Un autre jour, un autre témoignage.
Depuis plus de deux semaines et demie, Nir Hefetz témoigne au procès de Netanyahou. Les gros titres se succèdent – certains excitent l’accusation, d’autres réjouissent la défense, et l’on ne sait toujours pas dans quelle direction son témoignage va décider.
Délivre-t-il la promesse de la prison dont rêvent ses opposants, ou la baudruche est-il en train de se dégonfler sous nos yeux ?
Les juges évaluent-ils les accusations de la même manière que nous les évaluons ? Certainement pas.
Pendant plus de deux semaines et demie, Nir Hefetz a témoigné, et chaque camp se dit satisfait de ce qu’il entend, des choses que le témoin public dit à la cour.
Parmi les gros titres, certains font beaucoup de bruit, mais ce n’est que du bruit, d’autres sont beaucoup plus pertinents pour l’affaire et vivent dans l’anonymat d’un paragraphe. Exemple : quand Hefetz dit que Netanyahou est impliqué et conscient des questions médiatiques, qu’il s’y engage presque comme des questions de sécurité, est-ce très pertinent pour le procès ? Certains pensent que oui, d’autres que non. Que cela l’accuse ou l’exonère.
Et qu’en est-il des choses qui concernent la famille Netanyahou. Cela réjouit la majorité des Israéliens qui adoraient détester Sarah Netanyahou et Yair, leur fils, mais les juges eux-mêmes se posent la question et demandent : “quel est le rapport avec l’affaire ?”
Lorsqu’Hefetz affirme que Netanyahou est conscient de la corruption. La corruption est-elle prouvée ? Alors qu’il s’agit d’une simple opinion, d’un ressenti, de l’ex-conseiller ? Est-ce suffisant, en droit, pour prouver que Netanyahou savait et a consciemment violé les lois, concernant les avantages qu’il était autorisé à donner à Alovich ? Cela revient à affirmer que Netanyahou se considérait comme un roi, un seigneur au-dessus des lois n’est-ce pas ? Beaucoup le pensent, c’est inséparable de la fatigue affichée par beaucoup (soufflée par les médias sans doute) d’un règne trop long – comme un roi, nommé à vie.
Mais devant un tribunal, que vaut ce ressenti du témoin d’Etat ?
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org