Israël : les dérives de la coalition poussent la population à se lever

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Cela fait six mois que l’actuel assemblage qui s’exerce à gouverner en Israël fait montre de nombreux et graves cafouillages : chaque tendance qui constitue ce cartel suit sa propre direction, pose des actes motivés par une pulsion d’idéologie, à gauche. 

Le chef de ce gouvernement, Naftali Bennett se définissant lui-même comme étant «10 % plus à droite» (sans doute de l’extrême-gauche installée dans ce gouvernement) n’arrive pas à se faire respecter dans son leadership par ses propres associés, dont un nombre important d’entre eux se prennent, peu ou prou, pour des Premiers ministres virtuels jouant en solo leur propre partition.

En peu de temps, cet attelage improbable avec ses rivalités internes et ses luttes d’ego souffre d’un fort déficit d’autorité morale pour conduire le pays de manière sécure dans un environnement régional des plus hostiles et des menaces intérieures.

Après qu’il se soit emparé du pouvoir dans une sorte de «casse» électoral inédit dans l’histoire démocratique d’Israël pour accéder coûte que coûte au pouvoir, ce gouvernement fait craindre par ses multiples contradictions et mesures impopulaires un réel danger pour la stabilité et la sécurité de l’Etat d’Israël.

Comment en est-on arrivé à cette situation ?

On a assisté à l’éjection de Benyamin Netanyahou comme Premier ministre.

Force est de constater qu’il a été le Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël. Qu’on l’approuve ou qu’on le conteste, force est d’admettre que B. Netanyahou est un politicien hors pair, comme l’un des derniers des Mohicans de la trempe des Ben Gourion, Golda Meïr, Begin, Shamir et quelques rares autres.

Poursuivi pour «corruption» dans trois affaires nébuleuses pour lesquelles, jusque-là, aucune preuve accablante et flagrante n’a été apportée. Ce qui ajoute au doute, c’est que l’éventualité d’un procès fasse l’objet de marchandages : s’il est coupable, qu’il soit jugé et s’il ne l’est pas que cela se sache. Les supporters, et au-delà, de B. Netanyahu ont la conviction qu’il y a «anguille sous roche», ce qui entretient ce trouble.

C’est ce qui développe un sentiment qui prévaut dans le public que ce Premier ministre sortant et sorti est, comme cela se passait sous Staline, désigné «coupable parce qu’accusé et non accusé parce que coupable».

C’est aussi la ligne de défense de B. Netanyahu qui dit et répète depuis le début de cette bataille judiciaire qu’il est victime d’un complot manigancé par des enquêteurs de police, des procureurs politisés alliés à ses adversaires politiques et des relais dans des médias au service d’une idéologie qui ne se nomme pas et qui semble échapper à toute régulation, faisant en sorte que les hommes politiques ne sont pas jugés sur la même balance selon qu’ils sont de gauche ou conservateurs. Une bonne partie de la population partage et exprime cette impression.

C’est ainsi que l’ex-majorité est retournée sur les sièges de l’opposition sans doute aussi, en partie parce qu’elle n’a pas réussi à persuader un plus grand monde de citoyens à l’extérieur du cercle de ses partisans et n’a pas appliqué une stratégie mieux adaptée.

Ajoutons-y un effet inévitable d’usure lié à un long exercice du pouvoir et une lassitude du côté du public. A la longue, il arrive que le peuple, parfois versatile, puisse éprouver de la lassitude et une exaspération parfois justifiée, au point de vouloir le changement pour le changement et finir par lâcher la proie pour l’ombre…

A titre d’hypothèse, un autre facteur a pu s’ajouter dans ce qui a précipité le lâchage de l’ex-Premier ministre.

Dans le champ de la psychologie sociale, on retient brièvement parmi les différents types de leadership, celui qui agit «comme objet d’amour et de vénération» dans le public. Ce type de leadership, certes gratifiant pour celui qui en est l’objet, a du mal à être consensuel à la longue du fait que dans une sorte de miroir inversé, cela produit du clivage.

Cela contribue à donner d’un côté, celui des partisans des «rak Bibi» (seulement Bibi), et de l’autre, il y a le leader qui est «objet de pulsions agressives», focalisant sur sa personne une haine intense, les «rak lo Bibi» (tout sauf Bibi) manifestant un rejet irrationnel, allant jusqu’à un besoin de lynchage, ne serait-ce que symbolique, comme nous l’avons vu lors des manifestations rue Balfour devant le siège de l’ancien Premier ministre.

Avec l’éjection de B. Netanyahou, la crise qui en découle agit comme un accélérateur d’instabilité en même temps qu’une défaite pour le camp conservateur qui, impacté et fragilisé, commence à sortir de son état de sidération pour remobiliser ses forces et au-delà, pour dénoncer et combattre ce gouvernement trompeur. Car l’éjection B. Netanyahou en recourant à tous les moyens, n’était-ce pas l’objectif visé par la coalition qui s’est installée au pouvoir et qui ne pouvait gagner les élections à la loyale ?

A gauche et dans ses marges, ils n’ont pas lésiné les moyens pour destituer B. Netanyahu, mais les réjouissances risquent d’être éphémères, car s’annonce déjà des effets de boomerang sous la forme de désordres multiples dans la société et d’une atteinte durable à la crédibilité de la classe politique. Le peuple est divisé et le doute prédomine, d’autant que le sentiment est «qu’on ne nous dit pas tout». Et le citoyen n’aime pas qu’on ne lui dise pas la vérité et qu’on le manipule.

C’est ainsi que les sociétés démocratiques connaissent de graves crises de crédibilité avec ses effets délétères engendrant de la défiance, voire un rejet massif à l’égard de ceux qui gouvernent, parce que considérés soit comme illégitimes, soit incompétents et inaptes à la fonction. Ou pire encore, parce que moralement subornés. Comme par exemple lorsqu’il est avéré qu’un candidat, avec son équipe de campagne, promet une chose et prend des engagements, mais que de manière obscure il fait tout le contraire pour accéder au pouvoir : voilà ce qui provoque la colère des électeurs se sentant floués et c’est ce qui contribue à installer une méfiance durable !

Ces phénomènes sont à la fois la cause et la conséquence de ce malaise qui peut prendre l’allure d’une défiance et d’une révolte.

Toujours est-il que, et on le vérifie en direct en ce moment en Israël : n’est pas leader qui veut uniquement pour satisfaire ses petits riens égotiques et que des ambitions personnelles ne correspondent pas toujours aux capacités réelles des ambitieux. Les postulants au podium sont nombreux, mais en Israël plus qu’ailleurs le principe de réalité est impitoyable faisant de ce pays probablement l’un des plus difficiles à conduire au vu des enjeux vitaux qu’il faut relever ; le leadership se doit de s’entourer des meilleures compétences dans tous les domaines. Surtout lorsque vient s’ajouter une pandémie qui désarticule le fonctionnement du pays et met à l’épreuve la capacité du pouvoir à la gérer…

En attendant, nous assistons à un «Oslo rampant» porteur de graves menaces.

Nous vérifions ce que nous savons par expérience que les ennemis d’Israël sont faibles lorsqu’Israël est fort, et qu’ils se montrent arrogants et menaçants lorsqu’Israël est affaibli.

C’est ainsi que l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël nommé par le président Biden ose avec effronterie boycotter la Judée Samarie dans les communautés de Judée et de Samarie lors de sa première interview en tant qu’envoyé américain, ce qui aurait été inimaginable sous la gouvernance de Trump. Cela n’est pas surprenant lorsqu’on sait que cet ambassadeur est partisan de la solution à «deux États» du conflit islamo-juif (qui n’a jamais été un conflit «israélo-palestinien» !), histoire de réinstaller les Juifs dans la dhimmitude !

C’est ainsi encore que nous subissons une quasi insurrection des Bédouins du Néguev avec tentative de partition encouragée perversement par le sous vice-ministre de l’Économie, Yaïr Golan !, sûrement en reconnaissance des plus de 53 milliards de NIS (équivalent de 190 milliards d’euros !) dégagés par ce gouvernement au bénéfice du parti Raam du bloc islamiste pour divers plans de développement pour la société arabe. Une manière de les gratifier pour son soutien et pour sa contribution à la chute de B. Netanyahou.

De même que nous assistons à une multiplication d’attaques terroristes sur le territoire d’Israël.

A l’inverse, la population israélienne voit ses denrées de base augmenter ; des implantations juives sont brutalement détruites pendant que toutes installations illégales appartenant à des Bédouins du Néguev et d’ailleurs devront être légalisées.

Au sein de camp conservateur l’idée prend forme que pour revenir au pouvoir, il faudra faire place aux talents au sein de ce courant.

Il est indubitable que pour le Premier ministre Naftali Bennett et son successeur en attente, Yaïr Lapid, ce qui fédérait jusque-là cette coalition anti-Netanyahu en constituant un cartel hétéroclite, va rapidement se fissurer et s’effondrer.

C’est pourquoi le peuple sioniste décide de se lever pour manifester son refus résolu de ces dérives. Des bruits commencent à bruisser dans les couloirs du pouvoir qu’il faudra en repasser par des élections…

Une manifestation doit se tenir sur 100 points et ponts dans tout Israël 

le 16 Chevat 5782, le 18 janvier 2022 de 18 h 30 à 20 h 30.

© Schlomo Goren pour Israël 24/7.org. Diplômé en sociologie, en Sciences de l’Education et en psychologie. A exercé de nombreuses années en France comme Intervenant indépendant dans tous les secteurs (éducatifs, prisons, psychiatrie, etc.) sur les problèmes de violence.

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