La mairie de notre ville continue ses efforts pour intégrer les nouveaux immigrants francophones, et probablement pour attirer à Hadera une partie des prochains arrivants.
Après avoir récemment organisé une mémorable soirée musicale dédiée à la chanson française, notre équipe municipale invitait mercredi 5 novembre les retraités du club francophone à la marche annuelle des seniors.
Profitant de cette belle matinée ensoleillée, notre petit groupe a marché à travers les jolies rues pavillonnaires du quartier « Ein Ha Yam » pour rejoindre le chapiteau dressé sur la plage municipale. Là, nous avons passé un moment convivial comme seul Israël sait les proposer.
Au milieu d’une assistance bigarrée et joyeuse composée d’anciens jeunes plutôt dynamiques, communément nommés « retraités », nous avons chanté (un peu) et dansé (beaucoup) sur des airs venus du monde entier, comme nous.
Français, Russes, Ukrainiens, Éthiopiens ou sabras, au-delà des quelques bribes d’hébreu que nous partageons maladroitement, ce fut un moment simple et plaisant : le vivre-ensemble.
Chaque semaine depuis le 8 octobre 2023, Israël a vu naître une multitude d’actions de solidarité et de soutien à nos chers hayalim. Parmi elles, un magnifique groupe de mamans juives de Natanya a créé le groupe des « Combattantes de l’ombre » ; le combat de ces femmes formidables se déroule dans leurs cuisines, et le but final, atteint chaque vendredi matin, est de réunir autant de victuailles que possible pour gâter nos garçons et nos filles au front.
Chaque vendredi matin, dans un grand espace de Natanya, ces mamans combattantes viennent déposer des merveilles culinaires concoctées avec amour et emballées avec soin. Et chaque vendredi matin, des papas et des papys dévoués remplissent les coffres de leurs autos de poulets rôtis, légumes grillés, hallot croustillantes et gâteaux succulents.
Hier, c’était notre tour ; donc, avec mon copain Jean-Michel, nous avons chargé soigneusement la voiture, sans oublier les desserts et les bouteilles de jus de raisin pour le kiddouch du vendredi soir.
Nous voilà donc partis 110 km plus au sud, nous, le duo improbable de sexagénaires autrefois parisiens, aujourd’hui israéliens, enthousiastes et motivés à l’idée de livrer à nos jeunes une belle quantité de nourriture cachère, ainsi que quelques mots d’encouragement dans un hébreu balbutiant.
Après 100 km d’autoroute et 10 km de routes poussiéreuses parsemées de panneaux de béton protecteur, voici enfin Nahal Oz ! Un bien joli kibboutz vert et propret à la lisière de la bande de Gaza.
Arrivés devant le portail, aujourd’hui entièrement protégé par l’armée, nous appelons nos contacts sur la base militaire locale afin d’effectuer notre livraison. Après cinq minutes, un pick-up de l’armée surgit. Il en sort un duo de gamins déguisés en militaires : Nadav et Golan sont deux jeunes Israéliens souriants et décontractés, comme on en voit ici à chaque terrasse de café, passablement dépenaillés ; seuls les rangers spéciaux trahissent leur appartenance à la prestigieuse brigade Golani.
« Tout ça pour nous ? »
« D’où venez-vous ? »
« Comment vous appelez-vous ? »
« La France, nous on adore, on a plusieurs camarades français. »
Ces gosses à qui nous avons confié notre vie se sont battus au corps à corps avec les vampires du Hamas, mais ils sont restés des gamins drôles et étonnés. À nous quatre, nous transférons le contenu de notre voiture dans la benne du pick-up en trois minutes.
Shabbat shalom Nadav, shabbat shalom Golan, que le Tout-Puissant vous protège. Nous reviendrons la semaine prochaine.
© Thierry Amouyal


j’envie les Juifs