Qu’aurait fait le roi Salomon ?

Le Hamas a filmé la libération des otages auprès des autorités sanitaires.

Qui ne connait pas l’histoire des deux mères revendiquant le même bébé et le jugement de Salomon ?

Considéré aujourd’hui encore comme le plus sage des hommes, le bâtisseur du premier temple n’aurait peut-être pas résolu si facilement aujourd’hui le dilemme de la rédemption des otages. Certes, pour le Rambam, il n’y a pas de plus grande Mitsva que de libérer les captifs, mais selon la Mishna (1), la prescription morale sinon religieuse de libérer les captifs a des limites : On ne rachète pas les captifs pour plus que leur valeur.

L’un des objectifs de cette restriction est d’éviter d’encourager les ravisseurs, ou ceux qui chercheraient à gagner de l’argent en capturant des Juifs et en exigeant une rançon exorbitante en échange, en raison de la sensibilité des Juifs au sauvetage de leurs prisonniers, quel qu’en soit le prix.

Une recommandation de grand bon sens qui n’a hélas pas été suivie lors des négociations qui, sous la pression de l’opinion publique, ont abouti à la libération du soldat Shalit en octobre 2011 après cinq longues années d’emprisonnement. En contrepartie, plus de mille terroristes avaient été sortis des prisons israéliennes. Plus de la moitié se sont livrés par la suite à des activités de terreur. Le plus célèbre d’entre eux est certainement Yahia Sinwar.

Fort de ce précédent, Sinwar a commencé par exiger la libération de tous les prisonniers palestiniens – six mille environ – en contrepartie des plus de deux cents otages – dont des bébés et de très jeunes enfants – kidnappés lors de l’effroyable massacre perpétré le 7 octobre. Une demande immédiatement rejetée. C’est que la situation n’était pas la même. L’armée israélienne avait pénétré profondément à l’intérieur de la bande de Gaza. Le Hamas avait perdu le contrôle du nord du pays où ses infrastructures étaient en ruines ; Tsahal occupait Gaza City. L’organisation terroriste avait subi de lourdes pertes, et une partie de son état-major, dont Ali el Kadi – autre terroriste libéré avec Sinwar – le commandant des forces spéciales et l’un des artisans du massacre du 7 octobre, avait été éliminé le 13 octobre par une frappe israélienne.

Sinwar avait besoin d’une trêve pour se réorganiser.

Israël aurait donc dû être en excellente position pour négocier à partir d’une position de force. C’était compter sans la pression internationale, qui demandait une trêve sinon l’arrêt immédiat des combats. L’inquiétude grandissait en effet devant la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et les pertes civiles. Il y avait urgence, disait-on, à fournir une aide humanitaire massive à la population. Des otages, il n’était pas question. Seul le président américain s’en préoccupait, sans pourtant faire de leur libération un préalable à tout accord. Ce qui ne l’empêchait pas d’exercer lui aussi une forte pression sur Israël. A l’intérieur de ce pays, les familles des captifs multipliaient les manifestations, appelant à leur libération quel qu’en soit le prix.

« Celui qui sauve une seule vie sauve le monde entier » selon le Talmud.

Israël a dû s’incliner. Aucune voix ne s’est levée pour condamner l’ignoble marchandage au terme duquel pour chaque bébé otage, trois terroristes emprisonnés seraient remis en liberté.

© Michèle Mazel pour Israël24 7.org

(1) Gittin 4:6

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