C’est un communiqué de victoire que vient de publier l’armée jordanienne ce lundi 23 mai.
Elle a tué quatre individus venant de Syrie qui tentaient de passer en contrebande une vaste quantité de drogue. Un nombre indéterminé de membres de la bande, certains blessés, a réussi à s’enfuir, laissant derrière eux une des plus grandes prises de l’histoire. Il s’agit non seulement de Hashish mais encore des pilules de Captagon et de Tramadol, deux dangereuses et puissantes drogues très prisées au Moyen Orient.
Au cours de l’année 2021, l’armée a réussi à bloquer 361 tentatives semblables en provenance de Syrie, et à saisir plus de 15 millions de pilules de narcotiques en tous genres. En janvier 2022 déjà, 27 trafiquants ont été tués à la frontière. Selon un communiqué publié en février par les Forces armées jordaniennes concernant le trafic de drogue de la Syrie vers la Jordanie, la lutte contre les trafiquants de drogue est l’un des problèmes les plus difficiles auxquels elles sont actuellement confrontées ; ce trafic s’organise avec des passeurs qui intensifient leurs opérations et utilisent des équipements sophistiqués, y compris des drones. Toujours selon le communiqué, la région connaît une augmentation radicale de la sophistication de la criminalité et les forces de sécurité sont confrontées à une nouvelle vague de techniques criminelles qui n’ont jamais été vues auparavant.
Avec près de deux millions de réfugiés syriens en Jordanie, beaucoup vivant en dessous du seuil de pauvreté, trouver des complices est chose aisée et les trafiquants peuvent compter sur les bédouins vivant des deux côtés de la frontière qui contrôlent les sentiers traditionnels de contrebande du sud du pays.
Les autorités jordaniennes lancent l’alarme : la Syrie est en train de devenir un narco-Etat et un « exportateur » majeur, menaçant non seulement le royaume Hachémite et le Moyen Orient, mais encore le reste du monde. La culture illégale de la drogue, en toute impunité, et sa fabrication, est une industrie en plein essor en Syrie. Un phénomène qui ne se produit pas en vase clos. Cette industrie est encouragée et accompagnée par les militants du Hezbollah, solidement implantés dans le pays. Ils se sont tournés vers le trafic de la drogue pour s’assurer les ressources financières qui leur font cruellement défaut maintenant que l’Iran, durement touché par les sanctions américaines, ne peut plus assurer le financement de l’organisation terroriste comme par le passé.
Il y aurait une infrastructure de traitement de la drogue au cœur de la Dahia, la banlieue sud de Beyrouth, qui est le bastion du Hezbollah, mais aussi dans la région chiite de Baalbeck. De-là, les militants tentent de faire passer de l’autre côté de la frontière avec Israël, drogue mais aussi armes, à l’intention du grand banditisme qui sévit dans certains secteurs de la communauté arabe. Il faut hélas souligner que, malgré ses succès, l’armée jordanienne ne réussit pas à arrêter complètement le flot de drogue, dont une partie, souvent accompagnée là aussi d’armes, se dirige vers Israël après avoir transité par le royaume.
Toute cette activité, qui se poursuit au quotidien, est largement ignorée par l’Occident.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.