Statu quo, quel statu quo ? Un Juif ne peut pas monter sur le Mont du Temple ?

Itamar Ben Gvir - Photo : Direction du Mont du Temple

Le monde entier est contre nous ? Nos amis des Emirats font cause commune avec la Jordanie et l’Autorité palestinienne ? La France sermonne, l’Amérique gronde ? C’est la faute à ce trouble-fête d’Itamar Ben Gvir.

Lui, Juif, a osé poser le pied sur la sainte esplanade des mosquées, que des Juifs, comme lui, continuent à appeler l’esplanade du temple, au motif que le roi Salomon, qui était Juif lui aussi, y avait édifié un temple, mille ans avant le début de l’ère actuelle.

Jusqu’à la déportation massive des Juifs par les Romains, l’endroit était au cœur de la vie juive. Des millions de fidèles s’y rendaient chaque année. Selon la tradition chrétienne, Jésus de Nazareth y fût amené pour être circoncis et revint plus tard pour fêter sa bar-mitsva. C’est là encore qu’il vint fêter la Pâque, avant d’être arrêté et exécuté par le gouverneur romain Ponce Pilate. A l’époque, personne n’avait encore entendu parler de l’Islam et de son prophète. Mais six siècles plus tard, ce dernier, écoutant les récits des commerçants et prêcheurs juifs de la péninsule arabe, décida de les intégrer dans ce qui devint le livre saint de la nouvelle religion, transformant Abraham, David et Salomon en précurseurs de l’Islam, y ajoutant, pourquoi pas, Jésus et sa mère.

Les armées de l’Islam, arrivant en conquérantes, ont édifié leurs monuments sur les ruines du Temple et sur l’esplanade, utilisant au passage le marbre et l’or pillés dans les somptueuses églises byzantines. Après l’interlude des Croisades, provoqué par des atteintes répétées aux édifices chrétiens, l’ordre islamique s’impose pour cinq siècles à Jérusalem. Il ne se desserre qu’après l’entrée des troupes britanniques en 1917.

Vieille histoire, direz-vous. Alors arrivons à la renaissance d’Israël, et au plan de partition.

Jérusalem devait avoir un statut particulier et être ouverte aux fidèles des trois religions. L’émir Abdallah de Transjordanie ne l’entendait pas de cette oreille. Il conquit et annexa rapidement la Judée et la Samarie – ce sont les termes utilisés dans le projet de partition, y compris la vieille ville de Jérusalem, détruisit le quartier juif, et ses soldats utilisèrent les antiques pierres du cimetière juif du Mont des Oliviers pour construire des latrines.

Personne ne songe à convoquer le Conseil de Sécurité. On en serait peut-être toujours là si le roi de Jordanie, sur les conseils de son ami Nasser, n’avait décidé en juin 1967 de lancer ses troupes à l’assaut de la partie occidentale de Jérusalem. On connait la suite. L’armée jordanienne repassa de l’autre côté du Jourdain, les soldats de Tsahal délivrèrent Jérusalem, et la montagne du Temple redevint juive. Enfin… aurait pu redevenir juive.

Les Israéliens ne connaissaient pas assez le monde arabe. Vainqueurs d’un genre nouveau, ils ont voulu tendre la main à ceux qui voulaient hier les détruire. Avec une générosité digne de tous les éloges, ils acceptèrent de laisser l’administration de l’esplanade aux autorités religieuses musulmanes. On voit le résultat aujourd’hui.

© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

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