Analyse : pourquoi deux Etats ne serait pas une solution mais une catastrophe

Des membres du groupe terroriste du Jihad islamique participent aux funérailles de Taher Zakarneh, 19 ans, tué lors d'affrontements avec les forces israéliennes, dans la ville de Qabatiya, près de Jénine, le 5 septembre 2022. (Crédit : Majdi Mohammed/AP)

Le président Macron et d’autres affirment que la « solution à deux Etats » apportera la paix et la stabilité, Israël répond que cela créera un Etat terroriste.

Qui a raison, et pourquoi ?

J’ai décidé de me livrer à un exercice difficile : laisser de côté mes opinions personnelles pour vous présenter de la manière la plus honnête possible les arguments de chacun, les passer en revue, les critiquer, afin non pas de décider qui a raison, mais de vous permettre à vous de décider, sur la base des faits.

Gaza, (Gush Katif en hébreu, Gush voulant dire « agglomération »), 15 au 22 août 2005

Le Premier ministre Ariel Sharon décide du retrait d’Israël de la Bande de Gaza, sans rien demander en échange, ce qui sera appelé « plan de désengagement unilatéral ». Israël détruit les maisons des 8 000 habitants israéliens, répartis sur 21 villages et communes, et l’armée israélienne se retire totalement de Gaza. Les Israéliens y pratiquaient une agriculture florissante : serres modernes, cultures de fleurs, légumes et fruits destinés à l’exportation, et ils employaient plusieurs milliers de travailleurs locaux. Certaines fermes servaient également de base à des projets technologiques et d’irrigation avancés. Quand les Israéliens partent, les Arabes reprennent-ils ces installations ultramodernes et coûteuses, pour développer leur économie ? Non. Ils détruisent tout, absolument tout.

Puis les Arabes décrètent un apartheid total : aucun juif n’a le droit de poser un pied sur le sol de Gaza.

20 ans après ce retrait total, dans un exemple de désinformation extrême dont il n’existe aucun exemple ailleurs, les médias accusent toujours Israël d’occuper Gaza, et ne contredisent jamais les invités des plateaux télé qui relaient ce mensonge.

Rien ne se passe pendant les 2 ans après le retrait. Mais en 2007, le Hamas remporte les élections, promet d’effacer Israël des cartes et d’exterminer sa population juive. Israël impose alors un blocus sécuritaire, en conformité avec le droit international, plus précisément le San Remo Manual de 1994, art. 93–104, combiné à l’article 51 de la Charte de l’ONU sur la légitime défense. Ces textes reconnaissent explicitement la légalité d’un blocus militaire. Les médias, les commentateurs et de nombreux politiques mentent encore, et accusent Israël que son blocus viole le droit international – sans jamais dire quels textes sont violés – car il n’y en a pas.

Un drame pour les Israéliens expulsés

Expulsion forcée : les habitants furent retirés de leurs maisons par l’armée israélienne, souvent sous la contrainte physique. Beaucoup de familles avaient vécu là depuis 20–30 ans.

Maisons et synagogues, tout fut rasé sauf les serres et les installations agricoles, laissées en cadeau aux Arabes. Beaucoup de familles expulsées ont eu du mal à retrouver logement, travail et cohésion communautaire. Certains souffrent encore aujourd’hui de traumatismes liés au déracinement.

Effet du vide sécuritaire

Les villages israéliens constituaient une présence permanente israélienne au cœur de Gaza, avec armée et routes. Tout était sécurisé. Les terroristes ne pouvaient pas agir librement. Leur disparition a créé une zone entièrement contrôlée par les jihadistes sans que l’armée ne puisse rien faire. Retenez bien ce point, il est essentiel à la compréhension de notre étude. La guerre actuelle, où plus de 650 km de tunnels terroristes ont été découverts, a montré que l’ensemble de Gaza devint une base militaire fermée.

C’est pourquoi beaucoup disent que sans le retrait de 2005, le massacre du 7 octobre ne se serait jamais produit.

A l’inverse, Les partisans du retrait (à l’époque, mais beaucoup moins aujourd’hui) avancent que maintenir 8 000 habitants israéliens au milieu de 1,3 million d’Arabes était militairement coûteux, démographiquement intenable et politiquement explosif.

L’argument, même si on l’approuve, et il est loin d’être dépourvu de sens (le Premier ministre actuel l’a approuvé à l’époque), plaide cependant contre l’idée qu’un Etat palestinien apporterait la paix et la sécurité.

22 août – Attaque terroriste déjouée en plein jour

Dans une opération ciblée, deux terroristes ont été arrêtés par Israël au cœur de Ramallah. Des renseignements indiquaient que les deux hommes s’apprêtaient à commettre une attaque terroriste, peu après la détention d’autres membres de la cellule la semaine précédente. L’un des deux, porteur d’une arme de poing, a été appréhendé avant de pouvoir s’en servir.

Ramallah est dans quelle zone de Judée-Samarie ? A, B ou C ?

Pour rappel, les accords d’Oslo de 1995 ont divisé la Judée Samarie en trois zones. Ils représentent le droit international qui régit la zone. Voici ce que l’Autorité palestinienne a demandé, accepté et reçu :

Nous avons ici notre troisième et peut-être plus grave mensonge médiatique : La zone C est la seule zone où Israël autorise (et est autorisé) et planifie la construction pour les Israéliens, il le fait en conformité avec les accords d’Oslo, qui ont toujours cours, qui représentent le droit international qui régit la région. Et tous, présidents, politiciens, diplomates, journalistes, experts et l’ONU accusent Israël de violer le droit international (là encore sans jamais dire lequel), chaque fois qu’un plan d’urbanisme est annoncé dans la région.

Revenons à notre attentat terroriste déjoué de ce 22 août

Ramallah est située dans la zone A de Judée-Samarie, sous contrôle administratif et sécuritaire de l’Autorité palestinienne selon les accords d’Oslo.

Cependant, Mahmoud Abbas, qui dirige l’OLP, n’a pas fait son travail sécuritaire, forçant Israël à intervenir.

Si la zone A et B sont seulement sécurisées par l’Autorité palestinienne, pourquoi Israël y intervient contre le terrorisme ?

Dans la zone A, l’Autorité palestinienne (AP) a le contrôle sécuritaire, mais Israël intervient pour plusieurs raisons factuelles :

Ces interventions, bien que motivées par la sécurité, sont controversées, car elles peuvent être perçues comme une violation de la « souveraineté » de l’AP. Cependant, elles sont conformes aux accords d’Oslo, et Israël dit préférer faire face aux controverses et aux critiques plutôt qu’aux condoléances envers les victimes du terrorisme.

Si je résume : si demain il y a un État palestinien, Israël ne pourra plus intervenir pour entraver les activités terroristes. Donc le danger augmentera pour Israël, au lieu d’apporter plus de paix.

Les faits actuels suggèrent que :

Sans garanties solides, et en l’absence de garant crédible, un État palestinien augmentera les risques pour Israël, contrairement à l’objectif de paix.

Restons dans le concret avec ce que nous savons. L’AP n’assure pas la sécurité, l’ONU est inefficace, comme au Liban. L’Iran finance et arme les groupes locaux. Un État palestinien aggraverait donc le danger terroriste.

Les faits confirment :

Un État palestinien, dans les conditions actuelles, en étant réaliste, amplifiera les menaces pour Israël au lieu de les faire disparaître.

Les groupes terroristes affirment vouloir éradiquer Israël avec un État palestinien comme étape intermédiaire. Pourquoi parler d’hypothèses quand leurs déclarations sont claires ?

Les faits disponibles confirment-ils que ces groupes utiliseraient un État pour intensifier leurs attaques, ou pour faire la paix ?

Les faits montrent qu’un État palestinien augmenterait la menace terroriste, pas la paix.

Les faits soutiennent l’argument israélien :

En revanche, la promesse de paix via deux États, défendue par certains dirigeants, manque de soutien factuel, vu les déclarations des groupes et l’inefficacité de l’AP.

Mahmoud Abbas a fait des promesses à Macron, mais ses actions disent le contraire

Voici des exemples concrets illustrant l’incapacité ou le manque de volonté de l’Autorité palestinienne (AP) à désarmer les 28 factions terroristes identifiées en Judée-Samarie :

Opération « Protect the Homeland » (décembre 2024-janvier 2025) :

Sur quoi se base Macron, qui affirme avec certitude que deux États apporteront la paix ?

Macron s’appuie sur :

Mais ces bases sont fragiles : l’AP promet, mais il ne contrôle pas les factions, je viens de donner le dernier exemple en date, il en existe de très nombreux : Affrontements à Tulkarem (juillet 2024) contre Abu Shujaa, leader des Brigades de Tulkarem. Echec, il est relâché, les armes leur sont rendues. Lions’ Den à Naplouse (2022-2024). L’AP arrête le leader Musab Shtayyeh (septembre 2022) et 20 membres. Échec : Lions’ Den (100+ membres actifs) continue d’opérer, revendiquant des fusillades

Macron a-t-il un plan si sa solution n’apporte pas la paix ?

Non, Macron ne propose pas de plan explicite si la reconnaissance d’un État palestinien n’apporte pas la paix :

Sa position repose donc sur des promesses sans garanties concrètes. Mais prenons pour hypothèse d’école que Mahmoud Abbas veuille sincèrement tenir ses promesses.

Les promesses d’Abbas engagent-elles l’OLP, le Fatah ou l’AP ?

Les promesses d’Abbas, en tant que président de l’AP, chef du Fatah et de l’OLP, engagent théoriquement ces entités, mais :

Macron s’appuie sur des promesses, sans aucun plan si elles ne sont pas tenues, rendant sa position fragile.

La position d’Israël semble plus solide !

Oui, la position d’Israël est mieux étayée par les faits :

Macron s’appuie sur des promesses fragiles d’Abbas, sans plan alternatif, tandis qu’Israël s’appuie sur des réalités concrètes.

Concrètement

Mardi 26 août au matin, lors d’une importante opération antiterroriste, les FDI dirigent un raid contre un bureau de change au cœur de Ramallah, fief d’Abbas. L’opération a permis d’arrêter le transfert d’environ un million et demi de shekels (360 000 francs) destinés au Hamas et d’arrêter neuf personnes liées à des activités terroristes2.

Question : Israël aurait-il pu intervenir si un Etat palestinien était constitué ? La réponse est non. Ce genre de financement du terrorisme s’arrêterait-il, si un Etat palestinien était créé, ou se développerait-il, selon vous ? En quoi cela apporterait-il la paix et la stabilité promise par le président français ?

L’attaque du 7 octobre 2023

  1. Première vague : Plus de 1 000 membres de l’unité d’élite Nukhba du Hamas, sous le couvert de tirs de roquettes.
  2. Deuxième vague : Environ 2 000 combattants supplémentaires.
  3. Troisième vague : Des centaines d’autres combattants, accompagnés de milliers de civils gazaouïs.

Joe Truzman, analyste au Long War Journal a identifié en septembre 2024 l’existence de 28 entités terroristes différentes agissant en Judée Samarie3 (voir tableau en fin d’article), avec un total de 3 000-5 000 membres. Aucune d’entre elles n’a jamais été ni interdite, ni démantelée, ni arrêtée par l’AP.

Rapportons ces indications à la Judée Samarie…

28 entités terroristes différentes agissant en Judée Samarie

Organisation principaleBranches/Groupes en Judée-SamarieDescription brève et rôleSources
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)1. Katibat NablusHamas dirige plusieurs bataillons locaux armés de fusils, IED et explosifs. Ils coordonnent des attaques de fusillade et des embuscades contre les forces israéliennes, avec un financement iranien estimé à des millions de dollars annuels.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)2. Katibat JénineHamas dirige plusieurs bataillons locaux. Ils coordonnent des attaques de fusillade et des embuscades contre les forces israéliennes, ils sont financés par L’Iran à hauteur de millions de dollars annuels.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)3. Katibat TulkaremHamas dirige plusieurs bataillons locaux armés.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)4. Katibat TubasPlusieurs bataillons locaux armés.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)5. Katibat QalqilyaPlusieurs bataillons locaux armés.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Hamas (Brigades Izz al-Din al-Qassam)6. Katibat HébronPlusieurs bataillons locaux armés.Shin Bet rapport annuel 2024 ; IDF opérations 2025 ; Long War Journal (Truzman, sept. 2024) ; FDD analyse sur soutien iranien.
Jihad islamique palestinien (PIJ) (Brigades al-Quds)7. Katibat JéninePIJ, allié clé de l’Iran, opère des cellules spécialisées dans les roquettes et les attentats suicides. Ses branches en Judée-Samarie ont revendiqué des dizaines d’attaques depuis 2021.Shin Bet rapport 2024 ; IDF raids 2025 ; AP opération « Protect the Homeland » 2024 ; Long War Journal (Truzman).
Jihad islamique palestinien (PIJ) (Brigades al-Quds)8. Katibat Naplouse Shin Bet rapport 2024 ; IDF raids 2025 ; AP opération « Protect the Homeland » 2024 ; Long War Journal (Truzman).
Jihad islamique palestinien (PIJ) (Brigades al-Quds)9. Katibat Tulkarem Shin Bet rapport 2024 ; IDF raids 2025 ; AP opération « Protect the Homeland » 2024 ; Long War Journal (Truzman).
Jihad islamique palestinien (PIJ) (Brigades al-Quds)10. Katibat Tubas Shin Bet rapport 2024 ; IDF raids 2025 ; AP opération « Protect the Homeland » 2024 ; Long War Journal (Truzman).
Jihad islamique palestinien (PIJ) (Brigades al-Quds)11. Katibat Qabatiya Shin Bet rapport 2024 ; IDF raids 2025 ; AP opération « Protect the Homeland » 2024 ; Long War Journal (Truzman).
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)12. Katibat Balata (camp de réfugiés près de Naplouse)Liées au Fatah (branche armée), ces brigades mènent des opérations anti-israéliennes malgré les liens officiels avec l’Autorité palestinienne. Soutien iranien via des proxies comme le Hezbollah.Shin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)13. Katibat JénineLiées au Fatah (branche armée)Shin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)14. Katibat NaplouseLiées au FatahShin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)15. Katibat TulkaremLiées au FatahShin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)16. Katibat TubasLiées au FatahShin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)17. Katibat HébronLiées au FatahShin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (Fatah)18. Katibat QalqilyaLiées au FatahShin Bet 2024 ; IDF 2025 ; AP rapports internes ; FDD sur liens Fatah-Iran.
Front populaire de libération de la Palestine (PFLP)19. Katibat JénineGroupe marxiste-léniniste avec des liens iraniens ; impliqué dans des attentats et des embuscades.Shin Bet désignation terroriste 2024 ; IDF éliminations ; Long War Journal profils.
Front populaire de libération de la Palestine (PFLP)20. Katibat Naplouse Shin Bet désignation terroriste 2024 ; IDF éliminations ; Long War Journal profils.
Front démocratique pour la libération de la Palestine (DFLP)21. Katibat JénineAllié du PFLP, focalisé sur des attaques coordonnées ; financement partiel iranien.Shin Bet rapport 2024 ; FDD analyse alliés iraniens ; AP mentions sporadiques.
Comités de résistance populaire (PRC)22. Cellule JénineBasé à Gaza, mais étendu en Judée-Samarie ; revendique des attaques avec des explosifs, soutenu par l’Iran et le Hezbollah.IDF rapports 2025 ; Long War Journal (Truzman) ; FDD sur PRC.
Groupes indépendants ou alliés23. Lions’ Den (Ariye al-Asad, Jénine)Ces entités naissantes ou indépendantes opèrent souvent en coalition ; Lions’ Den est une coalition locale anti-israélienne avec des armes avancées iraniennes.Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.
Groupes indépendants ou alliés24. Hizam al-Nar (Ceinture de feu, Sichem)Entité indépendante – armes avancées iraniennes.Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.
Groupes indépendants ou alliés25. Katibat al-Sabireen (Jénine/Naplouse)Entité indépendante – armes avancées iraniennes.Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.
Groupes indépendants ou alliés26. Mouvement des Moudjahidines (diverses cellules)Entité indépendante – armes avancées iraniennes.Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.
Groupes indépendants ou alliés27. Autres cellules salafistes-djihadistes (non affiliées, comme des affiliés à l’État islamique) Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.
Groupes indépendants ou alliés28. Groupes hybrides iraniens (unités IRGC-Qods infiltrées) Shin Bet 2024 ; IDF raids ; AP arrestations partielles 2024 ; Long War Journal.

Pourquoi l’Europe fait-elle comme si la solution à deux États existait encore ?

1 En juillet 2025, Cinq cheikhs (chefs tribaux) de Hébron, la plus grande ville palestinienne en Judée-Samarie (environ 500 000 habitants, majoritairement sous contrôle tribal), ont signé une lettre adressée au ministre israélien de l’Économie, Nir Barkat, proposant la création d’un « Émirat de Hébron » autonome, indépendant de l’AP et de Ramallah.

Le leader principal est le cheikh Wadee’ al-Jaabari (aussi connu sous le nom d’Abu Sanad), issu d’un clan historique influent à Hébron.

Ces clans, comme les Jaabari, contrôlent de facto une grande partie de la sécurité et de l’économie locale, surpassant souvent l’influence du Fatah (branche principale de l’AP) dans les affaires quotidiennes. Hébron est un bastion tribal, et ces cheikhs représentent une majorité locale, selon des analyses comme celles du Wall Street Journal et d’experts israéliens tels que Mordechai Kedar (spécialiste des cultures arabes à l’Université Bar-Ilan).

Les points clés de leur demande incluent :

2 Les Arabes, qui seraient les principaux bénéficiaires d’un Etat palestinien à côté d’Israël, sont une minorité à le réclamer. Cela devrait surprendre, ou au moins interroger. Mais personne ne pose la question, probablement parce qu’ils craignent que la réponse ne cadre pas avec le paradigme. Si vous me posiez la question, je vous donnerai la réponse : il dépend de la perception de « faisabilité » (seulement 32 % y croient). Avant octobre 2023, le soutien en Judée Samarie oscillait entre 50-55 % (PCPSR 2022). La guerre a baissé à 32 % fin 2023, mais remonte à 40-45 % en 2025 grâce à l’épuisement de la « résistance armée » (soutien passé de 63 % à 46 %).

Selon le même sondage, 87 % des Arabes estiment que les raids israéliens justifient une « résistance armée ». Si l’on ajoute que seulement 32 % soutiennent l’idée que l’AP devrait « coopérer avec Israël pour arrêter les militants armés », contre 60 % qui s’y opposent, voyant cela comme une « trahison », cela signifie qu’un État souverain pourrait rapidement passer sous influence du Hamas ou de l’Iran. 

Il est difficile de trouver dans ces chiffres les arguments pour expliquer qu’un Etat palestinien apporterait la paix et la stabilité. Au contraire, le bon sens montre que cela entraînerait plus de terrorisme, plus d’instabilité et une nouvelle vague de « réfugiés palestiniens » vers l’Europe.

3 Côté israélien, très peu sont encore en faveur d’un Etat palestinien, et pour la première fois, la gauche israélienne y est devenue majoritairement contre. Seulement 21 % des Israéliens pensent qu’Israël et un État palestinien indépendant peuvent coexister pacifiquement4 – c’et le taux le plus bas depuis 2013 (contre 35 % en 2023 avant la guerre). Parmi les Juifs israéliens, ce chiffre tombe à 16 %, tandis que 40 % des Arabes israéliens y croient, ce qui n’est pas non plus un chiffre encourageant.

4 Il n’y a plus de soutien politique pour l’hypothèse à deux Etats en Israël, ni à droite bien entendu, ni à gauche. Dans un post sur X du 30 juillet 2025, le chef de l’opposition Yair Lapid a exprimé son opposition à la reconnaissance d’un Etat palestinien avec une éloquence que n’a pas eue le Premier ministre Netanyahou. Il a déclaré, et je lui laisse le mot de la fin :

« Il y a deux types de pays qui annoncent maintenant leur intention de reconnaître un État palestinien : ceux qui le font contre nous – comme l’Irlande et l’Espagne – et ceux qui le font parce qu’ils pensent nous soutenir – comme la France et le Royaume-Uni, et certainement l’Allemagne.

Je ne sais pas ce qui est le plus exaspérant : ceux qui le font de manière hostile, pour des raisons qui contiennent clairement plus qu’une trace d’antisémitisme, ou ceux qui – mus par une bonne dose de condescendance – croient savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous.

Le problème, bien sûr, n’est pas que la France reconnaisse un État palestinien. Cela ne permettra pas vraiment de lui donner un existence. Le problème est qu’ils ne posent pas les questions de base : Quelles sont ses frontières ? Quelle est sa capitale ? Qui le gouverne ? Quel type de gouvernement aura-t-il ? Sera-t-il une démocratie ? Soutient-il le droit au retour [de millions de « réfugiés] ? A-t-il la capacité, dès sa création, d’empêcher le Hamas de prendre le pouvoir ?

[…] Si l’État palestinien qu’ils soutiennent est destiné à devenir un autre État terroriste défaillant et meurtrier – envers son propre peuple et envers les Juifs – le soutiennent-ils encore ?

[…] Si l’Europe veut vraiment qu’un État palestinien voie le jour un jour, elle doit faire l’inverse : exiger que les Palestiniens changent. Qu’ils prouvent qu’ils peuvent être démocratiques, qu’ils savent combattre le terrorisme, qu’ils peuvent éradiquer la corruption.

Déclarer son soutien à ceux qui ont distribué des bonbons dans les rues de Naplouse et Hébron le matin du 7 octobre n’avance pas une solution à deux États. Au contraire, cela la repousse plus loin. »

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org

  1. Sondage d’opinion publique n° 95 (Poll No. 95) conduit par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PCPSR), l’institut de référence pour les enquêtes en Judée Samarie et à Gaza. Ce sondage a été réalisé du 1er au 4 mai 2025 auprès de 1270 adultes (830 en Judée Samarie), avec une marge d’erreur de ±3,5 %. https://www.pcpsr.org/sites/default/files/special/Poll%2095%20English%20full%20text%20May%202025.pdf ↩︎
  2. https://x.com/Israelpolice_Ar/status/1960601223675224436 ↩︎
  3. https://www.longwarjournal.org/archives/2024/09/profiles-of-28-iran-backed-terrorist-groups-and-branches-in-the-west-bank.php ↩︎
  4. Pew Research Center (février-mars 2025, sondage auprès de 998 Israéliens adultes) ↩︎
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