Réveil amer à Gaza, liesse à Ramallah

Si le calme est revenu dans la bande de Gaza après les derniers affrontements entre l’armée israélienne et le mouvement terroriste qu’est le Djihad islamique, la colère gronde.

Une colère diffuse, multiforme qui ne se traduit pas par des manifestations – trop dangereux, le régime a tendance à les réprimer avec la plus grande violence – mais s’exprime à travers les réseaux sociaux souvent sous le couvert de l’anonymat.

Une colère tous azimuts.

Si l’on parle surtout d’Israël, les partisans du Djihad islamique ne sont pas près de pardonner au Hamas d’avoir laissé Tsahal le pilonner et décimer son état-major sans réagir et accuse le mouvement d’avoir trahi et fait cause commune avec « l’ennemi sioniste. »

Mais il en veut aussi à l’Autorité palestinienne, qui n’a rien fait, et au Fatah, qui n’a pas déclenché des opérations de guérilla qui auraient forcé Israël à ouvrir un nouveau front.

Les Gazaouis dans leur ensemble en veulent et au Jihad et au Hamas.

Le Jihad d’abord :  sur le millier de roquettes lancées vers Israël au moins 160 n’ont pas traversé la frontière et sont tombées à Gaza, faisant des dégâts importants et causant la mort d’au moins quatre enfants et en blessant d’autres.

L’organisation a tenté d’en faire porter la responsabilité à l’armée israélienne.

Si elle a réussi à convaincre les médias occidentaux, qui avaient pourtant des correspondants sur place, elle n’a pu décevoir les habitants de Gaza qui étaient aux premières loges.

Le Djihad islamique a dû le reconnaitre et négocie actuellement des compensations pour les familles endeuillées.

En ce qui concerne le Hamas, le fait que nombre de ses dirigeants « ont choisi de mener le combat à l’étranger » et se prélassent dans des hôtels de luxe est durement ressenti par la population, d’autant que la plupart d’entre eux ont mis leurs enfants en sûreté en les envoyant étudier dans de prestigieux établissements au Moyen Orient.

Tout cela coûte cher, très cher, et des sommes considérables sont ainsi détournées des besoins vitaux de Gaza.

Enfin il y a l’Egypte, « pays frère ».

Franchir sa frontière révèle Le Monde du 10 août est « une expérience douloureuse : vexations, extorsions et drames s’y multiplient… sauf pour ceux qui paient un « service VIP » au profit de l’armée égyptienne… Les Gazaouis échangent de terribles histoires sur ce passage : humiliations, attente sous le soleil des jours entiers, sans accès à des latrines, extorsions. …De ces abus, le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, ne dit mot, pas plus que les journaux locaux. »

Pendant ce temps à Ramallah c’est un accueil triomphal qui a été réservé à Abou Mazen, rentrant d’Allemagne auréolé d’une gloire nouvelle.

Il y avait bien longtemps que le vieux leader n’avait pas entendu de telles acclamations.

Il est vrai qu’il venait d’évoquer lors de sa conférence de presse à Berlin les « 50 holocaustes et cinquante massacres » qui auraient été perpétrés par Israël.

L’Allemagne et Israël avaient protesté mais les grandes chancelleries d’Europe ne s’en étaient pas formalisées. Elles étaient évidemment de son avis doit-il penser.

© Michèle Mazel pour Israël 24/7.org

Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.

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