Russie-Ukraine : Lapid est-il tombé sur la tête ?

Yair Lapid

Alors que les tensions entre la Russie et l’Ukraine continuent de monter, et qu’un conflit majeur semble être au coin de la rue – merci au pacifiste Joe Biden – le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré dans une interview accordée à N12 dimanche soir que si les États-Unis placent des sanctions contre la Russie, “Israël envisagera de se joindre aux sanctions” contre la Russie. Est-il tombé sur la tête ? Comprend-il si mal la situation particulière d’Israël ? Veut-il détruire la délicate balance qui a permis à Israël de ne soutenir aucun côté du conflit sans se faire d’ennemis ?

Les bras m’en tombent.

Les médias sont en mode “damage control” : le Jerusalem Post semble avoir supprimé l’article, et les rares médias en hébreu qui rapportent l’information se demandent si “sa langue a fourché”. Israël, imposer des sanctions à la Russie ? Il veut à ce point être l’ami des Démocrates et de la gauche américaine, qu’il offrira la stabilité d’Israël pour son idéologie ?

Dimanche soir, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré à Oded Ben-Ami sur News 12, que si une guerre éclate entre la Russie et l’Ukraine, Israël se rangera naturellement du côté de son allié traditionnel, les États-Unis, malgré l’intérêt de maintenir de bonnes relations avec les Russes.

Ministre des Affaires étrangères :

“Si une guerre éclate entre la Russie et l’Ukraine – alors Israël se rangera naturellement du côté de son allié traditionnel américain, malgré l’intérêt de maintenir de bonnes relations avec les Russes” – Révélé : “Notre évaluation des renseignements est différente de celle de nos homologues américains. Nous estimons les chances d’invasion russe plus faibles “

“Nous sommes plus prudents que les Américains et ils le comprennent”.

Selon Lapid, Israël a deux problèmes que les États-Unis et la Grande-Bretagne n’ont pas – “une frontière avec la Russie et une frontière avec la Syrie” [il veut dire que la Russie étant officiellement installée en Syrie, dont le port de Tartous lui a été concédé pour une durée initiale de 49 ans, la Russie a de fait une frontière commune avec Israël, en Syrie], ainsi que la crainte pour la sécurité de centaines de milliers de Juifs en Russie et en Ukraine.

“Notre situation est un peu comme celle des États baltes”, a déclaré M. Lapid. “Nous avons une frontière avec la Russie en Syrie”.

Il a ajouté que la coordination sécuritaire avec la Russie est “ce qui nous permet, selon les rapports étrangers, une activité israélienne constante contre les Iraniens en Syrie.”

Dans le même temps, il a souligné la préoccupation du gouvernement israélien pour la paix des communautés juives en Russie et en Ukraine – et l’importance de cette considération dans la prise de décision israélienne.

A la question de savoir si Israël participerait aux sanctions imposées à la Russie comme promis en Occident, malgré le désir de maintenir de bonnes relations avec Moscou et une coordination sécuritaire, Lapid a répondu :

“Nous devrons y réfléchir, ce n’est pas le cas pour le moment et nous n’en sommes pas là. “Tous les jours, deux fois par jour, nous surveillons la situation.”

Selon lui, la possibilité de déplacer l’ambassade d’Israël de Kiev à Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine, est constamment examinée.

“À ce stade, notre évaluation des renseignements est différente de celle de nos homologues américains et britanniques. Nous estimons que les chances que la Russie envahisse l’Ukraine sont plus faibles par rapport aux estimations américaines, mais nous nous y préparons certainement. “Toutes les infrastructures de Lvov sont préparées pour l’absorption de l’ambassade d’Israël.”

Ce matin, le ministre Nachman Shai a répété les engagements de Yair Lapid : ce n’était pas un lapsus. Il a déclaré :

“Si des sanctions occidentales sont imposées à la Russie, je suppose que nous nous y joindrons”.

Jusqu’à présent, le gouvernement Netanyahou avait réussi le tour de force diplomatique de maintenir une alliance solide avec les Etats-Unis tout en assurant des relations positives avec la Russie, stratégiquement essentielles pour pouvoir frapper les cibles terroristes de l’Iran en Syrie. A sa suite, le gouvernement Bennet semble avoir maintenu cet équilibre. Si Lapid le rompt, Israël risquera gros. Et Israël est un pays de petite taille, et la plus petite erreur géopolitique lui coûte toujours très cher.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

Sources :

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