Je l’ai dit, je le redis, et je le redirais : un Ashkénaze ne peut pas comprendre les Arabes comme les comprennent les Séfarades, les Mizrahim et les Yéménites. Et sans comprendre l’ennemi, on ne peut pas le vaincre. C’est pourquoi l’immense puissance sioniste, technologique, humaine, et militaire d’Israël n’a pas été capable d’écraser, ni vaincre, quelques dizaines de milliers de nazis de Gaza.
Trop d’Ashkénazes sont à la tête de l’establishment, des administrations et du gouvernement, et tout ce qu’ils font et décident est prévu à l’avance par les Arabes. Le 7 octobre a montré que l’inverse est tout sauf vrai.
Mardi, le général de brigade Ofer Winter a publié une analyse des échecs du gouvernement et de l’establishment de la sécurité, mais surtout, il a proposé des solutions pour obtenir une victoire retentissante contre le Hamas – qui est à portée de mains.
D’abord les critiques
Les Arabes, je le dis, et Winter le confirme, ont compris à qui ils ont affaire, et en tiennent compte. “Pour eux”, dit Winter :
- Les Israéliens ont subi un coup dur le 7 octobre malgré tous leurs symboles de puissance.
- Sur la scène internationale, au lieu d’isoler le Hamas et Gaza, Israël s’est laissé isoler.
- Les Israéliens fournissent aux Gazaouis et au Hamas de généreuses fournitures humanitaires, en s’imposant des restrictions légales, et sont donc incapables d’exercer leur véritable pouvoir.
- Yahya Sinwar a reçu le statut mondial d’une sorte de Saladin moderne (le général kurde qui a chassé les croisés du Moyen-Orient), du simple fait qu’Israël négocie avec lui.
- Les Israéliens ont déployé tout leur équipement de combat, mais n’ont pas réussi à amener l’ennemi à demander un cessez-le-feu, et ne l’ont certainement pas détruit.
- Le Liban n’est pas découragé et le Hezbollah intensifie ses attaques contre Israël.
- Les Iraniens, qui effectuent des opérations par procuration, ne se laissent pas décourager et ont directement tiré des centaines de missiles sur Israël en une seule nuit, sans réaction proportionnée.
Je résume : Israël fait tout de travers.
Redessiner la frontière de Gaza
J’ajoute un argument personnel inspiré par les propos du militant pro-Israélien arabe Yoseph Haddad :
Les Arabes de Gaza accordent plus de valeur à leurs terres qu’à leur vie, qu’à leurs enfants, qu’à leur combat pour exterminer les juifs. Israël aurait dû, en partant du nord de la bande de Gaza, déplacer la ligne de la frontière vers le sud en incorporant une bande de 10 mètres sur toute la large de Gaza à Israël pour chaque jour que les otages ne sont pas libérés. Voyant ses terres conquises et sa frontière modifiée, la rue de Gaza se serait soulevée contre le Hamas.
Hélas, soit qu’ils soient trop tendres pour les offenser, soit qu’ils ne comprennent pas bien à qui ils ont affaire, le gouvernement et l’establishment n’ont pas tiré parti de ce levier, et ont négocié depuis le premier jour suivant les demandes du Hamas, au lieu d’imposer ses propres règles.
Winter a le même raisonnement : la direction de Tsahal est totalement prévisible.
“L’ennemi a très bien compris les limites et les contraintes de Tsahal, et son plan a été conçu de manière à les utiliser à son avantage”, dit Winter. “Pour relever les défis, le système de sécurité doit changer et agir contrairement aux attentes de l’ennemi, et ne pas continuer à s’écraser comme des vagues sur un brise-lames.”
Les solutions pour écraser le Hamas et gagner la guerre
“Une condition nécessaire à la survie de l’ennemi est son approvisionnement logistique”, explique Winter.
- Le Hamas a établi son plan d’approvisionnement à l’avance en se basant sur la population civile, car il a prévu qu’Israël, traditionnellement trop bon trop con, fournirait une assistance humanitaire importante.
- Pour le Hamas, quel que soit le lieu où se trouve la population, sa logistique avance, se développe, s’organise : Israël apporte constamment au Hamas les conditions dont il a besoin pour sa propre logistique.
- Israël doit déplacer la population vers une zone définie en fonction de l’intérêt israélien, et rien d’autre. Une zone contrôlée et contrôlable.
- C’est là que l’aide humanitaire sera transférée – et nulle part ailleurs.
- L’armée israélienne veillera ensuite à ce que seuls les civils ayant fait l’objet d’un processus d’inspection et de filtrage puissent rester dans cette zone bouclée.
- Le Hamas utilise la population civile comme bouclier humain, ce qui permet d’exercer une pression internationale sur Israël ?
- Israël doit retirer au Hamas son bouclier humain. Comment ? En déplaçant toute la population dans un grand espace humanitaire, trié, choisi et organisé pour retirer au Hamas ce bouclier humain.
- Ensuite, Israël pourra utiliser toutes les capacités de feu de Tsahal contre les terroristes, sans faire de victimes civiles, et en réduisant les dommages causés à nos forces.
Conclusion
Israël a raté de nombreuses occasions, durant cette guerre.
Le 8 octobre, découvrant les horreurs du pire massacre de juifs depuis la Seconde Guerre mondiale, le monde entier soutenait Israël. Toutes les diplomaties, tous les médias, étaient sous le choc. Une fenêtre de sympathie jamais connue depuis la Guerre des 6 jours s’est ouverte, et le gouvernement Netanyahou l’a laissée se refermer sans rien faire. Je veux croire que le choc a été immense pour lui aussi. Mais un dirigeant n’a pas le droit à ce luxe.
Lorsque je disais que cette fenêtre se refermerait et que rapidement, les journalistes se ressaisiront et accuseront Israël, je ne pensais pas que le gouvernement israélien serait assez crétin pour ne pas en tenir compte. J’avais tort.
Le 8 octobre, alors que le corps des 1 200 juifs massacrés n’était pas encore refroidi, Israël aurait dû :
- déclarer sa souveraineté totale sur toute la Judée Samarie,
- déchirer les accords d’Oslo,
- annuler les accords du Waqf sur Jérusalem,
- expulser l’UNRWA,
- déclarer interdites les associations d’extrême gauche qui traînent les soldats et les pionniers juifs devant les tribunaux,
- étendre l’interdiction des manifestations et signes pro-Hamas faite à la population, à l’ensemble des élus, à tous les médias et élites, et leur interdire tout propos anti-israélien,
- démanteler les tribunaux militaires qui font plus trembler les soldats que les terroristes armés, et
- annuler les règles d’engagement de Tsahal.
- et bombarder un village libanais pour chaque missile tiré par le Hezbollah sur une cible israélienne non-militaire.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org
*Le général de brigade Ofer Winter a été commandant de la 98e division de parachutistes, secrétaire militaire du ministre de la Défense, chef d’état-major du commandement central, commandant de la brigade de Givati, commandant de la brigade nord dans la bande de Gaza, commandant de la 646e brigade, commandant de l’unité de Duvdevan Mistaravim et commandant du bataillon de reconnaissance de Givati.
JP dommage que vous ne soyez pas a une poste a responsabilite.
Bravo pour votre clairevoyance et la justesse de tous vos propos.
M. Grumberg, avec toutes les explications que vous donnez sur cette guerre qui s’eternise due au fait que tout un quarteron de généraux incompetents dans la comprehension mentale de l’ennemie, la guerre est partie pour durer encore 9 mois avec toutes les conséquences négatives internationales que nous pouvons voir actuellement. Il serait temps que les responsables Israéliens fassent le bilan et changent complètement de braqué en s’inspirant de vos propositions de bon sens si jamais il vient à l’idée de ces généraux de vous lire M. Grumberg.
Merci JPG.
Le jour où les sepharadim seront au pouvoir tout changera