Près de neuf mois après l’attentat terroriste perpétré par le Hamas le 7 octobre, les manifestations critiquant le gouvernement pour des raisons diverses et souvent opposées ont réapparu dans tout le pays. Elles cachent un phénomène bien plus profond : l’effondrement de la gauche israélienne. Ou plutôt, la réalisation par les Israéliens de gauche que les hypothèses sur lesquelles ils fondaient leurs opinion étaient totalement fausses, et que la droite, qu’ils considéraient comme extrémiste, avait raison.
Une nouvelle enquête d’opinion menée par des sondeurs affiliés à l’Université hébraïque de Jérusalem a révélé que l’attaque du 7 octobre a créé un consensus national sur ce qui constituait auparavant le principal désaccord politique du pays. Mieux, en ce qui concerne le sujet spécifique des Arabes, l’enquête révèle que presque tout le monde est désormais de droite.
« Le 7 octobre a provoqué un effondrement complet de l’ancienne gauche israélienne », a déclaré au Washington Free Beacon le psychologue politique de l’Université hébraïque Nimrod Nir, qui a dirigé l’enquête.
« Jusqu’à il y a quelques années, je pouvais savoir dans quel camp politique vous vous situiez en vous posant une seule question : « État palestinien, oui ou non ? »
Aujourd’hui, cette question ne permet pas vraiment de différencier les deux camps, car personne ne soutient la vieille idée d’un État palestinien.
C’est à un tel point que même si l’on ne prend que les électeurs de gauche en compte, « il n’y a même plus de majorité en faveur d’un État palestinien » parmi eux, a déclaré M. Nir. « Ce n’est tout simplement pas à l’ordre du jour ».
Nir et son équipe, connue sous le nom d’Agam Labs, avaient interrogé un échantillon national représentatif de 4 000 adultes juifs israéliens en août 2023.
Le lent virage du pays vers la droite s’est accéléré depuis le 7 octobre
Puis du 9 octobre au mois dernier, ils ont repris contact avec la plupart d’entre eux tous les dix jours environ. En suivant un si grand nombre de personnes au fil du temps, les sondeurs ont pu minimiser le bruit et l’incertitude, ce qui a permis d’obtenir l’image la plus complète à ce jour de l’évolution de la politique israélienne depuis le 7 octobre.
L’enquête a révélé que le lent virage vers la droite de la société israélienne depuis des décennies de terrorisme et de rejet de la Palestine, s’est accéléré depuis le 7 octobre.
- La droite a augmenté de 5 points et représente désormais 60 % des Israéliens juifs en tenant compte de la droite modérée et de la droite dure.
- La gauche a diminué de 3 points pour tomber à 13 % du public, en tenant compte de la gauche modérée et de l’extrême gauche.
- Quant au centre, il se maintient à environ un quart de l’éventail politique.
En chiffres réels,
- plus de 160 000 des quelque 7 millions de Juifs israéliens ont abandonné la gauche et
- plus de 110 000 ont rejoint la droite, selon l’institut de sondage.
Toujours selon l’enquête :
- Parmi les Juifs qui prévoient de voter pour les partis d’opposition, le soutien à une solution à deux États est tombé à environ 40 %.
- 52 % des Israéliens juifs s’opposent à la facilitation de l’aide humanitaire à Gaza par le gouvernement en temps de guerre, et
- Seulement 30 % soutiennent cette politique.
- Lorsqu’il s’agit de trouver une solution au conflit israélo-palestinien fondée sur la coexistence de deux États, seuls 30 % des Israéliens juifs y croient encore.
- Pareillement, le soutien en faveur de la réinstallation de Gaza n’est soutenu que par un peu plus d’un tiers des Israéliens.
Le virage contre les Arabes est d’ordre sécuritaire, pas politique
Le revirement du public juif contre les Arabes depuis le 7 octobre est moins lié à une idéologie de droite qu’à des considérations sécuritaires rigoureuses, selon l’enquête.
« Ce changement offre une rare opportunité de modifier les positions du public sur le conflit », écrivent les sondeurs. « Les Israéliens qui s’opposaient auparavant à un État palestinien pour des raisons idéologiques pourraient le soutenir s’ils sont convaincus qu’il est bénéfique pour la sécurité d’Israël et qu’il empêche de futures attaques comme celles du Hamas, ou si le coût du refus d’un mouvement politique est trop élevé.
Toutefois, un plan présentant une vision viable d’un régime palestinien indépendant tout en préservant les intérêts d’Israël en matière de sécurité constitue un pas en avant catégorique ».
C’est la position que je défends depuis des années : un système inspiré de Porto-Rico, dont les habitants ne peuvent pas voter aux élections fédérales américaines, seulement locales. Cela confère à Porto Rico un certain niveau d’autonomie, mais il reste sous la souveraineté des États-Unis. Les Portoricains sont citoyens américains de naissance, mais ils ne peuvent pas voter aux élections présidentielles américaines et ne sont pas pleinement représentés au Congrès.
Debbie Sharon : « Les gens de droite nous ont prévenus. Nous ne les avons pas crus. Nous avons dit : “Ils sont tous fous. Ce sont tous des extrémistes de droite”. »
Le témoignage de Debbie Sharon, 60 ans, avocate spécialisée dans la défense pénale et originaire de Yated, résume bien l’évolution des mentalités.
Sharon se considère comme l’une des nouvelles figures de la droite. Elle explique qu’avant le 7 octobre, elle souscrivait à la conception qui prévalait à gauche, selon laquelle le retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005 et le soutien économique apporté par la suite à la bande encourageaient le calme et pourraient un jour conduire à la paix entre Israël et les Palestiniens.
« Les gens de droite nous ont prévenus que les Palestiniens ne pensaient pas comme nous : ils ne se soucient pas de la paix pour leurs enfants. Ils ne pensent qu’à nous éliminer », explique M. Sharon. « Mais nous ne les avons pas crus. Nous avons dit : “Ils sont tous fous. Ce sont tous des extrémistes de droite”. »
C’est alors que plusieurs milliers de terroristes du Hamas et de Palestiniens ordinaires ont fait irruption à la frontière de Gaza, à quelques kilomètres de la maison de Sharon.
Alors qu’elle se cachait dans sa chambre forte pendant plus de 30 heures, les terroristes ont massacré des dizaines d’amis, de voisins et de clients.
« J’ai toujours été centriste, il m’est donc très difficile de dire franchement que je suis de droite aujourd’hui », a-t-elle déclaré. « Mais c’est probablement le cas, et je vais probablement voter beaucoup plus à droite lors des prochaines élections que je ne l’ai jamais fait auparavant ».
Yoram Yitzhaki, 58 ans, homme d’affaires de Hanita, un village communautaire situé sur la frontière évacuée d’Israël avec le Liban, et fils du mouvement socialiste des kibboutz israéliens a fait cette déclaration choquante, quand on sait d’où vient ce mouvement, idéologiquement :
« Le 7 octobre m’a prouvé que nous ne pourrons jamais faire confiance aux Palestiniens et que nous devons être beaucoup plus forts ».
Moralité : vous n’avez pas vu cette enquête en première page des journaux, pas à la radio, ni même au journal télévisé.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org