Pourquoi Israël a reconnu le Somaliland – comprendre l’enjeu global derrière la reconnaissance qui dérange

Golfe d’Aden : pourquoi la reconnaissance du Somaliland par Israël répond à un intérêt global de stabilisation

La reconnaissance formelle de la République du Somaliland par Israël, annoncée le 26 décembre 2025, a été interprétée par certains comme un acte diplomatique isolé ou idéologique. Une telle lecture occulte l’essentiel.

Cette décision – la première par un État membre de l’ONU – s’inscrit dans une logique de convergence stratégique entre un intérêt national israélien précis et un enjeu global majeur : la stabilisation durable du golfe d’Aden et de la mer Rouge, afin d’éviter que des conflits régionaux ne produisent des effets systémiques à l’échelle mondiale. La déclaration conjointe a été signée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar et le président somalilandais Abdirahman Mohamed Abdullahi (Cirro)

I. Le golfe d’Aden : un nœud critique du système mondial

Le golfe d’Aden constitue l’accès méridional de la mer Rouge et le verrou du détroit de Bab el-Mandeb, reliant l’océan Indien à la mer Rouge, au canal de Suez et, par extension, à l’Europe, l’Asie et la Méditerranée.
En temps normal, environ 10-12 % du commerce maritime mondial y transite (conteneurs, hydrocarbures, denrées, composants stratégiques). Les attaques houthies depuis 2023 ont réduit les flux pétroliers de plus de 50 %, provoqué des détournements massifs via le cap de Bonne-Espérance, augmenté les coûts logistiques de 30-50 % et généré des pressions inflationnistes globales.
Le golfe d’Aden agit comme un amplificateur de crises : une instabilité locale s’y transforme rapidement en déséquilibre économique international.

II. L’insécurité maritime : un problème régional aux conséquences mondiales

Les actions des Houthis (soutenus par l’Iran) – plus de 100 attaques sur des navires depuis novembre 2023 – ont fragilisé durablement cette artère vitale.
Cette situation engendre des coalitions navales ad hoc, un risque accru d’escalades et des coûts exorbitants. Plus l’environnement politique demeure flou, plus la gestion repose sur des mécanismes d’urgence instables, favorisant la globalisation progressive du conflit.

III. Le Somaliland : une réalité institutionnelle ignorée

Depuis 1991, le Somaliland dispose d’institutions opérationnelles, d’un contrôle effectif de son territoire, d’élections régulières (dernières présidentielles en novembre 2024), de forces de sécurité et d’une façade maritime stratégique (port de Berbera, modernisé par DP World).
Son absence de reconnaissance internationale le maintient dans une zone grise juridique, produisant un déficit de redevabilité et une fragilité autour d’infrastructures critiques. La non-reconnaissance rend les enjeux stratégiques moins transparents et plus difficiles à encadrer.

IV. Reconnaissance et gouvernance : une alternative à l’escalade

La reconnaissance israélienne du 26 décembre 2025 – avec établissement de relations diplomatiques complètes (ambassades, ambassadeurs) et coopération en sécurité, technologie, agriculture, santé et économie – transforme un espace passif en acteur responsable.
Le ministre Gideon Saar a déclaré avoir instruit son ministère d’institutionnaliser immédiatement ces liens dans tous les domaines. Cette décision, inspirée des Accords d’Abraham (que le Somaliland souhaite rejoindre), ouvre la voie à des accords formels de sécurité maritime et une meilleure surveillance régionale (ex. : depuis Berbera contre les Houthis).

V. L’intérêt israélien dans une perspective systémique

L’intérêt d’Israël est clair : réduire la pression en mer Rouge, éviter un front maritime permanent et renforcer la surveillance via Berbera. Gideon Saar a personnellement échangé avec le président Cirro pour concrétiser cette vision.
Cet intérêt recoupe celui des économies européennes et asiatiques (dépendance Suez), des États riverains et du commerce mondial. La reconnaissance pourrait encourager d’autres suivismes (États-Unis en étude, Émirats impliqués à Berbera).

VI. Prévenir la globalisation du conflit – malgré les oppositions immédiates

La décision a suscité des condamnations vigoureuses : la Somalie parle d’« agression » et d’« attaque contre sa souveraineté » ; l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Égypte, la Turquie et Djibouti rejettent toute atteinte à l’intangibilité des frontières postcoloniales.
À court terme, ces réactions risquent d’accentuer les tensions régionales. À long terme, l’institutionnalisation d’un acteur stable peut cantonner les menaces, réduire l’imprévisibilité et limiter la contagion

Reconnaître pour stabiliser, malgré les frictions

Le débat sur le Somaliland est devenu systémique. La non-reconnaissance entretenait une zone grise au cœur d’un chokepoint mondial. La reconnaissance israélienne, pionnière et portée par Netanyahu et Gideon Saar, offre un levier de gouvernance aligné sur un intérêt global de stabilité logistique et maritime.

La question n’est plus seulement de confort diplomatique, mais de savoir si le système international peut se permettre de laisser indéfiniment sans statut clair un acteur stable situé au cœur d’un des points de passage les plus sensibles du monde.

© David Nataf pour Israel247.org

Inscription gratuite à la newsletter Israël 24/7
Quitter la version mobile