Lors de sa toute première visite en Europe en tant qu’autorité intérimaire israélienne, le Premier ministre Yair Lapid a rencontré mardi le Président français Emmanuel Macron. Et cela n’a pas du tout produit le résultat voulu, la visite s’est terminée par une fin de non-recevoir.
Au cours de sa visite d’une journée à Paris, M. Lapid a relancé les discussions bloquées en vue d’établir des perspectives de paix avec les Palestiniens dans le cadre d’un dialogue avec M. Macron, et ce dernier a qualifié les Israéliens de « chanceux » d’avoir M. Lapid comme Premier ministre.
M. Lapid a pris ses fonctions la semaine dernière, après que l’ex-Premier ministre israélien Naftali Bennett a démissionné, un an seulement après avoir pris ses fonctions à la tête de l’Etat. Lapid est le quatorzième Premier ministre d’Israël, Bennett, celui qui a eu le mandat le plus court. C’est humiliant.
Lors de sa visite en France, le dirigeant israélien a fait part des préoccupations de son pays concernant le programme nucléaire iranien et l’accord nucléaire de 2015.
« La situation actuelle ne peut pas continuer ainsi. Elle conduira à une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient, ce qui menacerait la paix mondiale. Nous devons tous travailler ensemble pour empêcher que cela ne se produise », a déclaré M. Lapid aux journalistes à Paris.
Deux dirigeants idéologiquement proches
Les deux dirigeants – Macron est socialiste depuis le début de sa carrière, Lapid est de centre droit sur le plan économique, et à gauche dans les domaines sociaux – se sont qualifiés d’alliés. C’est à dire que Lapid a renoué avec ce travers israélien qui consiste à ignorer la réalité que Macron a toujours voté toutes les résolutions qui condamnent Israël devant l’ONU ou plus grave encore, son Conseil de sécurité, ce qui, quelle que soit la façon dont on regarde les choses, ne fait pas de la France un allié d’Israël.
Pire encore, le ministère des Affaires étrangères français, qui dicte la ligne de politique étrangère de l’agence de presse gouvernementale AFP et de l’audiovisuel d’Etat France Telévision, est radicalement biaisé contre Israël en raison de la politique arabe de la France héritée et préservée de l’ancien président de Gaulle.
Lapid n’a pas été capable de s’accorder avec Macron concernant le nucléaire iranien
Selon les rapports, les deux dirigeants se seraient mis d’accord sur toutes les petites questions secondaires abordées, à l’exception de l’accord sur le nucléaire iranien et sur le Hezbollah, raisons pour lesquelles Lapid s’était rendu en France.
- Macron a fait pression pour que l’Iran revienne dans l’arrangement JCPOA de 2015, duquel le président américain de l’époque, Donald Trump, s’et retiré en 2018, car il en avait décelé les failles – failles que l’Etat hébreu avait lui-même dénoncées face à des pays européens sourds.
- L’Iran a depuis augmenté sa capacité d’enrichissement d’uranium.
- Macron a insisté sur le fait que l’Iran doit revenir à l’accord nucléaire de 2015, et a concédé que cela ne « suffira pas » à maintenir son ambitieux programme nucléaire sous surveillance.
Pourtant, le président connu pour ses approximations intellectuelles est en première ligne pour tenter de relancer l’accord ! - Yair Lapid s’est opposé au projet d’accord nucléaire tel qu’il est prévu, le qualifiant d' »insuffisant ».
- Macron a rejeté les arguments de Lapid et déclaré que le monde devait « défendre » l’accord nucléaire.
Hezbollah
Lapid a déclaré que le Hezbollah, soutenu par Téhéran, « joue avec le feu », mais la France a fait la sourde oreille : le Quai d’Orsay a inventé l’idée d’une « branche politique » de l’organisation terroriste chiite, qui n’existe pas, afin de conserver des liens privilégiés avec le Liban et son gouvernement, dont fait partie le groupe terroriste.
Israël a récemment abattu trois drones du Hezbollah qui se dirigeaient vers l’une de ses plates-formes gazières en Méditerranée. Les drones n’étaient pas équipés de bombes, et les observateurs en ont déduit que les terroristes avaient envoyé un message clair à Israël. Si c’est bien le cas, la riposte d’Israël est un message encore plus clair !
Lapid a déclaré à Macron que Tel-Aviv avait de facto une frontière avec l’Iran au Liban, où se trouve le Hezbollah.
La visite de M. Lapid en France intervient quelques jours avant la tournée prévue du président américain Joe Biden en Israël, puis en Arabie saoudite.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org