Haïfa, Israël (18 août 2025) — Lors de fouilles archéologiques au parc national de Hippos (Sussita), près de la mer de Galilée, des chercheurs de l’Université de Haïfa ont mis au jour une inscription grecque sur mosaïque portant la bénédiction inhabituelle « Que la paix soit avec les anciens ». L’inscription laisse penser à l’existence du plus ancien foyer pour personnes âgées connu à ce jour dans le cadre d’une découverte archéologique.
Datée de la fin du IVe ou, au plus tard, du début du Ve siècle de notre ère, l’inscription se trouvait au centre d’un médaillon orné de motifs colorés, à côté d’une des mosaïques les plus impressionnantes du site. Les résultats de la recherche ont été publiés dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik.
« Preuve vivante que l’attention et le souci envers les personnes âgées ne sont pas une idée moderne, mais faisaient partie d’institutions et de concepts sociaux il y a environ 1 600 ans. »
— Dr Michael Eisenberg, Institut d’archéologie Zinman et Département d’archéologie de l’Université de Haïfa, co-directeur du chantier.
Hippos fut la principale cité chrétienne de la région de la mer de Galilée durant la période byzantine, siège épiscopal accueillant au moins sept églises. Perchée sur une colline dominant la mer de Galilée, la ville fait l’objet de fouilles systématiques et d’importants travaux de conservation depuis 2000. À l’époque byzantine, Hippos jouait un rôle religieux, social et économique, ses axes principaux — le decumanus maximus (est-ouest) et un réseau de cardines (nord-sud) — servant d’artères majeures.
La mosaïque a été dégagée près de l’intersection de deux grandes rues, à environ 100 mètres de la place centrale, dans un îlot résidentiel. Dans l’étude, le Dr Eisenberg, la Dre Arleta Kowalewska (Institut Zinman) et l’épigraphiste Professeur Gregor Staab (Université de Cologne) ont examiné si l’inscription indique que le bâtiment abritait un établissement destiné aux personnes âgées, fournissant la plus ancienne preuve archéologique connue d’un foyer pour personnes âgées, datée au plus tard du début du Ve siècle.
Lors des campagnes 2023–2024, la section de mosaïque a été entièrement dégagée puis soumise à une conservation initiale par la conservatrice de l’expédition, Yana Qedem. L’équipe a analysé l’inscription grecque sur les plans linguistique, stylistique et contextuel, la comparant aux sources écrites byzantines évoquant des institutions pour personnes âgées, et a étudié les représentations iconographiques alentour — oies d’Égypte, cyprès, fruits et vases. Selon les chercheurs, la mosaïque a été posée à proximité de l’entrée du bâtiment, de façon centrale et visible pour les personnes entrant.
Les résultats indiquent que la mosaïque de Hippos constitue probablement la première preuve matérielle d’un établissement spécifiquement destiné aux personnes âgées durant la période byzantine. Si de tels établissements sont attestés dans des sources écrites des Ve–VIe siècles, il s’agit de la première découverte archéologique directement liée à ce type d’activité. L’adresse directe de l’inscription à un groupe d’âge — « Que la paix soit avec les anciens » — associée à d’autres caractéristiques du bâtiment et à son contexte urbain, suggère une infrastructure sociale organisée visant à fournir soins et dignité aux chrétiens âgés.
« Il s’agissait d’un établissement communautaire et spirituel intégré à la vie de la cité et reflet des valeurs sociales de l’époque. L’inscription s’adresse directement à un public spécifique, offrant un rare aperçu du quotidien des personnes âgées dans l’Antiquité. Elle peut constituer l’un des plus anciens témoignages matériels en Terre sainte montrant comment la communauté chrétienne a commencé à assumer des responsabilités de soin auparavant prises en charge par le réseau familial, développement sans doute lié à de nouveaux modes de vie chrétiens hors du cadre familial traditionnel, comme le monachisme. »
La mosaïque de Hippos apporte un éclairage inédit sur la vie sociale et religieuse durant la période byzantine, en particulier sur la prise en charge des personnes âgées. Là où la plupart des preuves proviennent de sources écrites, cette découverte offre une preuve matérielle, datée et tangible d’un établissement au service des aînés au sein de la communauté, montrant que la société byzantine créait non seulement des églises et bâtiments religieux, mais aussi des institutions à fonctions sociales quotidiennes.
