Tout avait été minutieusement planifié. L’objectif était double. D’une part déclencher manifestations de masse et émeutes à Jérusalem en ce second vendredi de Ramadan, de l’autre, en faire porter la responsabilité à Israël alors que le pays se préparait dans le recueillement au repas traditionnel qui marque la fête de Pâque et la liberté retrouvée du peuple juif.
On le sait, le meilleur moyen d’atteindre ces deux objectifs est de pousser les forces de sécurité à intervenir sur le Mont Moriah – esplanade du Temple pour les Juifs et esplanade des Mosquées pour les Musulmans.
Alors, dans un premier temps, des « jeunes » – prudemment encagoulés – entassent pierres, planches et barres de fer à l’intérieur de la mosquée Al Aqsa, la notion de lieu saint étant suffisamment élastique pour ne pas causer problème ; ensuite, ils font tomber une pluie de pierres sur les fidèles juifs en prière devant le Mur des Lamentations en contrebas. Comme il fallait s’y attendre, les policiers israéliens pénètrent sur le Mont pour les arrêter ; comme il fallait s’y attendre, ils sont reçus par un déluge de projectiles en tous genres.
Violentes échauffourées. Renforts de police. Blessés de part et d’autre. Arrestations. Le tout diffusé quasiment en direct par les réseaux sociaux arabes, sur fond de musique guerrière.
A Gaza, Hamas et Jihad Islamique s’étranglent d’indignation et rivalisent de menaces ; à Ramallah, le Premier ministre palestinien se déclare horrifié de voir les Juifs « souiller de leurs pieds » la sainte esplanade. Expression tant soit peu raciste sinon antisémite. On a sans doute oublié de lui dire que ce sont les Juifs qui ont construit ladite esplanade. Il est vrai que c’était il y a longtemps. L’Arabie saoudite, gardienne des hauts lieux de l’Islam, condamne, l’Egypte fait de même. Bref, provocation réussie ? Pas sûr.
C’est que la réaction des chancelleries occidentales tarde à venir. Là encore, deux raisons expliquent cette prudence inhabituelle. Tout d’abord, la police israélienne, faisant preuve d’une remarquable efficacité, évacue rapidement les militants, tant et si bien que l’esplanade a retrouvé son calme à temps pour accueillir les dizaines de milliers de fidèles venant y prier. Mais ce n’est pas tout. Ayant pour une fois retenu la leçon d’événements de ce genre, les autorités israéliennes ont diffusé en temps réel les images de ce qui se passait.
On n’y voit pas de paisibles fidèles dérangés dans leurs prières comme le clament leurs partisans. Par contre, on peut voir nettement la violence des manifestants, les barricades préparées à l’avance, les pierres jonchant l’esplanade.
Alors les Etats Unis sont les premiers à rendre publiques leurs conclusions : loin de montrer du doigt l’Etat juif, ils appellent « les deux parties » à faire preuve de modération. Ils sont bientôt suivis par quatre grandes capitales européennes, dont celles de la France et de l’Allemagne, qui ont-elles aussi appelé les deux parties à faire preuve d’une grande retenue.
En Israël on aurait préféré une condamnation ferme de la provocation palestinienne, mais on se déclare satisfait.
© Michèle Mazel pour Israël 24 7.org
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.