Jonas Braoudé sur le chemin d’Ouman : “Être juif, c’est vivre son origine, son héritage et ses racines spirituelles au présent”

Jonas Braoudé

Par Eden Levi-Campana

Dans le cadre du Festival des Cultures Juives organisé par le Fonds social juif unifié (FSJU), nous avons assisté à des concerts, des débats, des projections de grande qualité. Nous avons eu l’opportunité de visiter des expositions d’artistes confirmés mais également de découvrir de jeunes talents prometteurs. Au rang de ceux-là, nous avons pu échanger avec Jonas Braoudé, qui expose à la prestigieuse galerie Saphir dans le Marais à Paris. Jonas est pleinement engagé dans le développement d’un double héritage familial qu’il aime à faire dialoguer : celui de l’art et de son engagement spirituel.    

«Sur le chemin d’Ouman» mais encore ?

De mon point de vue l’exposition parle essentiellement de ce double héritage à la fois spirituel et artistique. Elle nous renvoie à nos origines et la grande intensité qui se dégage de l’être juif. Cette notion d’héritage mène vers le chemin du retour, dont la voix royale est «le chemin vers Ouman». Être juif c’est d’une certaine manière vivre son origine, son héritage et ses racines spirituelles au présent, et de cette manière annuler l’emprise du temps.

Vous accordez une grande importance aux Tsitsith ?

Les Tsitsit représentent les 613 mitsvoth. La valeur du mot lui-même צי ת צ est 600 + les 5 noeuds (représentant les cinq livres sacrés de la Torah) + 8 fils (représente la force au-delà de la nature au-delà des 7 jours de la Création). = 613. Mémoire : Les Tsitsit évoquent donc cette idée de mémoire, grâce à eux on se rappelle constamment l’essentiel c’est-à-dire du point d’origine qu’il a en chaque chose. Ainsi, le graphisme développé dans la série des Tsitsit évoque aussi cette idée de racines au sens végétal du terme.

Vous parlez de l’enroulement des lanières ?

C’est ça. Les tsitsit sont formés d’enroulement qui ne sont pas laissés au hasard. Selon la tradition, on effectue d’abord 7 enroulements puis 8 ce qui équivaut au nom «Youd – Hé» de valeur numérique 15 puis 11 le tout formant le nom divin de valeur numérique 26 et enfin on termine par 13 enroulements qui symbolisent l’unité dans la diversité c’est-à-dire l’amour (ahava en hébreu) aussi de valeur numérique 13.

Vous voulez garder un regard positif ?

Rabbi Nahman nous enseigne que Tsitsith protège l’esprit des influences négatives. C’est pourquoi la mistvah du tsitsit est juxtaposée à la mention de l’exode d’Egypte (qui représente toutes les limitations et pensées négatives). Aussi le commandement suit l’épisode des explorateurs qui dirent du mal de la terre d’Israël, ce mauvais regard posé sur la terre promise fut l’une des fautes les plus graves et lourdes de conséquences, suite à quoi, les juifs durent errer 40 ans dans le désert avant que la génération suivante puisse entrer en terre promise. 

Un mot sur votre triptyque ?

Le triptyque est en lien avec le thème des Tsitsit. Le chiffre 3 représente une notion de mémoire et d’éternité, passé présent, futur. Il y a également des notions de hazaka (force) et de shalom (paix). Il y a dans ce travail des oppositions qui se complètent : spirituel et matériel, masculin et féminin ou encore justice et bonté.

L’expression par le portrait ?

Réussir un portrait est le fruit d’une lutte entre le blanc et le noir, l’ombre et la lumière. La peinture raconte l’histoire de ces éminents Tsadikim qui arrivent à dompter leur part d’obscurité, inhérente à l’homme. A mon avis c’est ce qui lui donne son mérite et son charme. C’est une lutte intérieure dont parlent mes portraits et à travers laquelle se dévoile l’âme, comme une flamme, dans une grande intensité.

© Eden Levi-Campana

Issu d’une famille d’artistes juive pratiquante, Jonas dessine depuis toujours. Petit il souhaite devenir designer, il deviendra architecte DPLG, et entrepreneur. À 17 ans il découvre la peinture, puis entame des études d’Architecture. En 2011, Jonas étudie six mois à Jérusalem dans l’école d’art Bezalel. Il est initié à la photographie et aux arts plastiques et découvre la ville Sainte, avec laquelle il crée un lien particulier. Le diplôme d’architecte en poche Jonas, se lance dans l’aventure des startups. Très vite il ressent le besoin de s‘immerger dans son identité juive. Il étudie les textes saints et découvre les enseignements de Rabbi Nahman. Parallèlement, Jonas travaille la peinture, et rapidement les deux mondes se télescopent. 

le Festival des Cultures Juives www.festivaldesculturesjuives.org

Galerie Saphir www.galeriesaphir.com

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