Village bédouin illégal de Khan al-Ahmar, seconde couleuvre que Bibi a fait avaler à Smotrich ?

Bezalel Smotrich a rencontré pratiquement tous les chefs de municipalité de Judée et Samarie, le 2 février 2023.

1 La première couleuvre a été avalée au sujet de l’avant-poste Or Haim en Samarie, établi en mémoire du défunt Rabbi Haim Drukman par son petit-fils. Cinq heures après l’établissement de l’avant-poste, d’importantes forces de police et de garde-frontières, accompagnées d’inspecteurs de l’administration civile, sont arrivées sur le site et ont commencé à évacuer les pionniers et à démolir les structures, illégales, construites sans le moindre permis.

Selon les accords de coalition entre le Likoud et le Sionisme religieux, Smotrich était en charge de l’administration civile en Judée et Samarie. Smotrich a naturellement demandé au ministre de la Défense Yoav Gallant qu’il suspende, au moins provisoirement, l’évacuation. Gallant l’a ignoré.

Smotrich a boycotté la réunion suivante du cabinet, et sa faction a boycotté la session de la Knesset du lundi suivant, de sorte que Netanyahou ne put adopter aucune loi ce jour-là.

Netanyahou a entendu l’avertissement et a ordonné à son ministre de la Défense – qui n’a pas été très content de cela – de transférer l’autorité sur l’administration civile à Smotrich.

2 Mercredi de cette semaine, après huit reports précédents demandés par les gouvernements israéliens à la Cour suprême – qui fait rare, a ordonné la démolition du village arabe bédouin illégal de Khan al-Ahmar, situé en plein milieu entre Maale Adumim et Jérusalem, et qui empêche le développement d’une banlieue reliant les deux – le gouvernement de Netanyahou – le plus à droite de mémoire d’homme – s’est présenté au tribunal et a demandé un neuvième report.

Cette fois, il ne sera pas possible d’accuser ce gouvernement d’être celui « des Frères musulmans » du Premier ministre Yair Lapid, qui avait lui aussi demandé le report, mais du gouvernement de « l’extrême droite » de Netanyahou.

3 Les chefs du Sionisme religieux et d’Otzma Yehudit avaient reçu la promesse qu’une réunion aurait lieu avant que le représentant du gouvernement ne soumette sa réponse au tribunal. Netanyahou s’est même engagé à former une équipe ministérielle qui comprendrait Ben Gvir, Smotrich et plusieurs ministres du Likoud – mais cette réunion n’a pas eu lieu. Comme vous pouvez le constater, Bibi fait des promesses, mais il n’est pas tenu de les respecter, tant qu’il ne fait pas la promesse de tenir ses promesses.

4 Dans sa demande de report de la démolition de Khan al-Ahmar au 1er juin, le gouvernement a déclaré que “l’échelon politique reste ferme dans sa position selon laquelle la règle de droit exige que les ordres de démolition soient mis en œuvre, mais étant donné la complexité de la question en jeu et sa sensibilité, ainsi que le grand intérêt qu’elle suscite parmi les diverses parties de la communauté internationale et ses implications pour les relations étrangères et la sécurité de l’État d’Israël à l’heure actuelle, les fonctionnaires de l’État ont reçu l’ordre de terminer le travail nécessaire pour formuler la réponse exacte à l’ordonnance du tribunal” contre le village illégal.

En langage clair, cela veut dire que le gouvernement Netanyahou agit selon la doctrine Netanyahou : statu quo autant que possible sur tous les sujets qui ne représentent pas un danger immédiat pour les citoyens et l’Etat. Cela veut dire aussi que ceux qui accusent le gouvernement d’être « une coalition nationaliste d’extrême droite » passeront sous silence cette reculade qui ne valide pas leur description.

5 Après que le gouvernement israélien ait demandé mercredi à la Cour suprême un nouveau délai pour l’évacuation de l’avant-poste bédouin illégal, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a tout de même approché l’aile droite de son gouvernement. Il a déclaré au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir que l’évacuation aurait quand même lieu. Selon Kan 11, le Premier ministre a effectivement rassuré Ben-Gvir sur le fait que l’avant-poste serait évacué, mais sans préciser de date. Après tout, ce n’est que la neuvième fois que le gouvernement demande une prolongation – cette fois-ci, pour quatre mois.

Les vraies raisons invoquées pour ce report, selon des sources proches de Netanyahou, sont le fait qu’il tombait en plein milieu de la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken et la prochaine fête du Ramadan. Et vous le savez, car je rapporte tous les ans depuis 10 ans en français sur Dreuz et en anglais sur le Geller Report, la liste quotidienne des crimes et attentats commis par les musulmans durant leur « saint mois de recueillement et de réflexion spirituelle ».

Ramadan dure un mois et commence à la mi-mars. Nous sommes début février. Recul par peur de la violence, vous avez dit peur ?

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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