Le père debout, majestueux et solennel devant la sépulture rigide de son fils couverte d’un Talit, couchée sur un brancard. Les yeux secs, la tête protégée par un chapeau noir, le visage pâle et sombre, la barbe qui le couvre est blanche.
«C’est toi qui devais dire kaddish sur ma tombe… Tu es parti trop tôt ! Qui te remplacera ? Qui remplira ta tâche ?», s’écria le père devant toute l’assistance en larmes et en prières.
La douleur est dense, le chagrin que le murmure de l’assistance enveloppe, empreigne tous les présents, hommes et femmes, religieux et libéraux.
Les fleurs tout autour du mort dénotent dans cette ambiance lugubre. Mais le père a cessé depuis longtemps de pleurer. Il tient d’une main le drapeau bleu blanc d’Israël et de l’autre un livre ouvert d’où il a soigneusement choisi les psaumes qu’il va lire en guise d’adieu à son fils.
Samuel 2:6 : L’Éternel fait mourir et il fait vivre. Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter.
Mais mon fils, tu es le Samson du 7 octobre 2023, comme nombreux d’entre les fils et les filles d’Israël.
«Un jour, les chefs philistins se réunissent pour offrir un grand sacrifice à leur dieu Dagon et pour fêter leur victoire. Ils chantent :
«Notre dieu a livré entre nos mains Samson, notre ennemi».
Quand le peuple voit Samson, il chante la louange de son dieu Dagon en disant : «Notre dieu a livré entre nos mains Samson, notre ennemi, le destructeur de notre pays qui répandait la mort parmi nous».
Psaumes 121:4-5 : Il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël. l’éternel est celui qui te garde, l’éternel est ton ombre à ta main droite.
Et comme Samson, tu t’es livré pour sauver tes frères, pour sauver ton pays, pour vaincre ses ennemis. Par ton sacrifice tu as gagné l’éternité. Tu n’es pas mort mon fils ! Tu m’attendras aux portes du ciel et tu te joindras à moi pour glorifier l’Éternel.
Par ton geste, tu as cherché à préserver la vie de cette nation qui porte le nom du Créateur sur son front et le glorifie. Oui, mon fils, tu es notre sauveur – n’est-il pas écrit que celui qui sauve une vie, sauve la création entière.
Mon fils, mon héros… ton âme s’est déjà envolée vers les cieux, là où tous ces anges qui t’ont protégé t’attendent dans la douceur et l’amour.
En dépit de ta jeunesse et de ta soif de vivre, tu n’as pas hésité à t’offrir pour remplir le devoir sacré envers ton prochain… envers cette nation menacée et effarouchée. Tu as cherché à combattre les forces du mal et les a vaincues par ton sang. La pureté de ton cœur et ta bonté t’ont guidé vers l’immortalité.
Ton nom sera gravé dans nos mémoires et dans celles des générations à venir qui se diront toutes un jour : si nous sommes encore là, en vie, nous le lui devons !
Y a-t-il de douleur plus grande que celle d’enterrer son enfant ? Oui celle qui nous frappe lorsque cet enfant oublie le message de l’Éternel et lui tourne le dos. «Aime ton prochain comme toi-même».
Si Job a tout enduré, même la mort de tous ses enfants sans flancher ni perdre la foi en Dieu… Nous le pouvons aussi. Nous le devons aussi !!!
La vie n’a pas de prix et il est très pénible de devoir renoncer à ce cadeau précieux.
Alors, mon fils, je te dis aujourd’hui au revoir. La vie n’est qu’un cercle. Personne ne sait d’où il commence ni où il finit… On se retrouvera dans d’autres sphères que l’Éternel a créées pour tous Ses enfants.
Je plains ceux qui croient aux richesses terrestres, côtoient les forces du mal et ignorent leur éphémérité. Nous ne possédons rien… l’unique propriétaire de tout ce qui nous entoure, du cosmos, de nos vies, est le Créateur.
Je ne souffre plus mon fils ! Je ne pleure plus, je ne m’endeuille plus, je n’ai plus peur… J’ai confiance et ma foi est inébranlable.
Tu m’as accordé la meilleure leçon de la vie… celle de l’abstraction de soi-même, de l’humilité et de la fraternité. Nous, cette armée du silence, qui a pour devoir de guider et d’éclairer l’humanité… Nous sommes l’exemple à suivre nous disait Moïse sur le mont Sinaï en nous remettant les Tables de la Loi, dont nous sommes les gardiens désignés.
Am Israël Hay
© Thérèse Zrihen-Dvir, repris de son blog