L’avocat Omer Ben-Hamu, directeur adjoint du mouvement «Generation of Victory», a vivement critiqué les décisions prises par le chef d’état-major Eyal Zamir à l’égard des officiers supérieurs sont responsables de l’échec qui a précédé le massacre du 7 octobre.
Il existe un immense fossé entre la loi appliquée au combattant et au commandant subalterne et celle appliquée à l’officier supérieur.
Il cite plusieurs exemples bien connus :
Quand j’étais au cours Egoz, nous faisions un exercice d’orientation autour de Jérusalem. Un bon ami, après un an et un mois de cours, s’est arrêté pour manger un shawarma : ce même jour il a été jugé et expulsé de l’unité. Un autre ami qui a perdu une arme a été emprisonné. En revanche, ceux qui ont perdu la frontière sud ne subissent aucune sanction.
Ben-Hamu souligne qu’après cette terrible catastrophe un seul commandant de Tsahal a été relevé de ses fonctions : l’officier du renseignement de la division de Gaza. Herzi Halevi et Haliva ont démissionné d’eux‑mêmes et les officiers n’ayant reçu qu’un blâme ont déjà terminé leur service. Imaginez une entreprise privée dont les bénéfices chutent brutalement de cinquante pour cent : des têtes tomberaient. Après le 7 octobre, comment l’armée peut-elle ne pas estimer que des responsables doivent partir ? Quel message cela envoie-t-il au soldat en première ligne ? Où est l’exemple pour les soldats et leurs chefs ? Des soldats sont détenus pour avoir pris des souvenirs dans une maison à Gaza tandis que les responsables du 7 octobre ne sont pas limogés. Où est la responsabilité ? Pourquoi certains sont protégés ?
La peur majeure des responsables de Tsahal,
c’est un changement d’esprit
Les réponses reviennent toujours à ce même concept : la protection de l’Etat profond, le Deep State.
Il y a la crainte que de nouvelles forces émergent parmi le peuple d’Israël, des forces sans « approche inclusive ». L’état-major sait qu’après avoir évincé l’ancienne garde — qui a prouvé le 7 octobre son inaptitude — d’autres entreront, comme David Zini, [militaire de droite que la gauche a tout fait pour empêcher d’être nommé]. La peur majeure des responsables de Tsahal, c’est un changement d’esprit.
Il insiste sur le fait qu’il ne souhaite pas voir la pension d’un grand commandant rabotée ni qu’un officier aille en prison ; ce qui l’inquiète relève d’autre chose.
Je suis inquiet pour l’armée car si le message est qu’on peut être responsable du secteur sud, y rester pendant toute la guerre, prendre une retraite volontaire puis se voir interdire les réserves, quel signal cela envoie-t-il au soldat et au commandant sur le terrain quant aux conséquences de leurs actes ? Où est la culture de responsabilité ? Il n’y a pas d’armée sans cela.
Il dit entendre ces sentiments remontant du terrain.
C’est l’expérience de chaque soldat. Je crois que plus le grade est élevé, plus la responsabilité doit augmenter en conséquence. À mon grand regret, il semble que l’équation soit inversée : la plus grande responsabilité repose sur le soldat le plus bas gradé et la plus faible sur le chef d’état-major. Si le message est qu’un rang supérieur réduit la responsabilité, il montre aux soldats qui elle privilégie.
Ben-Hamu appuie ses propos en évoquant l’organisation de la défense juridique des soldats. Les petites fautes des bas gradés donnent droit à un avocat public, tandis que les officiers supérieurs bénéficient des services du cabinet le plus cher du pays, payé par l’armée qui l’a recruté pour cette mission. Il cite aussi des avocats de renom mobilisés en réserve pour conseiller les généraux avant la création d’une commission d’enquête.
C’est le même schéma : un traitement pour le soldat au front et le commandant subalterne, et un autre qui coûte des millions de nos impôts pour le haut commandement.
Pourquoi un soldat qui a peut-être commis une erreur sur le terrain ne reçoit-il pas un avocat de premier plan ? Le haut commandement sert-il les soldats et les objectifs de la guerre, ou forme-t-il une caste fermée ? J’étais convaincu que l’intérêt national prime, mais la conduite que j’ai observée montre le contraire.
Il ne peut y avoir des règles différentes pour le général et le soldat. Il y a une grande déception envers Zamir sur ce point. Nous sommes dans une armée où cinq enquêtes sont des dissimulations, et c’est criminel. Si le chef d’état-major ne fait pas son travail, alors les politiques doivent le faire. Nous voyons le ministre de la Défense [Israel Katz] se battre pour cela ; c’est un point sur lequel on ne peut pas transiger. C’est un enjeu moral qui se répercute et affecte toute l’armée, a déclaré Ben-Hamu.

