à cesser toute relation commerciale avec l’Iran en échange de la cessation par Israël de ses relations commerciales avec la Russie ? Ne soyez pas stupide. Leurs demandes ne vont que dans un sens.

L’Holocauste, les nazis, l’antisémitisme

Le président ukrainien Zelensky a invoqué à plusieurs reprises l’Holocauste dans sa campagne d’influence contre l’invasion russe de son pays. “Quel est l’intérêt de dire ‘plus jamais ça’ pendant 80 ans, si le monde reste silencieux quand une bombe tombe sur le même site de Babyn Yar ?” a-t-il tweeté.

Une meilleure question pourrait être de savoir pourquoi un pays dont le peuple était responsable d’une grande partie du massacre des Juifs à Babi Yar s’approprie sans vergogne l’Holocauste pour sa propagande.

D’autant plus que l’Ukraine, comme la Russie, continue de financer le génocide moderne des Juifs.

Pendant l’Holocauste, les nationalistes ukrainiens ont participé en grand nombre aux massacres de Juifs. Y compris à Babi Yar. Plutôt que de ressentir un quelconque sentiment de honte pour cela, Bandera et ses voyous, qui étaient responsables du meurtre de dizaines de milliers de Juifs, sont des héros nationaux et continuent d’être célébrés en Ukraine. Y compris par Zelensky.

“Stepan Bandera est un héros pour une certaine partie des Ukrainiens, et c’est une chose normale et cool. Il était l’un de ceux qui ont défendu la liberté de l’Ukraine”, soutenait Zelensky il y a quelques années.

C’est soit l’un soit l’autre mais pas les deux : vous pouvez envelopper votre cause dans l’Holocauste ou célébrer Bandera, mais vous ne pouvez pas faire les deux.

“Je m’adresse à tous les Juifs du monde : Ne voyez-vous pas pourquoi cela se produit ? C’est pourquoi il est très important que des millions de Juifs dans le monde ne restent pas silencieux en ce moment”, a récemment demandé Zelensky dans un discours qui a été utilement traduit en hébreu par son bureau.

Un peu de mesure

Ce qui se passe en Ukraine est mal, mais ce n’est pas un génocide. Contrairement à l’Allemagne nazie et à ses alliés nationalistes ukrainiens, les Russes ne font pas défiler des dizaines de milliers d’Ukrainiens, hommes, femmes et enfants, pour les déshabiller, les abattre et les jeter dans des fosses. De même, à l’instar des partenaires commerciaux iraniens de l’Ukraine, la Russie ne complote pas pour larguer des bombes nucléaires sur les villes d’Ukraine.

Compte tenu des siècles de massacres de Juifs perpétrés par des héros nationaux ukrainiens tels que Bogdan Chmelnitsky, Simon Petlura et Stepan Bandera (dont les rues et les médailles portent le nom), la volonté d’Israël de fournir rapidement une aide et un soutien politique à l’Ukraine devrait être appréciée. D’autant plus qu’il s’agit d’une autre relation totalement unilatérale.

Deux poids deux mesures, sans réciprocité

  1. Israël a voté en faveur de l’Ukraine à l’ONU en dépit du fait que l’Ukraine a voté à plusieurs reprises contre l’État juif et en faveur des terroristes qui tentent de tuer des Juifs [JPG Poutine aussi].

Le président Zelensky ressent une “émotion particulière pour Israël parce que sa mère est juive”, mais ce sentiment doit être réciproque”, aurait déclaré l’ambassadeur Korniychuk.

Réciproque ? Qu’ont fait exactement Zelensky et l’Ukraine pour Israël ?

  1. L’année dernière, un émissaire ukrainien a suggéré que si Israël répondait aux demandes de son pays en matière de défense, il pourrait alors accepter de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. C’est à peu près tout. [JPG c’est du chantage, alors que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un devoir moral. Poutine a été le premier homme d’Etat au monde à reconnaître Jérusalem comme capitale, mais sa reconnaissance impliquait la division de la capitale en deux : il a reconnu Jérusalem-Ouest, et pas tout Jérusalem, comme capitale de l’Etat juif]
  1. Le président Zelensky et l’ambassadeur Korniychuk se plaignent qu’Israël n’a pas été assez bruyant dans son opposition à la Russie.

    Quand Israël était en guerre, à quel point Zelensky était-il bruyant ?

    La dernière fois qu’Israël a été attaqué, Zelensky a tweeté : “Le ciel d’#Israël est parsemé de missiles. Certaines villes sont en feu. Il y a des victimes. Beaucoup de blessés. De nombreuses tragédies humaines. Il est impossible de regarder tout cela sans chagrin et sans douleur. Il est nécessaire d’arrêter l’escalade immédiatement pour le bien de la vie des gens.” Voix passive. Pas de condamnation spécifique.
  1. Au lieu d’apprécier le fait qu’Israël ait pris des risques pour soutenir un pays qui n’est pas un allié [JPG alors qu’Israël a une obligation vitale de ne pas se mettre à dos la Russie afin de pouvoir continuer à bombarder les sites terroristes et les dépôts d’armes destinées au Hezbollah en Syrie], mais qui s’est opposé à plusieurs reprises à Israël à l’ONU, et qui a des liens commerciaux importants avec l’Iran, Korniychuk a intensifié ses exigences et ses tirades contre l’État juif.
  1. L’ambassadeur Korniychuk n’a cessé de reprocher à Israël et aux Israéliens de ne pas en faire assez. Parmi les derniers actes de routzpah, Korniychuk a poussé la Haute Cour israélienne à annuler une décision du gouvernement israélien d’accepter des migrants ukrainiens sans aucun quota, et a exigé que la Knesset israélienne se réunisse spécifiquement pour écouter un discours de Zelensky.

Le président Zelensky a le droit de défendre au mieux les intérêts de son pays. L’Ukraine souffre d’une invasion qui menace son existence nationale et il est compréhensible que son gouvernement tente frénétiquement d’appuyer sur tous les boutons possibles pour éviter cette catastrophe.

Nazisme ? Tant l’Ukraine que la Russie ont collaboré avec les nazis

La propagande de guerre est un échange de mensonges. Nous avons vu Poutine et l’Ukraine s’accuser mutuellement de nazisme alors qu’en réalité les deux parties ont collaboré avec les nazis. De même, les deux parties insistent sur le fait que l’autre fait partie d’une vaste conspiration et que leur défaite conduira à la troisième guerre mondiale.

La dure réalité est que les deux parties crachent autant de mensonges qu’elles le peuvent pour gagner une guerre.

Deux pays ex-soviétiques qui n’ont pas grand-chose d’autre à offrir que des ressources énergétiques utilisent leurs armées brisées pour se disputer les bénéfices de ces ressources énergétiques.

Il est tout à fait raisonnable de sympathiser avec les Ukrainiens qui ont été envahis.

Zelensky a mis sa “judéité” au service des antisémites

Le meilleur pari pour Israël est cependant de rester en dehors d’une situation qui ne l’implique pas vraiment.

Il est possible d’admirer l’opiniâtreté de Zelensky face à une invasion massive sans s’incliner devant lui en tant qu’autorité morale. C’est un défenseur très efficace de son pays. Et, comme beaucoup de personnes d’origine juive qui participent à des mouvements antisémites, il a réussi à concilier le conflit en faisant passer l’Ukraine en premier et en mobilisant son ascendance juive pour la défendre.

Tout comme les gauchistes juifs le font avec le terrorisme musulman, ou les sympathisants juifs qui rejoignent les mouvements d’extrême droite [néo-nazis], Zelensky a mis sa “judéité” au service des antisémites. Et, contrairement à sa volonté de prendre des risques personnels pendant le conflit, il n’y a rien d’admirable à cela.

L’Ukraine n’a aucun droit historique à la sympathie d’Israël. Et seuls les juifs de gauche qui n’ont aucun sens de l’histoire et qui savent que leurs arrière-grands-parents venaient d’Ukraine, mais ne savent pas pourquoi ils en sont partis, pourraient penser le contraire. Et il n’y a certainement pas d’alliance réciproque digne d’être mentionnée.

Ni l’Ukraine, ni la Russie ne méritent le soutien juif

Les tentatives insensées du Premier ministre Bennett d’agir comme s’il pouvait servir de médiateur entre la Russie et l’Ukraine n’ont rien fait pour aider à mettre fin au conflit ou à améliorer l’image d’Israël.

Lorsque les Ukrainiens ont été interrogés à la fin de l’année dernière, 71 % d’entre eux ont déclaré qu’ils ne soutenaient aucun des deux camps dans le conflit entre Israël et l’Iran. Et il n’y a rien de surprenant à cela. Des pays différents, sans frontières, valeurs ou intérêts communs, ne sont pas obligés de se soutenir mutuellement.

Il en va de même pour Israël dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.


© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org

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Lorsqu’en 2019, les Démocrates ont lancé une procédure d’impeachment contre le président Trump – qui a échoué en l’absence de preuves – au prétexte qu’il aurait fait du chantage au président ukrainien Zelensky pour obtenir des informations sur la corruption de Hunter Biden, le fils de Joe Biden, Zelensky a résisté aux Démocrates et a pris la défense de Donald Trump en déclarant que les accusations étaient fausses, et que la conversation téléphonique entre lui et Trump était polie et détendue, et qu’il n’a ressenti aucune pression de la part du président américain.

Daniel Greenfield, un Shillman Journalism Fellow au Freedom Center, est un journaliste d’investigation et un écrivain qui se concentre sur la gauche radicale et le terrorisme islamique.

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