Pour en finir une bonne fois pour toute avec le mythe de « l’apartheid » israélien

L’Assemblée nationale examinera le 4 mai prochain une résolution, portée par l’extrême gauche et une grande partie de la NUPES, qui cherche à qualifier Israël « d’État apartheid ».

Cette accusation est une infamie qui ne s’applique pas à Israël, que ce soit dans ses frontières internationalement reconnues mais aussi en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, Israël n’étant ni en droit ni en fait, un état d’apartheid ou pratiquant l’apartheid à l’encontre de la population arabe israélienne et/ou palestinienne.

Face à ces calomnies et ces mensonges, qui alimentent la haine des Juifs et d’Israël, nous avons dressé́ une liste non exhaustive d’éléments factuels qui discréditent cette résolution scélérate et qui démontrent l’importance et l’urgence du rejet massif de ce texte.

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1/ L’apartheid est un régime de ségrégation systématique et institutionnalisée mis en place en Afrique du Sud entre 1948 et 1991 par la minorité blanche afrikaners à l’encontre de la majorité noire au nom de la supériorité de la « race blanche » sur la « race noire ». Il s’agit donc d’une réalité spécifique, ancrée dans une histoire et dans une géographie particulières.

L’assimilation calomnieuse de l’État d’Israël à ce régime détestable est factuellement erronée, moralement injuste et politiquement contre-productive.

2/ Cette accusation n’est pas nouvelle. Elle fait partie de l’arsenal idéologique antisioniste utilisé dès le début des années 60 par des nationalistes radicaux, nassériens et palestiniens, puis par l’ex-URSS et ses relais dans les ex-pays satellites. Elle est reprise aujourd’hui par la gauche radicale et par une nébuleuse d’organisations anti-israéliennes.

3/ Ce stéréotype accusatoire ne relève en rien de la critique légitime de la politique d’Israël puisque ce qui est visé ici, ce n’est pas ce que Israël fait mais ce que Israël est. Il n’est dès lors pas étonnant que le projet de résolution estime dans son exposé des motifs que depuis « la création de l’État d’Israël en 1948, les gouvernements israéliens successifs mènent une politique visant à instituer et à entretenir une hégémonie démographique juive et à amplifier son contrôle sur le territoire au bénéfice des juifs israéliens ». Cette assertion ignore superbement et à dessin la distinction spatiale et juridique entre Israël dans ses frontières internationalement reconnues d’une part et la Cisjordanie et la Bande de Gaza d’autre part.

4/ L’apartheid était un régime structurellement raciste. L’amalgame Israël/Apartheid porte donc l’accusation de racisme contre l’État juif. Le racisme n’étant pas une opinion mais un délit punissable par la loi, cette accusation vise par conséquent à criminaliser l’État d’Israël afin de saper sa légitimité morale et juridique.

Le combat contre le racisme est un combat noble et nécessaire. L’amalgame Israël/Apartheid contribue à le dévoyer. Cette rhétorique outrancière vise à mettre Israël au ban des nations afin de l’affaiblir sur le plan diplomatique, économique et politique.

5/ C’est d’ailleurs précisément ce que propose le projet de résolution dans son unique article puisqu’il appelle le gouvernement français à reconnaître la « légalité de l’appel au boycott des produits israéliens » alors que la Cour de cassation a jugé que « l’appel citoyen » au boycott des produits israéliens constitue « une infraction pénale de provocation à la discriminationfondée sur l’appartenance à une nation ».

Notons au passage que là encore, le projet de résolution ne fait aucun distinguo entre les produits israéliens fabriqués dans ses frontières internationalement reconnues et ceux fabriqués en Cisjordanie, ce qui démontre encore une fois que ce qui est visé ce n’est pas telle ou telle politique menée par ce pays mais bien son existence même en tant qu’état-nation incarnant légitimement les aspirations du peuple juif à l’auto-détermination.

6/ Le projet de résolution cite et soutient par ailleurs la campagne anti-israélienne et antisioniste du BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions). Rappelons à ce titre que son fondateur et leader, M. Omar Barghouti, prône une solution à un seul état, compare régulièrement les Israéliens à des nazis et a déclaré dans une interview au Gazan Voice Podcast que si le but de son organisation était un jour atteint, Israël cesserait d’exister.

7/ La charte du BDS, tout comme l’actuel projet de résolution, exigent le retour sans conditions des réfugiés palestiniens… en Israël et non dans le futur état palestinien. Sous les artifices rhétoriques d’une action légale et pacifique, cette revendication révèle la véritable intention des promoteurs du boycott et de leurs soutiens, car si ce retour en masse se produisait un jour, il rendrait les juifs d’Israël minoritaires dans l’État qu’ils ont créé et dont l’ONU a reconnu le droit à l’existence. Cette exigence exorbitante, par ailleurs sans fondement en droit international, revient à sommer les juifs de liquider ce qu’ils ont créé à la sueur de leur front, dans le sang et les larmes, alors qu’un tiers de la population de l’État juif était constituée en 1949 de survivants de la Shoah.

8/ L’amalgame Israël/Apartheid constitue également une forme de révisionnisme historique. Frederik Willem de Klerk, l’ancien président sud-africain qui obtenu avec Nelson Mandela le prix Nobel de la paix pour avoir mis un terme à l’apartheid, a rejeté à maintes reprises cette fausse analogie historique et qualifié cet amalgame « d’injuste » et « faux ».

Comme le souligne par ailleurs et à juste titre le chercheur sud-africain et spécialiste de l’apartheid Vuyolwethu Mkhuseli Xulu, utiliser le vocable d’apartheid à propos d’Israël revient à fouler aux pieds la mémoire des victimes du régime afrikaner et à relativiser les crimes contre l’humanité commis par ce dernier contre la majorité noire pendant la période la plus sombre de l’histoire de l’Afrique du Sud. Ce travestissement de l’histoire est insupportable.

9/ Cette accusation portée par le projet de résolution n°1082 est d’autant plus absurde qu’elle s’appuie sur une définition de l’apartheid qui n’a aucune valeur juridique en droit international et par ailleurs ne correspond en rien à la réalité institutionnelle, politique et sociétale d’Israël.

Parmi les deux principaux critères qui définissent l’apartheid selon ce projet de résolution anti-israélien, les cosignataires ont retenu l’existence d’un « régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématique d’un groupe ethnique par un autre » et « l’intention de maintenir ce régime ». Ces deux critères ne s’appliquent pas à Israël, que ce soit dans ses frontières internationalement reconnues mais aussi en Cisjordanie, Israël n’étant ni en droit ni en fait, un état d’apartheid ou pratiquant l’apartheid à l’encontre de la population arabe israélienne et/ou palestinienne.

10/ Israël est un pays d’environ 10 millions d’habitants. Les Juifs représentent 73, 5% de la population, les Arabes environ 21%. Tous les citoyens d’Israël sont libres et égaux en droit, quelle que soit leur appartenance ethnique et/ou religieuse. Or l’apartheid c’est tout à fait l’inverse. C’est un système foncièrement liberticide et inégalitaire où le pouvoir est aux mains d’une minorité blanche (10% de la population sud-africaine) laquelle contraint et discrimine structurellement une majorité noire (90% de la population sud-africaine) privée des droits les plus fondamentaux.

11/ Israël est une démocratie parlementaire dont le système électoral à la proportionnelle intégrale permet à la minorité arabe d’être représentée à la Knesset dans toutes ses sensibilités et composantes (communiste, islamique et nationaliste). Or il ne saurait y avoir d’apartheid là où règne le suffrage universel. L’apartheid est en effet un régime fondamentalement anti-démocratique qui déniait aux noirs sud-africains jusqu’au droit de vote.

12/ Les Arabes israéliens disposent quant à eux des mêmes droits civils et politiques (droit de vote, liberté d’expression, d’association, liberté de culte…) que leurs concitoyens juifs et ce, depuis la création d’Israël en 1948.

Ils sont actuellement représentés par deux partis arabes à la Knesset. Un parti arabe – le parti Raam de Mansour Abbas – a notamment fait partie de la précédente coalition gouvernementale en 2021.

13/ Il existe incontestablement des inégalités économiques et sociales entre citoyens juifs et arabes d’Israël (et également d’ailleurs à l’intérieur des différentes communautés) mais elles ne sont en aucun cas imputables à une politique « systématique de ségrégation raciale » ou de « racisme institutionnalisé ». Cette situation s’apparente d’ailleurs à celle de nombreuses communautés minoritaires vivant dans les pays occidentaux dont personne ne songerait à remettre en cause le caractère démocratique.

14/ Ces inégalités sont d’ailleurs en net recul. Les indicateurs socio-économiques de la communauté arabe israélienne progressent de façon spectaculaire et comptent parmi les meilleurs du Moyen-Orient, notamment en termes de niveaux de vie et d’éducation. Une bourgeoisie et une classe moyenne arabe israélienne ont ainsi émergé. Les Arabes israéliens sont désormais juges à la cour suprême, diplomates, entrepreneurs, avocats, députés, professeurs, médecins, chefs de service hospitaliers, journalistes… Jamais un Noir dans l’Afrique du Sud de l’apartheid n’aurait pu accéder à de telles responsabilités.

15/ Alors que le régime sud-africain afrikaner appliquait une séparation stricte et généralisée entre Noirs et Blancs dans l’espace public et dans tous les domaines de la vie sociale, l’espace public et privé est mixte en Israël. Aucune séparation institutionnalisée n’existe entre Juifs et Arabes. Il n’y a pas de plages, d’hôpitaux, de jardins publics, de maternités, de théâtres ou d’amphithéâtres d’université réservés aux uns ou aux autres en fonction de critères raciaux, ethniques ou religieux. Il suffit de se promener dans ces lieux ou tout simplement dans les rues du pays pour le constater et mesurer l’énormité de cette accusation qui relève de la pure diffamation.

16/ Israël ne pratique pas plus une politique d’apartheid en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ces deux territoires ont été conquis par Israël à la suite de la guerre des Six Jours, une guerre défensive et préventive qui est la conséquence de l’agression fomentée par 4 pays arabes dont les armées ont encerclé l’État juif et les dirigeants appelés publiquement à sa destruction.

17/ Le statut juridique de ces territoires a évolué à la suite de l’entrée en vigueur en 1993 des accords d’Oslo puis au terme de l’accord intérimaire signé en 1995 entre Israël et l’Autorité palestinienne (accord dit d’« Oslo II »). La Cisjordanie a notamment été divisée entre trois zones : A, B, C. Or l’écrasante majorité des Palestiniens vivent en zones A et B lesquelles s’étendent sur environ 40% du territoire cisjordanien. Ces territoires sont administrés par l’autorité palestinienne (AP), crée en 1994 à la suite des accords d’Oslo. Les Palestiniens y disposent de droits civils, économiques et politiques puisqu’ils peuvent élire leurs députés au Conseil législatif lequel fait office de parlement des territoires palestiniens administrés par l’AP. Ils peuvent également élire le Président de l’Autorité palestinienne qui fait office de pouvoir exécutif. Cette situation ne ressemble donc ni de près ni de loin à l’apartheid qui déniait à la majorité noire sud-africaine le moindre droit social, économique et politique. S’agissant de la zone C, elle est sous contrôle civile et militaire israélien et fait partie du territoire cisjordanien (Judée-Samarie) qui doit faire l’objet d’une négociation en vue d’un accord final conformément aux accords d’Oslo.

18/ Le mouvement sioniste puis les gouvernements successifs d’Israël – de droite, du centre comme de la gauche – ont manifesté de façon répétée une volonté claire de trouver une issue négociée et pacifique au conflit israélo-arabe puis israélo-palestinien, en proposant et en acceptant à plusieurs reprises des solutions de compromis historiques fondées sur le principe de « la terre contre la paix ».

19/ Ce fut le cas en 1937 et en 1947 avec les plans de partage britannique et onusien de la Palestine acceptés par le leadership sioniste mais rejetés par les leaders arabes et palestiniens. Ce fut le cas à nouveau en 1967, mais aussi en 2000, 2001, 2007, 2008, 2014 et en 2020. Les dirigeants israéliens d’alors ont accepté la création d’un État palestinien sur la quasi-totalité de la Cisjordanie et de la bande de Gaza avec une capitale de l’état de Palestine établie dans les quartiers arabes de la partie orientale de la ville de Jérusalem. Les dirigeants palestiniens – Yasser Arafat comme Mahmoud Abbas – ont refusé ces solutions de compromis sans jamais présenter de véritables contre-propositions.

20/ Israël a donc démontré, dans les discours comme dans les faits, qu’il ne souhaitait pas maintenir ad vitam aeternam son emprise sur les territoires de Cisjordanie et de la bande de Gaza, à la condition d’obtenir, en échange de ces concessions territoriales, des garanties en matière de sécurité et la reconnaissance de l’existence et de la légitimité de l’État d’Israël comme État-nation du peuple juif.

Par ailleurs, Israël s’est retiré à plusieurs reprises de territoires conquis à la suite de la guerre des Six Jours, territoires dont la superficie est plusieurs fois supérieure à celle de l’État juif dans ses frontières internationalement reconnues. Israël a notamment rétrocédé la péninsule sinaïtique, le Sud-Liban et s’est retiré de la bande de Gaza et du Nord de la Cisjordanie. Ces retraits territoriaux démontrent l’inanité de la rhétorique de l’« intransigeance » israélienne et témoigne de l’absence de volonté « d’imposer » et de « maintenir » un régime « d’oppression systématique ».

21/ Enfin, notons que le conflit qui se déroule en Cisjordanie met aux prises deux nationalismes, israélien et palestinien, dont les revendications sont contradictoires. Ce conflit ne repose en rien sur une doctrine de la supériorité de la « race » ou d’une « ethnie » sur l’autre. Il s’agit d’un conflit territorial et politique (conséquence du rejet arabe de la résolution de partage 181 et du déclenchement de la guerre pour « détruire Israël et jeter les Juifs à la mer ») qui peut et doit trouver une issue pacifique via une négociation sincère et des concessions réciproques entre les parties. Si ce conflit résultait d’une discrimination raciale ou ethnique systématique, comment expliquer alors qu’elle ne s’applique pas aux deux millions d’Arabes détenteurs de la citoyenneté israélienne résidant dans les frontières internationalement reconnues d’Israël ?

22/ Avec certains ministres de l’actuelle coalition israélienne, nombreux sont ceux qui ne partagent ni les mêmes valeurs, ni les méthodes, ni les objectifs. Mais Israël est une authentique démocratie (sans équivalent dans le monde arabe et certainement pas dans la société palestinienne) et le mouvement de protestation civique massif contre la refonte du système judicaire en fournit l’éclatante démonstration, illustrant au passage le caractère totalement intempestif et absurde du présent projet de résolution.

23/ La politique d’Israël, quelle que soit la coalition au pouvoir et le Premier ministre à sa tête, est légitimement critiquable. Les Israéliens ne s’en privent d’ailleurs pas. Pour autant, elle ne peut être assimilée à une politique d’apartheid. Constater cette différence de nature entre la politique d’Israël et celle du régime afrikaner ne revient pas à légitimer la première mais à s’en tenir à la réalité qui est particulièrement complexe dans cette région du monde. Or on ne traite pas des réalités complexes en usant de comparaisons outrancières et réductrices. Face à la double montée des populismes en France et en Europe et la radicalisation du discours et de l’action politique, les nuances sont plus importantes que jamais, a fortiori eu égard à ce conflit qui fait l’objet d’instrumentalisations politiques grossières qui ne font pas avancer d’un millimètre la cause de la paix. Bien au contraire !

24/ En effet, en plus d’être mensongère, cette qualification infamante d’apartheid israélien est, politiquement, totalement contre-productive et malvenue. Loin de rapprocher les parties au conflit d’une solution à deux états, elle contribue au contraire à les en éloigner.

En stigmatisant et en diabolisant Israël tout en exonérant le leadership palestinien de toute responsabilité dans les échecs des processus de paix successifs tout comme dans l’impasse actuelle, la rhétorique assimilant Israël à l’apartheid ne fait qu’aggraver la querelle israélo-palestinienne, attiser inutilement les tensions et in fine, éloigner toute perspective de solution négociée entre Israéliens et Palestiniens.

Le conflit israélo-palestinien ne pourra s’achever que par un compromis territorial qui s’inscrira dans le processus de normalisation et de réconciliation en cours.

25/ La rhétorique mensongère de cette résolution est moralement condamnable à deux autres titres :

26/ Dès lors, comment ne pas voir derrière cet énième projet de résolution anti-israélienne une basse opération de clientélisme électoral pratiqué par une gauche radicalisée qui a perdu toute boussole morale et se montre prête à souffler sur les braises de la division et de la haine pour séduire un électorat qu’elle croit pouvoir fidéliser en diabolisant et en criminalisant Israël.

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Voilà pourquoi il faut dire NON à cette résolution qui n’a comme seul objectif que de délégitimer Israël, instrumentaliser la haine des Juifs et affaiblir la République en portant au cœur de la démocratie, à l’Assemblée nationale, le mensonge, la manipulation et le chaos au seul bénéfice des extrémistes, des radicaux et des populistes.

Cet article a été conçu et publié par l’organisation Elnet.
Source : https://elnetwork.fr/analyse/pour-comprendre-ce-qui-se-cache-derriere-laccusation-infamante-dapartheid-contre-israel/



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