Pourquoi la « solution à deux Etats » n’est ni une solution, ni une option

Jean Patrick Grumberg

Même les gens de bonne volonté parlent de solution à deux Etats. Il est temps de remettre les pendules à l’heure.

Je n’aime pas l’expression « solution à deux États », car elle est trompeuse. Que ce soit intentionnellement ou non.

Le mot « solution » implique qu’elle résoudrait le problème, mais personne ne sait si c’est le cas. Comme l’a dit Einstein, chaque problème a une solution, mais cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’une bonne solution.

Personne ne peut prouver qu’une idée non testée est une solution. Personne n’a de preuve, ni de test. Personne ne sait si la « solution des deux États » serait la solution. Personne n’a la moindre preuve, et les arguments pour et contre sont généralement incomplets.

Nous ne savons pas si la solution des deux États serait une solution, mais il y a des choses que nous savons

Ce que nous savons avec beaucoup plus de certitude, c’est ce qui se passerait si ce choix était mis en œuvre et s’il ne fonctionnait pas.

Il y aurait deux conséquences dramatiques que ceux qui proposent la « solution à deux Etats » n’abordent jamais, ce qui n’est pas honnête de leur part, compte tenu de l’importance du sujet, et ne m’inspire pas confiance dans leur capacité à réfléchir de manière approfondie.

Si leur « solution » à deux Etats ne marche pas,

1 – elle créerait beaucoup plus de catastrophes, d’insécurités et de morts qu’aujourd’hui, car un Etat a une armée, une police, des frontières, l’ONU pour défendre son intégrité. Et ce n’est pas comme si les Arabes de la région gardaient secret leur objectif vis à vis d’Israël.
2 – elle serait irréversible, à moins de déclencher une guerre suivie d’une conquête de territoires bien improbable, alors qu’aujourd’hui toutes les options sont ouvertes.

Pas de solution, mais des suggestions

La bonne expression devrait être « proposition de deux États », ou « suggestion de deux États ». Les gens commenceraient alors à se demander si la suggestion est bonne ou non, et pas seulement s’ils l’aiment ou non, et ils y réfléchiraient davantage. Les gens commenceraient à poser des questions, à proposer des alternatives, alors qu’avec l’expression « solution à deux États », les gens pensent au sujet de manière binaire : oui ou non. Peut-être est-ce exactement ce que veulent les partisans de cette « solution » ?

Deux Etats ou trois ?

Compte tenu de l’hostilité permanente entre Gaza et Ramallah, il ne s’agirait pas de deux États, mais de trois. Ou pire : le nouvel État deviendrait immédiatement la cible de l’Iran.

Si, dans la formule « solution à deux États », « Solution » est inexact et « Deux » n’est pas réel, que devient cette idée ? Du conformisme.

Je n’ai jamais vu ceux qui défendent (ou ont défendu) l’idée de « deux États » proposer une alternative autre que « un État » ou « deux États ». Comme s’il n’y avait que deux options à ce problème complexe et ancien !

Cela n’inspire pas confiance dans leur volonté réelle de trouver une issue au problème, mais dans celle d’imposer une idéologie. Aucun pragmatisme ne sort de leurs bouche.

De plus, le problème est rarement présenté dans son ensemble, mais seulement en partie, le plus souvent sous l’angle humanitaire et démographique. Ou sous l’angle démocratique – comme si les Arabes voulaient la démocratie, qu’ils rejettent comme un concept occidental suprématiste et colonialiste.

Et pour ce qui concerne les « colonies en Cisjordanie qui créeraient des faits sur le terrain qu’il serait virtuellement impossible de supprimer », si je ne me trompe pas, Israël fait ce que les Arabes voulaient.

L’accord d’Oslo qu’ils ont négocié a divisé la Judée Samarie en trois parties, la zone A, B et C ; la zone C étant réservée aux Juifs. C’est là qu’Israël construit lentement des routes et des villages. Rien ne se fait en dehors des accords.

© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24 7.org

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