« Les israéliens se trouvent là où nous voulons qui soient », a répondu Yahia Sinwar à l’interviewer d’Al Jazzera. Réplique intelligente, mais véritablement dérangeante dans le sens qu’elle sous-entend que les israéliens sont tombés dans son piège dument structuré. Cette sortie venait d’être émise alors qu’Israël enterrait une dizaine de ses braves soldats morts sur le champ de bataille.
Coup de gueule, stratégie efficace ou simplement, pied de nez. C’est aussi vrai de dire ou de rappeler à Yahia Sinwar que son sarcasme n’empêche pas de le mettre face à la démolition presque totale de son empire sous-terrain et celui visible, réduits en ruines fumantes.
Rafah dont il était si fier est tombée et les tunnels qui reliaient Gaza à l’Égypte détruits aussi. Prétendre à un échec et mat tient beaucoup plus d’une envie de dire que son agonie le comble, répond à ses désirs les plus fous.
En progressant plus loin, je ne peux m’empêcher de voir sa victoire et elle est immense, que cela me plaise ou me perturbe… elle est bien là.
- Yahia Sinwar a réussi à mettre le petit État d’Israël sur les dents avec sa prise d’otages qu’il refuse de négocier et c’est en vérité sa meilleure carte pour tenir les Israéliens à la gorge.
- Il a aussi réussi à diviser le peuple entre ceux qui veulent la mort de Sinwar et la fin du règne du Hamas et ceux qui veulent la libération des otages « à tout prix ».
- Il a offert une opportunité aux antagonistes de Bibi Netanyahu et de sa coalition en jouant le double jeu dans son cabinet de guerre avant de le lâcher au moment le plus crucial de la conflagration, accusant Bibi d’incompétence et de gains politiques.
- Il a joué sur les nerfs, la sensibilité, la compassion de tout un peuple qu’il a mené par le bout du nez… en le faisant danser aux sons de ses désirs et besoins. Rappelons ici les camions de remèdes/médications offerts au Hamas dont quelques-uns étaient destinés aux otages vieux et/ou malades, qu’ils n’ont jamais reçus.
- Et pour comble de malheur, le président américain Joe Biden a rallié sa cause en s’infiltrant dans les négociations pour la liberté des otages, en imposant des restrictions militaires et stratégiques à Israël et en lui refusant l’armement. Il a tout orchestré pour ses propres fins, étant à la veille des élections, jusqu’à l’imposition d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Un État palestinien réclamé par l’Arabie saoudite qui mettra fin à la présence juive au Moyen-Orient.
Dans tout ce tableau, Israël est perdant, avec très peu de chances d’en sortir gagnant. Du départ, Sinwar possédait une meilleure main qu’Israël, nonobstant sa puissance et son génie.
Sinwar peut rire aux éclats de son succès, rire d’Israël et des USA auxquels il n’a accordé aucun lest, aucun pouce… bien au contraire, il les a contraints à lui fournir tous ses besoins tant humanitaires, qu’en fuel. En fait Joe Biden a fait partie du camp de la terreur, du Hamas, il a été son meilleur pion dans cette lutte pour la survie d’Israël.
Après plus de huit mois de combat, l’armée israélienne n’est pas parvenue à mettre la main sur Yahia Sinwar, dans la crainte de devoir tuer les otages dont il s’en sert comme bouclier humain.
Que fera Netanyahu, coincé entre les menaces des familles des otages et les élections aux USA ? Que fera-t-il de ces renégats israéliens que la soif du pouvoir a aveuglés ? Il temporise… il est pris dans le piège de la pacification de l’Iran par les USA… Il doit résister à tous ceux qui veulent sa tête… sinon la tête de tout le petit État d’Israël.
Entre-temps, on enterre nos jeunes pousses, celles qui garantissent notre survie, notre résilience… Ce matin en me levant de mon lit, j’ai lancé une prière… Le mal ne doit pas vaincre… Il ne doit jamais l’emporter ! Dieu ne le permettra pas !
Thérèse Zrihen-Dvir