Pourquoi l’Europe fait-elle comme si la solution à deux États existait encore ?

Ces derniers mois, la France, le Royaume‑Uni, l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie ont tous officiellement reconnu « un État palestinien ». Leurs déclarations ont fait la une et provoqué des protestations diplomatiques d’Israël. Pourtant rien n’a changé sur le terrain. L’Autorité palestinienne (AP), dépendante de l’aide étrangère, et Gaza, gouvernée par le Hamas, ne deviendront pas soudainement un État viable après le vote prévu à l’ONU le mois prochain.

Le spectacle soulève une question brutale : pourquoi l’Europe continue‑t‑elle à faire semblant que la solution à deux États existe encore ? Les dirigeants européens ne croient pas, en réalité, à la souveraineté des Arabes palestiniens, ni ne la souhaitent. La reconnaissance fonctionne comme une représentation — théâtre moral. Elle entretient une illusion depuis longtemps effondrée. Et l’Europe a besoin de cette illusion.

Depuis les accords d’Oslo, l’Union européenne est devenue le principal bailleur de l’Autorité palestinienne, des milliards d’euros d’aide maintenant ses institutions à flot. En avril 2025, l’UE a approuvé un nouveau plan d’aide de 1,6 milliard d’euros, officiellement conditionné à des réformes gouvernementales et à des manuels scolaires révisés pour retirer des contenus antisémites. Des conditions semblables ont déjà été imposées puis tacitement ignorées.

Le résultat est un équilibre pervers : l’Autorité palestinienne dépend de l’argent européen pour survivre comme unité politique non souveraine, tandis que l’Europe dépend de sa faiblesse pour justifier la poursuite de l’aide. Un véritable plan de paix risquerait l’effondrement ou la confrontation. La subvention perpétuelle est plus sûre.

Les diplomates européens parlent de « progrès incrémentiels » vers la réforme. En réalité, le flux d’argent et de conférences est devenu un statu quo. Le processus en faveur de deux États subsiste comme symbole, alors que la souveraineté arabe s’éloigne.

Les États européens annoncent la reconnaissance, une conférence de presse à Dublin ou Madrid proclame « Palestine » souveraine, Israël rappelle ses ambassadeurs en protestation, puis tout revient à la normale.

Les échanges entre l’UE et Israël se poursuivent sans encombre, atteignant 42,6 milliards d’euros en 2024 — un tiers du commerce mondial d’Israël. Les exportations de l’UE vers Israël ont même augmenté pendant la guerre de Gaza. Autrement dit, l’Europe condamne les « communes » et sermonne Israël, mais ne rompt pas les liens économiques qui servent ses propres intérêts.

La reconnaissance est un geste symbolique sans conséquences politiques. L’ancienne envoyée de l’UE, Susanna Terstal, l’a admis :

« La solution à deux États reste la seule option viable… mais elle devient de plus en plus difficile avec le temps. »

Des analystes de l’Institut israélien d’études sur la sécurité nationale ont été plus directs :

« La reconnaissance est largement symbolique pour les Arabes et laisse les réalités sur le terrain inchangées. »

Voici un contraste frappant : tandis que les États‑Unis ont encore des ressortissants coincés à Gaza, et que la Russie a réclamé ses doubles nationaux, il n’y a plus de détenteurs de passeports européens parmi les otages confirmés. Ceux qui avaient la nationalité européenne ont été libérés ou tués il y a des mois. L’Europe peut donc se permettre des gestes sans coût ; sa « reconnaissance » n’entraîne aucun risque personnel ou politique lié à des citoyens encore en captivité.

Derrière la mise en scène se cache une vérité : la plupart des dirigeants européens ne veulent pas voir naître un État arabe palestinien. Ils redoutent les conséquences. Les sondages montrent un soutien massif aux groupes armés hors du contrôle de l’Autorité palestinienne, 87 % rejetant le droit de l’Autorité palestinienne à les arrêter. Cela signifie qu’un État souverain pourrait rapidement passer sous influence du Hamas ou de l’Iran. Les services de renseignement européens savent que cela entraînerait plus de terrorisme, plus d’instabilité et une nouvelle vague de réfugiés vers leurs côtes.

Le Parlement européen a lui‑même estimé le coût du terrorisme depuis 2004 à 185 milliards d’euros de PIB perdu et 5,6 milliards d’euros en pertes humaines et dégâts. Avec des systèmes d’asile déjà saturés et la montée des partis anti‑migrants, le coût politique d’un autre « Gaza » déversé sur l’Europe est impensable.

Un État arabe palestinien pourrait aussi mettre en péril les relations lucratives de l’Europe avec Israël. L’UE a d’importants intérêts dans le secteur high‑tech israélien et dans le gaz naturel importé des gisements Léviathan et Tamar. Un État dirigé par le Hamas menacerait ces flux et fragiliserait des alliés régionaux.

L’Europe n’est pas unie : l’Allemagne privilégie la sécurité d’Israël, la Hongrie et la Pologne s’opposent à une reconnaissance unilatérale. Même lorsque l’Irlande et l’Espagne font des gestes symboliques, les grandes puissances bloquent toute action effective. La façade d’unité européenne masque des intérêts nationaux qui rendent la souveraineté réelle impossible.

Pourquoi maintenir la comédie ? Parce que la reconnaissance rapporte des applaudissements aux manifestants de Berlin et de Londres et séduit les élites progressistes. À la mi‑2025, la cote de sympathie d’Israël a atteint des creux historiques en Europe occidentale. Au Royaume‑Uni, près de la moitié des électeurs souhaitaient la reconnaissance de « la Palestine », tandis que seulement 14 % s’y opposaient. Marches et rassemblements rendent politiquement utile de déclarer la reconnaissance, même en sachant que cela ne changera rien.

C’est pourquoi l’Europe organise des conférences et des sommets multilatéraux. La récente conférence saoudo‑franco‑onusienne en est un parfait exemple : discours de haut niveau, déclarations solennelles et aucun résultat concret. Les dirigeants jouent la solidarité sans risque.

La mise en scène trompe les Arabes en leur faisant croire que la souveraineté est imminente, ce qui décourage la réforme ou le compromis. Elle renforce le scepticisme israélien quant à la capacité de l’Europe à être un partenaire sérieux. Et elle détourne l’attention des nouvelles réalités régionales, comme les accords d’Abraham, qui ont montré que la normalisation entre Israël et certains États arabes peut avancer sans l’accord palestinien.

Pire encore, ce statu quo laisse les problèmes majeurs intacts : les Arabes restent des réfugiés perpétuels où qu’ils vivent, sans contrôle sur leur existence ; les Israéliens restent sans sécurité ; la violence terroriste perdure. Ainsi l’Europe prolonge le conflit qu’elle prétend combattre.

Un mois seulement après le 7 octobre, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que « la meilleure garantie de la sécurité d’Israël est la création d’un ‘État palestinien’ ». L’UE continue de professer cette fiction malgré les condamnations du Premier ministre israélien Netanyahou, qui y voit une victoire pour le terrorisme.

Le vote prochain à l’ONU promet d’être un autre spectacle qui ne fera qu’accroître les agressions antisémites contre les Juifs et contre l’unique État juif — ce petit point sur la carte représentant 0,3 % du territoire du Proche‑Orient, qu’on accuse d’expansionnisme et de génocide envers ses voisins — tout cela parce que cela flatte un sentiment d’autorité morale plutôt que parce que cela apportera souveraineté ou paix.

Source : Israel National News version anglaise

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