L’année 2022 sera-t-elle celle des retrouvailles tant attendues entre Paris et Jérusalem ?
On se souvient du léger froid provoqué en octobre dernier par la décision de Benny Gantz, ministre israélien de la Défense, d’interdire, sur recommandation des services de sécurité, six organisations palestiniennes au motif qu’elles servent de conduit au blanchiment d’argent au profit de mouvements terroristes, affirmation âprement disputée par lesdites organisations et fustigée dans les termes les plus vifs par les médias de l’Hexagone. Pour Le Monde, «En classant six ONG parmi les organisations terroristes, Israël frappe au cœur la société civile palestinienne.» Et le quotidien de rejoindre d’autres organisations de la société civile qui mettent en doute la réalité des accusations israéliennes.
C’est avec beaucoup plus de circonspection que ce même journal annonce le 25 février 2022 que «Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va demander la dissolution du Collectif Palestine vaincra et du Comité action Palestine, accusés «d’appel à la haine, à la discrimination, à la violence» et de «provocation à des actes terroristes…
Le ministère lui reproche également d’appeler «à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens, notamment à travers des campagnes de boycott.»
Quant au Comité action Palestine, «il affirme dans sa charte son soutien à toutes les organisations en lutte contre Israël, y compris quand elles font usage de la violence ou de méthodes terroristes», pointe le ministère.
Cette fois, Le Monde ne critique pas la décision du ministre et se contente d’évoquer longuement les réactions indignées des deux organisations incriminées. Les autorités israéliennes elles, se sont bien gardées de faire des commentaires, mais il ne fait pas de doute que la décision de Gérald Darmanin a été accueillie avec une grande satisfaction ; on pouvait y voir la preuve que la France prenait enfin conscience de la réalité. D’autant que vingt-quatre heures auparavant, lors du dîner annuel du CRIF, le Premier ministre Jean Castex, remplaçant Emanuel Macron retenu à Bruxelles par la crise ukrainienne, avait lu un discours du président de la République qui était musique aux oreilles israéliennes.
«Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif. Je n’ai jamais cessé de le dire.»
Cette phrase de M. Macron est tombée, écrit Le Monde, «alors que le président réitérait son attachement personnel à la Ville sainte, et critiquait une série de résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies, lors d’une réunion annuelle consacrée à la question palestinienne. Celles-ci usaient exclusivement du nom arabe Haram Al-Sharif («Noble Sanctuaire») pour décrire l’esplanade des Mosquées, que les juifs appellent le mont du Temple.» (Là le quotidien n’a pas pu s’empêcher d’ajouter – à juste titre – que La France avait pourtant voté en faveur de la résolution en décembre 2021.)
Autres propos du chef de l’Etat ayant comblé d’aise les autorités israéliennes :
«le président Macron a pour sa part tenu à condamner les prises de position en série d’ONG israéliennes et internationales (Yesh Din, B’Tselem, Human Rights Watch et Amnesty International), qui depuis 2020 consolident un argumentaire juridique et politique, afin de dénoncer la domination des Palestiniens par Israël comme un régime d’apartheid. Pour M. Macron, «ce n’est pas en affirmant de telles contre-vérités que des associations qui prétendent poursuivre un objectif de paix remplissent leur vocation».
Reste à espérer qu’après cette sublime embellie le ciel ne s’assombrisse à nouveau au lendemain des élections présidentielles.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.